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Slovénie, une présidence venue de l’Est

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La Parisienne

Dans le petit monde européen, ce début d’année 2008 est à marquer d’une pierre blanche…et pour quelle raison me diriez-vous ? Car pour la première fois, un pays issu de l’élargissement à l’Est de 2004, prend la présidence de l’Union européenne. J’ai nommé : la Slovénie, petit pays de 2 millions d’habitants, bloqué entre l’Italie, l’Autriche et les Balkans.

Avant de parler de la Slovénie et de l’imaginaire qui entoure ses femmes, une question existentielle se pose : la présidence de l’Union européenne ça rime à quoi ?

C’est un système de direction tournante. Tous les six mois, un pays prend le relais d'un autre pour éviter les jalousies.

Le pays qui hérite de cet honneur préside les réunions du Conseil européen, du Conseil de l'Union et des comités et groupes de travail qui préparent les travaux du Conseil. Il représente le Conseil auprès des autres organes et institutions de l'UE. Il devient aussi le représentant de  l'UE au sein des organisations internationales et des pays tiers.

A lui aussi de définir les priorités de travail.

Et pour éviter que tous les six mois on change totalement d’orientations, les présidences successives travaillent ensembles. Les autorités slovènes sont donc en relation avec la France et la République Tchèque et avaient préparé leurs priorités en collaboration avec le Portugal.  

Que nous a réservé la Slovénie pour les six mois à venir ?

Traité de Lisbonne : faire ratifier le plus rapidement possible le nouveau traité européen par l'ensemble des membres de l'UE. Tous les pays ont prévu de le faire par voie parlementaire, hormis l'Irlande, qui est obligée par sa Constitution, d'organiser un référendum. Pour le moment, seule la Hongrie l'a fait. La France a prévu de le faire en février 2008. Croissance et emploi : relancer le processus de Lisbonne, qui doit faire l’économie européenne la plus compétitive du monde en 2010. Pour le moment c’est loin d’être le cas, car hormis des objectifs vagues, tout est laissé à la charge des Etats. Et certains ne semblent pas décidés à suivre la feuille de route, comme l’augmentation des budgets de la Recherche ou de l’enseignement supérieur. Energie et changement climatique : la Slovénie veut continuer les efforts de l’Union européenne en matière de protection de l’environnement. En janvier, une nouvelle stratégie devrait être adoptée. Et il ne faut pas oublier que les discussions internationales sont toujours en cours pour négocier l’après Kyoto (2012). Les Balkans occidentaux : la Slovénie est le pays frontière des Balkans occidentaux, là où ils commencent. Elle est elle-même issue de l'ancienne Yougoslavie. Cette région sera donc une priorité pour elle sur le plan international avec les négociations autour de l'indépendance du Kosovo et les processus d’élargissement de l’UE vers la Croatie que soutient fortement la Slovénie.

Le chouchou de la classe

La Slovénie est un pays qui sorti du communisme il y a 17 ans, a rejoint l'UE il  y a 4 ans, adopté l'euro en 2007 : un bulletin digne d'un premier de la classe. Son dynamisme économique pourrait faire des jaloux à l'Ouest. Une croissance en moyenne de 5% par an pour un taux de chômage à 4,4% et un PIB par habitant de 15 000 euros.

Seule ombre au tableau : un retour de l'inflation depuis un an. Certains y voient l'œuvre de l'adoption de l'euro, mais il semblerait que ce soit une des conséquences de la montée des prix du pétrole, des matières premières et d'un manque de concurrence dans les services.

Relations avec la France

Entre Paris et Liublijana n'ont jamais été une grande histoire d'amour, juste ce qu'il faut. Il est vrai qu'au moment du démembrement de la Yougoslavie, la France avait hésité avant de reconnaître l'indépendance de la Slovénie. Elle avait pourtant réussi à échapper aux guerres sanglantes entre 1991 et 1995, du fait de son éloignement de Belgrade et son unicité ethnique.

Durant sa présidence, elle va d'ailleurs recevoir l'aide de la France. Le Quai d'Orsay va mettre à disposition ses ambassades dans les pays où la Slovénie n'en a pas.

Slovquoi ?

Toutefois, un problème persiste pour la Slovénie sur le plan international. Son nom. Elle est en effet souvent confondue avec la Slovaquie.  Six cent kilos de courrier sont égarés entre les deux pays tous les ans...

Et petite anecdote... en 1999, G.W.Bush, alors gouverneur du Texas et futur candidat à la présidence américaine a déclaré à un journaliste slovaque : "Tout ce que je sais de la Slovaquie c'est ce que j'en ai appris directement de votre premier ministre qui est venu au Texas."—C'est à dire pas grand chose, puisque cette rencontre était en fait avec Janez Drnovsek, le  premier ministre de la Slovénie...

Et devinez qui prend la suite de la Slovénie au deuxième semestre 2008 ? La France bien sûr !

Jean-Sébastien Lefebvre