Sommet européen : le menu des négociations beaucoup plus prévisible que celui du repas
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Par Charline Cauchie Les 27 chefs d’états sont à peine arrivés au 175, rue de la Loi qu’ils se mettent déjà à table. Le menu des négociations est connu depuis longtemps. Avant le commencement du sommet, les red lines, les conclusions préliminaires établies par Herman Van Rompuy, le président du Conseil, sont envoyées aux différentes délégations. Mais quelles valeurs ont ces conclusions ?
Avant même d’avoir lancé les dés, les jeux sont-ils déjà faits ? Il semble assez facile de cerner le menu des débats. Par contre, il a été beaucoup plus difficile d’obtenir celui du repas que dégustent en ce moment Angela Merkel, Nicolas Sarkozy et leurs vingt-cinq homologues.
« On ne peut pas divulguer le menu avant le début du repas, il va falloir attendre que le repas commence », nous informe-t-on au service de presse du Conseil. Impossible de savoir ce que mangent les chefs d’états européens, ne serait-ce que quelques minutes avant qu’ils se mettent à table ! Pourquoi tant de mystères sur la forme alors que, du côté du contenu, tout semble joué d’avance ?
L’issue du Conseil de ces jeudi 23 et vendredi 24 juin se trouve peut-être d’ores et déjà écrite dans ce document de douze pages envoyé par le Secrétariat général du Conseil aux différentes délégations des Etats membres. Rédigées par Herman Van Rompuy, le Président du Conseil européen, avec la collaboration (réelle ?) de José Manuel Barroso, le président de la Commission, et de Viktor Orbán, le représentant de la Présidence Hongroise du Conseil de l’UE, ces conclusions préliminaires semblent laisser peu de place aux négociations.
Un des éléments les plus intéressants de ces red lines touche à la question des migrations qui est à l’agenda du sommet. Le document préliminaire souligne le droit des Etats-membres de fermer de façon temporaire et exceptionnelle leurs frontières si cela leur semble nécessaire. Cette mesure est certes prévue par les Traités mais le fait qu’elle soit ici réaffirmée par Van Rompuy montre clairement que certains Etats membres pourraient la mettre en application dans le contexte actuel (celui d’une arrivée massive d’immigrés dans le Sud de l’Europe). Le document affirme également l’importance de mettre en place d'ici 2013 un système de surveillance des frontières efficient qui permettra aux Etats membres de maîtriser les flux migratoires irréguliers, ce qui insinue qu’actuellement les 27 n’ont pas une maîtrise suffisante de leurs frontières. Bien que ces conclusions ne soient, en théorie, qu'hypothétiques, Monsieur Barroso s'y oppose cependant déjà très fermement. Preuve supplémentaire de la valeur plutôt péremptoire du document émis par le président du Conseil avant même le début des débats.
Quant à la question des Roms, il est prévu que le Conseil adopte les Conclusions du Conseil de l’Emploi qui s’est tenu le 19 mai dernier. On peut donc prédire que rien de bien nouveau ne sera annoncé à ce sujet. La question des Roms est à l’agenda, il faut en parler mais c’est loin d’être la priorité de nos gouvernements.
A la fin du sommet, vendredi après-midi, nous saurons si les red lines rédigées par Van Rompuy ont été décisives ou non dans le déroulement des négociations. Pour l’heure, tout ce dont on est sûr, c'est que les 27 chefs d'Etats mangent ce soir des Noix de Saint-Jacques et des artichauts à la vinaigrette en guise d'entrée, du lieu noir accompagné de son confit d'oignons et de ses légumes verts en plat principal et des sablés au cacao et un sorbet à la fraise comme dessert. Voilà donc sans doute tarie la plus grande source de mystère des deux jours à venir.