Taxons le porc, les bananes et les beaux-gosses
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Ah ! François Hollande président. La solidarité, l’amitié, le vivre-ensemble triompheront des cures d’austérité. Tu parles…Pour résoudre la crise, selon un économiste japonais, il faut faire cracher les beaux-gosses. Et rien que pour ça, un petit tour des étalons de la beauté masculine en Europe s’imposait.
Il fallait bien qu’en ces temps d’austérité, il émane quelque chose de gai. C’est chose faite depuis que l’économiste japonais, Takuro Morinaga, a proposé de majorer l’impôt des beaux-gosses et de diminuer celui des moches. Pour le dire vite, Morinaga se plaint de la toute-puissance des célibataires aux physiques avantageux du Japon qui, en plus d’être riches, se tapent toutes les nanas du pays. Le phénomène est devenu tellement important qu’a émergé un terme : les « ikemen » - contraction de « iketaru » (« cool », « attirant » en japonais) et de « men ». Soit les beaux-gosses, les hommes modernes vers qui se ruent les jeunes filles en fleurs.
On ne va pas épiloguer sur les théories de l’économiste – vous l’aurez compris, le buzz a fait 3 jours sur Twitter mais ça ne va pas non plus révolutionner le plan qu’a concocté Mario Draghi pour la zone euro. Une question demeure. Quel est l’équivalent du « beau gosse » (de l’ « ikemen », donc) chez nos voisin européens ? On commence avec les Allemands dont les métaphores stylistiques sont très loin de faire appel aux canons de beauté traditionnels. Saisissez-vous de l’ambiguïté : on dirait « geile Sau » (littéralement, « une cochonne attrayante ») ou « heißer Feger » (« un ballet chaud ») ou encore « Sahneschnitte » (« une tranche la crème »). Bon…
Et ce n’est pas fini. En Pologne aussi on se fout des images bien-pensantes relatives au beau. On préfère la bouffe. Quand une fille peut minauder en disant « ciacha » (des « cookies »), d’autres y vont franchement en appelant leur prince « banany » (« banane »). Effectivement… on peut s’interroger sur les intentions féminines polonaises mais l’expression a une histoire. La banane a toujours été un produit inaccessible en Pologne et obligeait donc les mecs à tremper dans d’obscurs trafics pour en obtenir. Chemin faisant, la banane a symbolisé le malin, le débrouillard, le mec qui s’en sort quoi. Bref, vous avez là, grosso modo, l’équivalent d’un « t’es à croquer » en polonais.
Quoi qu’il en soit, si les Espagnols et les Italiens sont un peu avares question imagination à l’attention de leurs beaux gosses (« tios buenos » et « figo »), preuve en est que notre économiste japonais n’est pas trop à côté de la plaque. Parce que si l’on se met à taxer le porc et les bananes, ça fera un sacré paquet de pognon non ?
Zeichnung: © Henning Studte