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Saïf Al-Islam Kadhafi : faux démocrate et vrai plagiaire

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Flora Palicot

Le directeur de la prestigieuse London School of Economics démissionne suite aux révélations sur les liens économiques entre la LSE et la Libye. C'est dans cette université privée que le fils du colonel Kadhafi a rédigé sa thèse qui, à l'instar de celle de l'ex-ministre de la Défense allemand, s'avèrerait être un monceau de plagiat.

Le ministre allemand de la Défense Karl-Theodor zu Guttenberg a échangé cette semaine son titre de docteur contre un sobriquet. Guttenberg est devenu « Googleberg » – il a été révélé publiquement que sa thèse était un patchwork d'écrits d'autres auteurs sans une mention convenable des références. Dans le monde scientifique, un péché mortel. La plupart des plagiats ont été décelés par des internautes. Ils ont examiné l'ensemble du travail à la recherche de passages plagiés et ont publié les résultats sur une page Wiki de la toile. