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« Solidarité n’est pas synonyme de communisme »

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5 questions à Alain Philippe, Président de la Fondation MACIF, qui promeut l'économie sociale en France et en Europe.

Solidarité, démocratie, entraide. Voilà le credo de la Fondation MACIF qui œuvre pour encourager et mieux faire connaître l’économie sociale en France et au delà. Café babel a interrogé son Président, Alain Philippe sur le sens de l’économie sociale dans l'Europe d'aujourd'hui.

Qu’est-ce que l’économie sociale ?

Dans « économie sociale », il y a deux mots. Le premier, économie, n'est pas loin s'en faut un mot « vulgaire ». Il porte en lui l'ensemble des activités de notre collectivité humaine. Pour notre part, nous ne dédaignons pas lui associer la notion de « démarche entrepreneuriale ». Le second mot, social, est pour nous, un cap, une direction. Il fixe à l'économie un objectif différent de celui exprimé par d'autres concepts comme par exemple, « économie capitaliste » ou « économie libérale ».

L'ensemble formé par ces deux mots est riche de sens, dès lors que l'économie sociale s'attache au respect de grands principes et à la promotion de valeurs universelles, lesquelles, bien sûr, ne changent pas dès lors que l'on franchit les barrières frontalières des différents pays de l’Union européenne.

Vous êtes le Président d’une fondation française. Est-ce que pour autant l’économie sociale est une spécificité du pays des Lumières ? Quels sont les pays dans lesquels elle est le plus implantée ?

L'économie sociale, même si elle souffre en France d'un déficit d'image, y est particulièrement active. Elle est, il est vrai, plus présente dans notre pays et dans quelques autres pays situés plutôt au sud de l'Europe, que dans l'ensemble des 25 pays de l'Union. Parmi ces pays « actifs » il faut notamment évoquer l'Italie, l'Espagne, le Portugal, la Grèce, sans oublier, mais au nord de l'hexagone cette fois, la Belgique, le Luxembourg et la Suède.

Lorsqu’on parle d’alternatives au capitalisme, les Européens issus des pays de l’ancien bloc de l’Est se font méfiants : le spectre du communisme est toujours présent. Comment les rassurer ?

L'économie sociale ne relève pas d'une idéologie. Elle est fondée sur la solidarité et l'entraide. Le socle de son mode de gouvernance est la démocratie, et son activité est majoritairement marchande, même si son objectif n'est pas la lucrativité. Ainsi démocratie ne signifie pas collectivisme, et solidarité n'est pas synonyme de communisme. Il serait dommage que dans les pays de l'Europe centrale et orientale, le balancier parte, aujourd'hui, de l'autre côté de la médiane, et aussi loin qu'il était hier. L'économie sociale doit pouvoir faire la preuve qu'elle incarne cette ligne médiane, chère aux populations soucieuses de solidarité, de citoyenneté, de démocratie et à la recherche d'un mieux être quotidien.

Le statut de la coopérative européenne vient d’être approuvé par l’Union européenne, alors que le statut d’association est toujours en panne. Quel est l’enjeu de ces innovations législatives ? Quelles sont les possibilités qu’elles ouvrent aux Européens ?

Pour notre part, nous militons pour que dans les grandes familles de l'économie sociale, coopératives, mutuelles, associations et fondations, et tout du moins pour les trois qui n'en sont pas dotées, il y ait un statut européen. S'agissant des fondations, même si nos objets sociaux respectifs portent nos ambitions opérationnelles au-delà des limites de nos frontières nationales, il serait, tout d'abord, symboliquement important que notre structure juridique soit européenne et que siègent dans nos instances des ressortissants d'autres pays de l'Union et ce, dans le cadre de programmes d'action communautaires.

Ensuite, les enjeux économiques, sociaux, environnementaux, pour ne parler que de ceux là, se mesurent bien à l'aune de notre continent, si ce n'est même dans une acception plus grande encore. Il s'agit donc bien de réfléchir, de construire et d'agir, ensemble.

Quels sont les projets européens de la Fondation MACIF?

La Fondation MACIF est membre fondateur du Pôle Européen des Fondations de l'Économie Sociale. Actuellement, nous travaillons en Belgique, Espagne, France et Italie sur un projet dans le domaine des jeunes et des discriminations.