Sexe, fraudes et primaire socialiste : les cartes à jouer
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C’est la fin. Enfin, la fin du début. Hier, en France, les douze coups de minuit ont sonné la clôture des dépôts de candidatures pour la primaire socialiste. Un jeune citoyen analyse l’impact de l’affaire DSK sur un raout politique qui n’est pas prêt d’être terminé.
Reviendra. Reviendra pas. Innocent. Coupable. La primaire socialiste a oscillé au rythme de l'affaire DSK, au point, parfois, d'occulter le match des deux chanceux, Hollande et Aubry, propulsés sur le perron de l'Elysée par les turpitudes de l'ancien favori déchu, un soir de débauche new-yorkaise. Mais, DSK sombrant corps et âme dans les abîmes de la justice américaine (et bientôt français ?), la bataille des secrétaires généraux a débuté.
Bourrage d'urnes et virginité retrouvée
« François Hollande n'a pas d'adversaires au PS ». On lui connaissait le sens de l'humour, la voilà avec celui de la formule. Martine Aubry est bel et bien lancée dans la course à l'investiture et, au-delà, à l'Élysée. Un palais dont les portes s'ouvrent, de sondage en sondage, un peu plus au candidat socialiste, quel qu'il soit. Pour la maire de Lille, tout est affaire de légitimité. Se retrouver candidate à la suite d'un dérapage incontrôlé du favori en manquait en effet cruellement... Martine, la candidate par défaut, veut reprendre la main, remonter son retard dans les sondages. En utilisant à fond le costume de secrétaire générale du parti. D'où ses sorties médiatiques sur l'amitié au sein du PS. Alors même que la guerre de tranchées guette du côté des Bouches-du-Rhône de Jean-Noël Guérini, soutien d'Aubry, et de la Saône-et-Loire de Arnaud Montebourg, soutien de lui-même et que la secrétaire actuelle et son prédécesseur se combattent par barons locaux interposés... Martine, garante du bon déroulement de la primaire ? Il y aurait presque de quoi en rire...
Car, la dernière fois que le PS a organisé des élections internes, les urnes, du côté de Lille, ont un peu surchauffé. Sans verser dans le royalisme, on pourrait presque lancer le mot « fraude électorale »... Mais, qu'à cela ne tienne, Ségolène a oublié, dit-elle, et Martine s'est refait une virginité... Elle respecte à la ligne près l'agenda de la primaire. Hollande s'est déclaré très tôt ? Valls et Montebourg également ? Qu'importe. Martine, elle, s'en tient aux règles. Le parti, c'est elle. Et non ses challengers. Une question d'héritage, et de légitimité, encore, pour la fille de Jacques Delors.
D'autant que sur ce point, son principal adversaire, qui était déjà celui de DSK, n'est pas sans atout. Hollande n'a rien d'un bleu (d'Auvergne ?), comme Valls et Montebourg, certes quadragénaire mais dépourvus de forts soutiens dans l'appareil. Ancien secrétaire général, il connaît les rouages et sait jouer local. Annonçant sa candidature à Tulle, dans son fief, le 31 mars dernier, l'aminci socialiste s'était entouré de figures choisis : des héritiers de Jospin et de... Delors. Battre la fille en jouant le père ? Pari osé...
Sans DSK, la primaire a perdu son caractère... secondaire
Mais une question, au cœur de la bataille subsiste : si « François Hollande n'a pas d'adversaires au PS », si tous les socialistes ont approuvé le programme du parti, si tout va bien dans le meilleur des mondes, pourquoi organiser une élection casse-gueule ? Évidemment, tant que DSK était assuré de l'emporter, le procédé n'avait que des avantages : ranger les militants derrière le candidat, se donner des allures de démocratie participative et surtout, tenir le groupe socialiste, déjà plus ou moins accordé, en ordre de marche derrière le leader désigné. Mais depuis... Il est des pulsions qu'on ne contrôle point et du fin fond d'une chambre, certes luxueuse, d'un hôtel new-yorkais, le grand favori, le messie, le successeur de Tonton, a tout fait foirer. Et, sans lui, la primaire a perdu son caractère... secondaire. Le troupeau, rangé de gré ou de force derrière lui, a commencé à se disperser, sans que l'on sache si, la primaire terminée, il sera capable de se rassembler...
Violeur ou non, coupable ou pas, l'affaire est louche et l'amourette que semblaient vivre l'opinion publique, l'électorat de gauche et DSK semble s'être transformée, au moins jusqu'à l'annonce du vainqueur, en mauvaise soirée tendance SM...
Photos : Une et Aubry à la piscine (cc) Webstern/flickr ; Parodie de Bandidads, blogcpolitic/flickr DSK les mains dans les poches (cc), FMI/flickr ; Vidéo BFMTV/Youtube