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Sidérurgie : le ras-le-bol gagne l'Europe

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Bruxelles

Sous l’égide d'IndustriAll, quelque 10 000 sidérurgistes de toute l'Europe étaient venus en masse ce mercredi pour exprimer leur colère face à des institutions dont ils se sentent délaissés. Cafébabel Bruxelles était avec eux lors de cette manifestation exceptionnelle. Faisons le point.  

Cafébabel Bruxelles, dans le cadre de son engagement pour l'emploi des jeunes, organisera mi-janiver un évènement sur l'industrialisation et la désindustrialisation en Belgique et à Bruxelles. On était donc aux côtés des manifestants. Et c'est vrai qu'il fallait être patient, ce mercredi 9 novembre au Parc du Cinquantenaire, braver le froid glacial et la pluie, pour voir ceux qui sont venus de toute l'Europe exprimer leur colère. « Pas d'Europe sans acier », tel était le slogan que les manifestants francophones avaient à bouche. L'objectif des sidérurgistes était clair : montrer aux institutions de l'UE leur ras-le-bol face à l'ineptie de celles-ci. Les syndicats voulaient des mesures claires et précises, permettant à la fois de préserver les emplois mais surtout de lutter contre le dumping de l'acier chinois sur le marché européen. 

Ok, mais c'est quoi le dumping ?

Le dumping, très grossièrement, consiste à vendre un produit étranger moins cher que ce même produit fabriqué localement. Pour la sidérurgie, le dumping consiste dans le fait que l'acier chinois est vendu à moindre coût que l'acier européen sur le territoire. Résultat : les emplois diminuent, et à terme, c'est tout l'avenir de la sidérurgie en Europe qui est menacée par cette manœuvre.

C'est à la veille d'une décision très attendue de la Commission sur la reconnaissance d'économie de marché envers la Chine que les sidérurgistes ont décidé de manifester. En effet, si cette décision va dans le sens de la reconnaissance, les barrières douanières aux produits importés de Chine seront alors en baisse, et des milliers, voir centaines, de milliers d'emplois seront menacés.

"Continuons tant que tout va mal"

Miguel Ángel Villalobos travaille pour une usine d'Acerinox de 2 400 employés, mais d'où dépendent 4 500 familles (de l'activité autour de cette usine, ndlr).  Également représentant du syndicat espagnol USO, pour lui « Vu que la Chine n'applique pas les mesures correctrices, ni environnementales, ni sociales et qu'elle ne signe aucun traité international de l'OIT, l'UE ne devrait pas reconnaitre ce pays comme marché libre. Le rôle de l'Union serait d'appliquer des droits de douanes dissuasifs ou de permettre à l'industrie européenne recevoir des aides ». À noter que l'Espagne emploie tout de même 5 000 personnes dans le secteur.

Lionel Dubus, Français, représentant le C.F.E - C.G.C d'Arcelor-Mittal, insiste surtout avec nous sur l'aspect éthique et environnemental : « On a une relation de confiance avec un fabricant qui est près de nous, c'est une question de bon sens, on sait que les emplois crées sont à proximité. De plus, on y gagne car on réduit les émissions de CO2 utilisées pour l'acheminement. L'Europe, dans ce domaine, est pionnière en terme de réduction de la pollution; nous sommes à l'optimal thermos-dynamique. L'acier chinois utilise deux fois plus de CO2 que notre acier; quelle est la logique de l'importer ? On a l'impression que les commissaires européens sont déconnectés de la réalité ».

L'inaction de la Commission 

La Commission s'est longtemps montré frileuse quant à la taxation des produits chinois tel que l'acier, avec des pénalités jugées insuffisantes selon tout les syndicats. Pour ceux-ci, l'UE doit s'inspirer des États-Unis, qui taxent jusqu'à 300% les produits chinois, afin de le rendre en situation de concurrence loyale avec les productions des industries locales. Certes, les critiques pourraient fustiger ces mesures de protectionnistes, mais entre le protectionnisme et le bon-sens, il n'y a qu'un pas, un pas qu'il serait temps de franchir.