Jérémie Chomette n’est pas un baroudeur. Il ne voyage pas seulement pour le plaisir, mais en priorité pour se rendre utile. C’est un jeune homme engagé sur tous les fronts et plus particulièrement celui de l’Europe, son cheval de bataille.Un jeune homme de 24 ans à l’allure décontractée et au sourire avenant.
Depuis le mois d’août 2008, il occupe le poste de conseiller national et départemental (Puy-de-Dôme) de la jeunesse. Membre actif d’ ''études et chantiers'' depuis 2005, il en est devenu administrateur en mai 2008. On peut y ajouter son rôle de co-fondateur, puis de président et à présent de membre, de l’association d’éducation populaire « les yeux ouverts » basée à Billom.
A la découverte de l’autre et de soi
Certaines valeurs transmises par son univers familial lui sont chères, principalement le respect de l’autre et l’ouverture d’esprit. Jérémie voit les choses en grand, il ne s’arrête jamais, et il lui en faut toujours plus. Cette soif de découverte et ses envies d’engagements, il va les apprécier à force de nouvelles expériences et de rencontres.
En 2004, son Deug de Staps (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) terminé, Jérémie va prendre une décision qui va orienter son parcours. « ''C’était le moment de faire un break, de réfléchir à ce que je voulais faire à l’avenir'' » se souvient-il. L’envie de partir à l’étranger, pour découvrir de nouvelles cultures, vivre des aventures différentes et donner du sens à ses réalisations personnelles, lui trottait dans la tête depuis longtemps. Direction la Lituanie pour un Service volontaire européen (SVE). «'' J’ai choisi cette destination pour plusieurs raisons. Je voulais partir vers un endroit différent, méconnu. En tant qu’ancien pays de l’URSS, il m’attirait beaucoup, j’allais pouvoir poser sur lui un regard à la fois historique et actuel'' ». Au programme sur place : animation, aide aux devoirs et camps de vacances, pour des enfants de 6 à 16 ans d’un centre social en zone urbaine défavorisée.
Retour dans le Puy-de-Dôme. Sa participation, pendant trois semaines en août 2006, en tant qu’animateur sur un chantier international de jeunes à Volvic, avec des adolescents européens (belges, italiens, tchèques et slovaques) lui apporte une nouvelle expérience. Jérémie raconte que « ''le but de ce chantier était de faire rencontrer des jeunes internationaux avec la population locale dans une double démarche : à la fois de rapprochement entre les peuples et en même temps de réaliser un travail utile à la communauté en lien avec le thème de la protection de l’environnement : débroussailler un chemin de croix et une future aire de jeux.'' »
Expérience renouvelée en juillet 2007, mais cette fois-ci, en temps que directeur à Charensat. Les jeunes auront à charge pendant trois semaines de restaurer le four à pain du village pour le centre de développement durable.
Direction Tallin, en Estonie pour effectuer un séminaire d’une semaine en mai 2007 de formation d’animateur, soutenu par le « Programme Européen Jeunesse en Action ». Avec une vingtaine de jeunes européens, il sera question d’échanger autour « ''du volontariat et des adolescents'' ».
Un an plus tard, en août 2008, Jérémie va monter son premier échange de jeunes à Blanzat dans le Puy-de-Dôme. Ce n’est pas un hasard s’il invite la vingtaine d’ados (lituaniens, turcs, italiens, français et allemands) à monter un projet pour s’exprimer sur le thème du volontariat. Ces derniers choisissent de réaliser une pièce de théâtre qui sera présentée, à la fin du séjour, devant soixante jeunes européens, présents dans la région dans différents chantiers internationaux.
Jérémie se prend à rêver d’une Europe des valeurs, des valeurs humaines et non pas économiques. « ''Ça devrait être le sens de l’Europe : faire des rencontres interculturelles. C’est cette Europe qu’il faut faire vivre, une Europe sociale'' (...) ''quand on commence à rencontrer des personnes de diverses cultures, c’est difficile de s’arrêter après'' ».
