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Simon : l’appel à la tolérance d’un réalisateur

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L'ouverture d'esprit caractérise souvent les Pays-Bas. Peu surprenant dès lors, que le film hollandais Simon, nous emmène à la découverte de ces moeurs « libérées ».

Après avoir longtemps incarné l’image de la tolérance européenne, les Pays-Bas ont dernièrement fait la une en raison des troubles provoqués par les tensions raciales au sein du pays. Après l’assassinat du leader politique opposé à l’immigration, Pim Fortuyn, en 2002, la situation n’a fait qu’empirer, jusqu’à pousser le réalisateur hollandais Theo Van Gogh à tourner un film sur sa mort. Cependant ce film n’a jamais été achevé, le dernier court-métrage de Van Gogh ayant conduit à son propre meurtre. Le film, réalisé avec Ayaan Hirsi Ali, représentante politique et réfugiée somalienne, dénonce la tradition islamique à l’encontre des femmes. Ce meurtre n’a néanmoins pas dissuadé d’autres réalisateurs hollandais d’entrer audacieusement dans l’arène politique. Eddy Terstall, scénariste et réalisateur du film Simon, a annoncé récemment dans un quotidien national son intention d’abandonner le cinéma pour la politique. Qu’est-il arrivé à nos artistes non engagés?

Politiquement engagé

Selon Terstall, le monde est devenu plus difficile à vivre. Les attaques du 11 septembre 2001 ont changé la donne et la traditionnelle valeur hollandaise de tolérance a souffert de ce nouvel environnement. Cependant, malgré ses convictions politiques et sa colère contre le monde actuel, le film est plein d’humour typique d’Amsterdam, c’est-à-dire qu’il ne prend pas la vie trop au sérieux. Le film, qui a gagné quatre trophées au Festival du film des Pays-Bas de 2004, dont celui de meilleur réalisateur pour Eddy Terstall, raconte l’histoire d’un dentiste homosexuel et son amitié pour Simon, un dealer de hasch atteint d’un cancer en phase terminale.

Terstall a su réaliser un film qui traite humainement de sujets politiques difficiles. La question du mariage gay, devenu légal aux Pays-Bas en avril 2001, est abordée à travers l’histoire de Camel, le narrateur et personnage principal, qui épouse son petit-ami. Son expérience reflète la vie quotidienne des couples homosexuels en Hollande, qui ont maintenant les mêmes droits que les couples hétérosexuels, dont celui d’adoption. Dans le reste de l’Europe, seule la Belgique offre des droits comparables aux couples de même sexe et en Espagne, Zapatero tente de contrer l’opposition de l’Eglise catholique pour légaliser le mariage gay.

Les thèmes de la drogue et de la mort

La drogue est aussi au centre du film. Simon est gérant d’un coffee shop, où on ne sert pas du café, mais de l’herbe et du hasch. Il y a quelques années, la politique hollandaise de tolérance envers la drogue était montrée du doigt par toute l’Europe. Mais, à présent, de plus en plus de pays suivent l’exemple hollandais. Par exemple, la Catalogne, en Espagne, autorise la prescription par les médecins de marijuana. Dans le film, le lien entre santé et drogue se construit habilement à travers la propre lutte de Simon contre le cancer, et sa décision finale de profiter de la loi autorisant l’euthanasie votée en 2002. L’angoisse de devenir sénile et infirme décide Simon à choisir une mort « digne »; il arrête une date, dit adieu à sa famille et à ses amis et s’éteint.

Pas si lugubre

On s’attend à ce qu’un film traitant de tels sujets soit déprimant. Mais, malgré l'émotion qui en émance, le film reste en fait assez léger, et c'est d'ailleurs ce qui fait sa force. Le film ne cherche pas à provoquer, ni à faire naître le débat. Terstall présente ces questions comme faisant inéluctablement partie de la vie. L’amitié est au coeur du film, et non pas l’homosexualité, la drogue ou l’euthanasie. Cependant, les menaces pèsent sur les lois libérales hollandaises ont poussé un « bon vivant » comme Terstall à s’engager en politique.

Translated from ‘Simon’, a director’s call for tolerance