Seulement 1,7 % de surface agricole pour l’agriculture biologique en Pologne
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La Surface Agricole Utile (SAU), c'est-à-dire le territoire consacré à la production agricole, utilisée pour l'agriculture biologique en Pologne est très faible, de l’ordre de 1.7 %. Elle est loin derrière d’autres nouveaux entrants. En effet, en République Tchèque, ce chiffre s’élève jusqu’à 7.2 % (2008). Cependant, la montée du marché de produits biologiques en Pologne est en nette augmentation.
L'engouement polonais pour l'agriculture biologique a commencé au début des années 1980, sous l'influence d'une prise de conscience croissante de la nécessité d'encourager les pratiques agricoles respectueuses de l'environnement.
Le nombre d’exploitations certifiées a commencé très bas avec 27 exploitations en 1989, mais ce chiffre a rapidement augmenté passant à 3800 exploitations lors de l’entrée dans l’Union européenne, soit 85 000 hectares en agriculture biologique. Le nombre de ces exploitations continue de croître et les chercheurs sont optimistes, estimant à 15 000 le nombre d’exploitations d’agriculture biologique en 2010.
Le rôle de l'Allemagne dans cette nouvelle orientation n'est pas négligeable (série de conférences, soutien à la création de la première association d'agriculteurs biologiques). Par ailleurs, il est fréquemment affirmé que l'agriculture polonaise, n'ayant que faiblement recours aux intrants, a une orientation naturelle pour le "biologique". Caractérisée par une main-d’œuvre importante, elle est épargnée par nombre de problèmes écologiques qui ont conduit à engager la discussion sur la réforme de la politique agricole à l’intérieur de l’UE. L’utilisation réduite de produits chimiques caractérise l'agriculture polonaise. Par exemple, la consommation d’engrais minéraux sur les sols principalement moins fertiles, s’élève en moyenne à 97,8 kg/ha, soit un tiers de la consommation des Pays-Bas. L'utilisation de pesticides est environ sept fois plus basse que la moyenne de l'OCDE.
Cependant un véritable problème persiste. Même si la demande de reconversion des agriculteurs est là, la demande des consommateurs polonais quant à elle n’est pas réelle. Les prix des produits issus de l’agriculture biologique sont estimés de 20 à 30 % plus chers que les produits classiques. Le pouvoir d’achat en Pologne ne permet pas aux consommateurs de s’orienter vers ce type de productions. Par ailleurs, le consommateur, même s’il le peut, n’est pas prêt à débourser plus d’argent pour une alimentation plus saine.
Un autre problème à noter est le manque de gestion de cette production. Une étude réalisée fin 2003, démontre que 45 % de la fourniture totale de produits certifiés bio est commercialisée à la ferme et 27% des ventes est représenté par les petites supérettes spécialisées. Malheureusement, il est plus difficile de trouver des produits biologiques en grandes surfaces. Ceci est en grande partie dû à un éparpillement des productions et un manque de structures regroupant tous les produits certifiés biologiques. En conséquence, si l’on retrouve des produits biologiques chez les grands distributeurs ce sont en majorité des produits importés d’autres pays de l’UE où la filière bio est mieux organisée.
Il semblerait donc important de commencer par structurer toute la filière agricole biologique, et de mettre en place un véritable travail de sensibilisation auprès des consommateurs. Heureusement, on sent une volonté politique à suivre cette tendance. Les formations aux agriculteurs pour passer à l’agriculture biologique sont croissantes depuis l’entrée dans l’Union Européenne. Des conseillers agricoles sont qualifiés pour aider les agriculteurs. Par ailleurs un budget de 33 millions de zlotys (soit 7 300 000 d’euros), du second pilier de la PAC, a déjà été versé à la Pologne pour ce type de culture. En parallèle, le ministère de l’Agriculture polonais s’est engagé à participer au développement de l’agriculture biologique en fournissant une aide de 500 à 1100 zlotys selon la taille de l’exploitation. Ces financements vont permettre à la Pologne de développer de manière plus conséquente le nombre de certifications biologiques.