Schulz, l'Allemagne et l'Europe
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Caroline PequegnotMartin Schulz a été élu à l'unanimité à la tête du Parti social-démocrate allemand. Voici les reflets européens qui ont émergé de son discours de candidature lors du congrès du parti.
"Une Allemagne forte est indissociable d'une Europe forte", c'est le message que Martin Schulz a porté au centre de son discours de candidature à la tête du Parti social-démocrate (SPD) allemand lors de l'assemblée extraordinaire du parti qui s'est tenue dimanche. Le nouveau chef du SPD a été élu à l'unanimité par les délégués et dirigera la campagne électorale en vue des élections fédérales du 25 septembre.
Martin Schulz a choisi de reprendre deux positions clés de ses prédécesseurs : le refus de la guerre en Irak de Gerard Schröder alors chancelier et l'introduction du salaire minimum au cours de cette législature. Sa position claire contre la guerre en Irak a justement été le point que Martin Schultz a utilisé pour définir, en des termes très sommaires, sa politique par rapport au président américain, Donald Trump : la possibilité d'une résistance allemande aux prétentions américaines. Le ministre des affaires étrangères, Sigmar Gabriel, a listé à l'assemblée les lourds sacrifices en termes de dépenses sociales qu'il coûterait à l'Allemagne pour atteindre l'objectif de l'OTAN des deux pourcents du produit intérieur brut, sur lequel Trump insiste tant.
Lors de leur intervention, tous les orateurs ont vivement critiqué le président américain présenté comme raciste, antidémocrate et antiféministe. Martin Schulz s'est déclaré impressionné par les millions de femmes descendues dans les rues pour protester contre la rhétorique de Trump, mais il a également souligné que l'ouverture au dialogue serait au centre de sa politique extérieure. Martin Schulz a défendu la liberté de la presse, contre Trump et le Pegida, un mouvement anti-islamique allemand, qui définit la presse comme menteuse en utilisant justement un terme repris du régime nazi : Lügenpresse.
À l'égard du président turc Erdogan, Martin Schulz a également tenu des propos très clairs : oui au dialogue, mais il n'est pas acceptable que le président turc monte les citoyens les uns contre les autres, que ce soit dans son pays ou à l'extérieur, notamment l'Allemagne. Il fait ici référence aux citoyens allemands avec la double nationalité turque, qui depuis le coup d'état en Turquie, se sont retrouvés au centre de tentatives d'influence de la part de l'état turc. La presse allemande a également rapporté que ces citoyens ont fait l'objet d'espionnage par un réseau de service turcs opérant en Allemagne, dont la découverte a provoqué un grave scandale dans différents Länder.
Les autres pays désignés par Martin Schulz comme des exemples de développement contre lesquels lui, et la social-démocratie allemande, devront défendre l'Europe sont la Pologne et la Hongrie. Il a également fait référence à eux de manière indirecte mais claire : il est inacceptable que ceux qui bénéficient de la solidarité européenne refusent d'être solidaires avec les réfugiés. Le message sous-entendu est clair et exprime sa solidarité avec l'Allemagne qui les accueille et refuse d'en partager la charge financière.
Le nouveau candidat à la chancellerie a également mentionné l'héritage complexe des réformes du marché du travail de Schröder, connues comme l'Agenda 2010. Cette mention a été brève et contenue. En effet, au sein du parti, on parle depuis longtemps de dépassement dans une large mesure de l'Agenda 2010, surtout en vue d'une alliance plus ou moins nécessaire avec la Linke qui fait depuis campagne contre les réformes de Schrörer. Ce sont les pourcentages le soir de la clôture des bureaux de votes, le 25 septembre, qui diront quelle importance aura ce choix.
Le programme de la SPD sera formalisé à Dortmund à la fin du mois de juin. Pour l'heure, Martin Schulz a seulement indiqué quelques thèmes centraux : l'égalité salariale entre les hommes et les femmes et entre les travailleurs de l'est et ceux de l'ouest ; l'augmentation des retraites ; le soutien de la digitalisation au service des entreprises pour favoriser la création d'emplois ; et la lutte contre le chômage grâce à la qualification professionnelle. Un thème qui pourrait dominer la campagne électorale, à la lumière des attaques terroristes qui ont eu lieu à Berlin en décembre dernier, est celui de la sécurité. Sur ce point, la proposition principale lancée par Martin Shulz est d'augmenter le personnel de police. Un autre sujet de conflit avec l'Union, le parti actuellement au gouvernement avec le SPD, est le soutien aux familles avec la proposition de Martin Schulz d'accroitre les investissements dans l'éducation et les crèches. Dans le même temps, tous les orateurs ont souligné leur volonté de mener une campagne électorale proche des syndicats.
Il a ensuite laissé place aux souvenirs, tels que la lourde défaite du SPD aux élections fédérales de 2009 et la reconstruction du parti par Sigmar Gabriel qui en a profité pour prononcé son discours d'adieu en tant que chef du parti.
Le flambeau passe maintenant à Martin Schulz, qui a cultivé sa figure politique autour de sa stature européenne, grâce à un long travail de plusieurs années qui l'a mené notamment à la présidence du Parlement européen. Maintenant de retour sur la scène politique nationale, il a réveillé l'âme du parti, qui a attiré au cours de ces derniers mois 13 000 nouveaux membres. N'étant pas membre du gouvernement, il a l'avantage de pouvoir mener une campagne d'opposition alors que son parti se trouve au gouvernement.
Translated from Schulz, la Germania e l'Europa