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Syrie-UE : repartir à 0

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Default profile picture Prune Antoine

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La stratégie de la carotte et du bâton peut-elle fonctionner avec la Syrie, le seul de ses partenaires Euromed avec qui Bruxelles n'a pas signé d’accord d’association ?

Ingérences au Liban, menaces sur les droits de l’homme et appui au Hezbollah… Trois épines qui empoisonnent les rapports de Bruxelles avec la Syrie, expliquant pour l’instant le jugement européen plutôt sévère à l’égard de Damas. Le rapport rédigé par l’eurodéputée Véronique De Keyser et la Résolution du Parlement de Strasbourg adoptée le 26 octobre dernier, l’ont énoncé clairement : le moment d’un Accord d’association avec la Syrie n’est pas encore venu.

Néanmoins, la signature d’un tel accord s’inscrit dans une perspective ambitieuse, celle de « donner une impulsion décisive aux réformes politiques, économiques et sociales ». Et ainsi ancrer Damas en Europe.

2 millions d’euros pour la société civile syrienne

La Syrie est le seul des neufs pays de la rive méditerranée membres du processus de Barcelone avec lequel l’UE n’a signé aucun accord d’association. En 2004, des négociations tendues avec Damas aboutissait à l’élaboration d’un texte plus ou moins définitif, auquel le Conseil n’a jamais donné son feu vert. Depuis, la pluie de subventions n’a pas cessé et l’UE est resté un partenaire de poids dans l’économie syrienne.

En 2005, le programme MEDA accordait à la Syrie des millions d’euros afin d’appuyer le travail des associations à but non lucratif et favoriser le développement des petites et moyennes entreprises. L’idée ? Renforcer le rôle de la société civile dans le pays.

Dans le budget 2007-2013 de l’UE, la Syrie pourrait cette fois bénéficier des fonds prévus par l’Instrument européen de voisinage et d’association -inclus dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV)-, censés remplacer MEDA. La dotation pour les pays bénéficiaires s’élève à plus de 11 millions d’euros et une seule condition a été posée : « promouvoir la bonne gouvernance et un développement social et économique équitable.  »

L’administration publique en point de mire des aides

Parmi les activités subventionnées, il est possible de distinguer celles destinées à la formation de l’élite dirigeante et celles réservées à l’administration publique. Si ce type de programme ne peut produire de résultat tangible immédiat, ils fonctionnent à long terme. « Une administration publique efficace », explique t-on à Bruxelles, « aura des conséquences positives pour la concurrence comme pour la démocratisation du pays.  »

Un exemple ? Le projet financé par la Commission d’un consortium de trois partenaires, le grec Placet Sa, le français Bceom et l’italien Formez, devrait à partir de janvier 2007 aider à la modernisation des politiques économiques –en conseillant le ministère des Finances, de l’Economie et de la Planification- et préparer le « changement de mentalité » de la classe dirigeante syrienne. Un processus qui devrait normalement s’achever en avril 2008, centré sur la réorganisation des postes de direction et la structure des entreprises, l’optimisation des processus de travail et la gestion des ressources humaines. L’immense patrimoine culturel syrien est le premier domaine d’intervention retenu.

Alors qu’est-ce qui empêcherait finalement les Etats membres de l’UE de coopérer avec la Syrie ? « Dans le cas de l’Italie, les relations avec la Syrie ont mis du temps à se consolider et les récents accords, dont celui relatif à la protection des investissements, devraient conduire à une présence accrue des investisseurs italiens à Damas », explique Lucia Sanuccione, de Formez.

« Les relations économiques et culturelles entre les institutions italiennes et syriennes se sont renforcées et pourraient croître avec comme principales conséquence la pacification de la zone et la résolution des crises politiques de l’année 2006. »

Il est clair qu’avec les actuels doutes planant sur l’implication de Damas dans l’assassinat politique du politique libanais Pierre Gemayel, la situation est loin de se débloquer. Néanmoins, la visite à la fin décembre d’une délégation sénatoriale américaine encadrée par l’ancien candidat à la Maison Blanche, John Kerry, pourrait être le signe d’un prochain réchauffement des relations entre Syrie et Occident.

Entre temps, la commissaire autrichienne aux Relations extérieures de l’UE, Benita Ferrero Waldner, a exprimé clairement ses vues devant le Parlement européen en octobre dernier : « nous ne devons pas couper les ponts avec Damas.  » Le texte possible d’un futur accord d’association a suivi, en attente de la décision du Conseil européen.

Or, les récentes déclarations de Damas rendent plausible l’application de la résolution 1701 et la relance des négociations de paix avec Israël. Aujourd’hui, plus que jamais les actes sont nécessaires. Si Damas manifeste à présent sa volonté de dégeler la situation, il est possible que l’UE signe le fameux Accord d’association dans l’année qui s’ouvre.

SYRIE : le poids de l’UE en chiffres

259

Les millions d’euros concédés à la Syrie depuis 1995 dans le cadre du programme MEDA

580

Les millions d’euros prêtés par la Banque européenne d’investissements sur la même période

40%

Le pourcentage du commerce syrien avec l’UE qui reste le premier partenaire commercial de la Syrie

Une photogalerie de Syrie par notre correspondant Matthieu Baudier

Voir

Translated from Siria, stop & go dell’Ue