T2 Trainspotting : une suite bien perchée
Published on
Translation by:
Adrien SouchetTourner la seconde partie d'un film aussi mythique que Trainspotting n'est pas chose aisée. Au-delà de tout sentimentalisme, le dernier film de Danny Boyle est à la hauteur des attentes. Les deux décennies qui séparent les deux films permettent de poser un regard différent sur les personnages.
La suite de Trainspotting a été annoncée il y a quelque temps mais 20 années se sont déjà écoulées depuis la sortie de cette comédie noire sur les héroïnomanes d'Edimbourg. J'ai moi aussi eu la chair de poule lorsque j'ai vu la première bande-annonce de 46 secondes de cette suite. J'ai tout de suite pensé qu'elle serait, comme toutes les autres, un moyen de faire de l'argent. Et pourtant, quelques mois plus tard, une autre bande-annonce plus longue est sortie. Les images et références à l'original m'ont finalement convaincu d'aller au cinéma.
Depuis la nuit des temps, nous voyons trop de suites qui reprennent le schéma des films précédents, en partant du postulat que si cela a plu une fois aux spectateurs, c'est une raison suffisante pour leur servir une deuxième fois le même plat (oui Marvel, je parle bien de toi). Il est vrai que les personnages nous sont déjà familiers et que nous les apprécions. Nous savons à quoi nous attendre et, au final, nous passons un moment agréable en regardant ce genre de films. Toutefois, ces deuxièmes volets laissent toujours une sensation d'inachevé et donnent souvent l'impression d'avoir à payer deux fois pour regarder la même chose.
D'une certaine façon, T2 Trainspotting pourrait provoquer le même sentiment. Nous retrouvons beaucoup de références au film original : des scènes, plans et dialogues qui ont été, en grande partie, incorporés afin d'insuffler un sentiment de nostalgie vis à vis de la version du film réalisée il y a 20 ans. Et pourtant, nous découvrons quelque chose en plus. Ce quelque chose qui fait que T2 Trainspotting fonctionne. Chacune des références s'exprime avec ses nuances et fait ressortir le changement vécu par le personnage en question.
Le meilleur exemple de cette évolution serait le classique monologue de Mark Renton, Choose life. Dans Trainspotting, le narrateur est un jeune de vingt ans qui porte un regard dédaigneux sur les gens normaux et leur existence vide et ennuyeuse. Peu ou prou les paroles d'un jeune qui se pique à l'héroïne pour échapper à la normalité. Dans T2 Trainspotting, le même monologue ressurgit, quoiqu'adapté aux temps qui courent. Cette fois-ci, le dédain surgit des entrailles de cette société qu'il critiquait jadis. Renton est maintenant un adulte mature, qui fait finalement partie de cet environnement ennuyeux. Il est devenu un homme déçu dont la vie s'est étiolée et se sent désormais à la fois seul et effrayé.
Dans cette suite de Trainspotting, diverses situations similaires apparaissent. D'un côté, nous retrouvons certaines références à l'original, et, d'un autre côté, quelques nouveaux personnages, qui ont évolué au cours du temps, sont mis en avant. A priori adultes, chacun revient sur son histoire personnelle mais, en fin de compte, ils continuent tous à être la même bande de camés niais que nous avons connue dans la seconde moitié des années 90. Malgré tout, chacun a une importance vitale dans cette histoire.
Par chance, T2 Trainspotting n'est pas qu'un voyage teinté de nostalgie. Il est vrai que le contexte est similaire à celui du premier film, plein de situations absurdes, parfois drôle et parfois même émouvant. Pourtant, c'est aussi une histoire fraîche et complètement nouvelle, bien que les visages qui apparaissent à l'écran nous soient familiers. Les drogues sont passées au second plan car les priorités des personnages ont changé.
Autre aspect intéressant de T2 Trainspotting, son réalisateur ne s'est pas défilé au moment du montage. Certaines coupes traditionnelles ont été effectuées, laissant place à une composition aussi intéressante que chaotique. Beaucoup de scènes s'avèrent surréalistes, atypiques et, malgré leur caractère périlleux, font que le film est unique en son genre. À l'heure actuelle, il est difficile de dire si l'une d'entre elles fera partie intégrante du film comme cela a été le cas pour celle du plongeon dans les pires chiottes de l'Écosse ou du bébé qui marche à quatre pattes au plafond. Dans cette suite, bien d'autres scènes feront parler d'elles.
Il ne faut pas non plus oublier la musique. Malgré les chansons éclectiques, intéressantes et bien adaptées aux scènes, certains se sentiront déçus par cette bande son qui n'est pas à la hauteur de celle du premier film. Il n'empêche, malgré de fortes attentes, le film peut compter sur une intrigue à laquelle s'accrocher et sur des personnages emblématiques, ce qui, ajouté à quelques scènes insolites et surprenantes, vaudra le coup de payer une place de ciné.
___
T2 Trainspotting sort en salle le 1er mars 2017.
Translated from T2 Trainspotting – sequel, który ma sens