Tamayo Valdés, chronique d’une mort annoncée
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Fernando GarciaCuba détient toujours le triste record du plus grand nombre de prisonniers politiques en Occident : en 2006, 283 dissidents restaient emprisonnés dans les geôles cubaines.
Miguel Tamayo Valdés est décédé d’une crise cardiaque le 10 janvier 2007, à l’âge de 50 ans. Fondateur du groupe d’opposition ‘Hermanos Fraternales por la Dignidad’ [Frères fraternels pour la dignité] qu’il présidait, il est le premier des 75 dissidents condamnés en 2003 à 28 ans de détention à mourir derrière les barreaux.
À l’époque, cette vague d’emprisonnements politiques avait provoqué un scandale sans précédent dans le monde entier : la Habane s’était alors vu imposer des sanctions par l’Union européenne, à la demande de l’ancien président espagnol, José María Aznar, et du Premier ministre italien, Silvio Berlusconi.
Mais trois ans plus tard, Elizardo Sánchez, le leader de la Commission cubaine des droits de l’Homme et de la réconciliation nationale (CCDHRN), -une ONG considérée jugée illégale par les autorités- dénonce toujours « la nouvelle stratégie répressive adoptée par le gouvernement qui consiste à recourir à la détention de courte durée pour réduire les dissidents au silence ou à tout autre moyen d’intimidation -perquisition du domicile, confiscation des biens, licenciement, actes dits de répudiation, harcèlement- ».
Un agent au service de l’impérialisme nord-américain
C’est de ce type de persécution qu’a souffert Tamayo Valdés tout au long des derniers mois de sa vie. Avant d’être incarcéré, ce réparateur de télévision né à Párraga, l’un des quartiers les plus pauvres de La Havane, avait déjà fait deux infarctus. Les pressions du régime sont venues s’ajouter à des troubles cardiaques devenus chroniques par manque de soins.
« Ils ne me donnent pas les médicaments que tu m’envoies. Aucun médecin ne vient jamais prendre ma pression artérielle. Nous sommes huit dans une cellule de six mètres sur trois en plus d’une douche et d’un lavabo […]. Je n’ai vu le curé qu’une seule fois depuis mon arrivée. Il n’y a qu’un téléphone pour 600 détenus », confiait-il dans une lettre adressée depuis la prison à sa femme. Sans compter le harcèlement psychologique constant imposé aux priosnniers. « Nous n’avons droit qu’à une heure de promenade par jour dans la cour », écrivait-il encore.
Au fil de sa détention, la maladie de Tamayo Valdés s’est peu à peu aggravée, sans qu’il ne lui soit jamais apporté les soins nécessaires. Pourtant, le prisonnier aurait bénéficié d’une mesure de libération conditionnelle pour raison de santé en juin 2004, près d’un an après son incarcération. « Le gouvernement cubain ne veut surtout pas que s’éteigne en détention », s’était alors réjoui Elizardo Sanchez.
Après sa libération, Valdès subit l’opprobre publique : ses voisins le traitent de «moins-que-rien », de « sale mercenaire au service du gouvernement américain » et il reçoit de nombreuses menaces l’incitant à quitter le quartier. Selon des informations de l’Assemblée pour la promotion de la société civile (ASPC), au cours du seul mois d’octobre 2006, la police cubaine l’arrête à six reprises, allant jusqu’à lui confisquer ses papiers et son argent.
A cette époque, Tamayo Valdés finit par se rendre à l’ambassade de Hollande puis des États-Unis pour obtenir un visa et avoir enfin la possibilité de se faire soigner à l’étranger. Et rejoindre toute sa famille qui, à l’exception de sa femme, vit déjà en exil. Mais les autorités cubaines ne lui donnent pas l’aurisation de quitter le pays à temps et Valdès meurt en janvier dans un hôpital sordide réservé aux détenus. Avec pour seule compagnie, ses « 25 pilules quotidiennes. »
De nouvelles morts annoncées
Elizardo Sánchez et Osvaldo Payá, instigateurs du ’Projet Varela’ en faveur de la démocratisation à Cuba et lauréate du Prix Sakharov [décerné chaque année pour un combat en faveur des droits de l’homme par Parlement européen] ont depuis appelé la communauté internationale « à ne pas se laisser gagner par l’inertie » et à ne jamais baisser la garde devant « les tentatives de maintien du totalitarisme ».
En attendant, l’épouse du dissident Héctor Maseda qui purge actuellement une peine de 20 ans de réclusion, a lancé un appel à l’opinion publique internationale : « Tamayo Valdés est mort le premier, mais hélas, d’autres sont également en très mauvaise santé et leurs jours sont comptés ».
Translated from Tamayo Valdés: Crónica de una muerte cubana