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Spot.us: l'info anar qui sauvera le journalisme ?

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CultureSociété

Seulement 11 % des lecteurs paient pour s’informer sur Internet et parmi les 89 % restants, 11 % se déclarent prêts à payer pour ce service dans les douze prochains mois. Des journalistes américains ont tout misé sur ce sondage en menant des enquêtes à la demande. Zoom sur Spot.us.

(©David Cohn)« Ce n'est pas cet arbre, mais mon pouvoir d'en disposer à ma guise, qui est ma propriété ». Prenez cette phrase de Max Stirner, disciple de Hegel qui au milieu du 19e siècle se rebella contre son maître au nom de l'individualisme anarchiste, remplacez « arbre » par « information », et vous aurez une idée de la révolution anarchiste que Spot.us a l'intention de lancer dans le monde de l'information. Ce site Web est le premier, dans le journalisme d'investigation, à être entièrement financé par la société civile. Son mécanisme est simple : les utilisateurs discutent en ligne et décident des sujets qu'ils aimeraient voir décortiqués par un groupe de journalistes impliqués dans le projet ; les journalistes donnent une estimation du coût probable de l'enquête, et ce n'est que lorsqu'ils ont réuni la somme prévue, à coups de petits financements (20 dollars en moyenne), qu'ils se mettent au travail.

Une info à la demande

« En un peu moins de 12 mois d'existence, nous avons récolté près de 45 000 dollars et mené à bien 40 enquêtes »

« Nous pouvons comparer Spot.us à un marché », explique David Cohn, son initiateur. « Rien à voir avec les autres systèmes où le journaliste ou l'éditeur sont comme des vendeurs qui peuvent décider de but en blanc de ne plus offrir tel ou tel produit. Chez nous, c'est la demande des clients qui détermine quand et comment va se constituer l'offre d'informations. En un peu moins de 12 mois d'existence, continue-t-il, nous avons récolté près de 45 000 dollars versés par des centaines de personnes, et ce uniquement à San Francisco, et nous avons mené à bien 40 enquêtes. » L'aventure de Spot.us, qui reçoit aussi un soutien financier de la part de la Fondation Knight, a démarré dans la baie de San Francisco, avec une orientation locale et fortement enracinée sur les besoins des personnes.

(©Stefano Cingolani)En Europe, rien n'existe encore qui puisse être assimilé au principe du « Crowdfunding journalism », mot à mot le journalisme financé par la base et, bien sûr, les doutes ne manquent pas sur sa pérennité : « Il est vrai que les besoins et les expériences naissent souvent d'en bas, concède Stefano Cingolani, éditorialiste au quotidien italien Il Foglio, mais le journalisme ne peut pas se limiter à être un journalisme ‘de proximité’. Je crois à la fonction des élites, à leur capacité à donner un sens à des faits et des informations qui autrement n'auraient pas de lien entre eux, je crois en leur capacité à fournir des perspectives visionnaires qui peuvent faire réfléchir et bouger les masses. Ce qui manque peut-être, dit-il pour conclure, c'est un vrai pluralisme de ces élites. »

Les idées de Cohn et de Spot.us sont diamétralement opposées : « Nous évoluons dans un contexte d'Etat minimal, plus proche de l'anarchie que de l'autoritarisme éditorial classique. » Comment le contredire ? Des décisions partagées, pas d'éditeurs, pas de publicité, pas de pressions abusives : si ce n'est pas de l'anarchie, ça !

Translated from Spot.us, l’anarco-informazione che salverà il giornalismo