L’éducation à l’altérité
Un projet d’envergure, « éducation à l’altérité » est envisagé par l’association « les yeux ouverts » en février 2007. Jérémie en est à l’initiative, il en deviendra le responsable. Six autres membres vont se joindre à lui pour le mettre en œuvre. Dès lors s’engage de nombreuses démarches : recherche de subventions, idée de parcours et voyage. Jérémie insiste sur le côté pédagogique du projet. « Le but était d’éduquer les enfants à l'altérité et à la rencontre. Il était clairement question de réussir à faire naître chez eux le désir de découverte, de montrer une autre façon de voyager et de vivre tout en donnant une image positive et objective de l'Europe centrale », précise Jérémie.
Au final, le petit groupe se verra octroyer une bourse de 4 500 euros du « Programme européen jeunesse en action » en tant qu’initiative transnationale de jeunes. Fait notable, il s’agit de la première bourse de ce genre attribuée à de jeunes auvergnats. Voilà donc nos sept compères, partis pour sillonner, un mois durant, les routes de cinq pays d’Europe de l’Est : Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie et Hongrie. Cette première étape du projet a pour objectif de collecter un maximum d’informations, par un travail, sur place, avec des organisations partenaires de ces pays. Ils se renseignent sur les cultures de ces différents pays, sur la vision de l’Europe que peuvent avoir leurs habitants, et sur les perspectives d’avenir qui s’offrent à eux. Jérémie rappelle que « ces différentes informations récoltées et regroupées sur différents supports (DVD, carnet de bord, interviews, photos), ont été utilisées comme base de départ pour un travail pédagogique dans trois école élémentaire du Puy-de-Dôme. Chacune a suivie une démarche différente, pour que tous leurs travaux soient finalement mis en commun à l’occasion d’expositions de fin de projet ». Le DVD réalisé à la suite du voyage n’attend plus qu’à être édité et diffusé.
La question turque
Premier pas posé sur le sol turc en juin 2007, pour animer un échange de jeunes toujours dans le cadre du « Programme européen jeunesse en action. Sur place, trente jeunes, quatre animateurs et sept nationalités européennes différentes (France, Italie, Espagne, Estonie, Lettonie, Turquie et Roumanie). Par le biais des « méthodes actives » : ateliers pédagogiques, théâtre, forum, arts plastique, ils évoqueront le thème des différents modes de vies de chacun dans son pays.
Retour en Turquie, mais pour trois mois désormais, de février à mai 2008. Dans le cadre de son master 2 « Sciences de la société », spécialité : conduite de projets à l’international, Jérémie vient effectuer un stage Léonardo (financement européen). Sur place, il montera plusieurs projets pour une ONG turque. « La Turquie fait partie des programmes européens en tant que candidate à l’entrée dans l’Union européenne ».
Plus récemment, en janvier 2009, le réseau « Youth CAN » (Cultural Action Network), voit le jour. C’est la première ONG internationale de jeunesse basée en Turquie. Jérémie a participé à la création, avec « études ET chantiers », de ce réseau international basé sur le dialogue interculturel. En son sein, on trouve de nombreux européens, notamment en provenance des Balkans.
Jérémie affectionne spécialement ce pays, « j’entretiens une relation particulière avec la Turquie. C’est un pays qui a une diversité culturelle, extrêmement enrichissante et qu’on ne soupçonne pas. Son histoire m’interroge. Je ne pense pas que la Turquie intégrera l’UE, de toute façon pas avant une vingtaine d’années au moins. L’Europe n’est pas prête et la Turquie non plus ».
Quand on le questionne sur son avenir, Jérémie reste modeste. Il ne sait pas vraiment ce qu’il veut faire, reste évasif. Pourtant, il est un des rares représentant de jeunes français engagés dans des institutions ouvertes sur l’Europe. Gageons qu’il poursuivra son cheminement. Preuve en est, il a de fortes chances d’être pressenti pour entrer au Forum européen de la jeunesse, dans les mois à venir.
Lisa Doisne, correspondante.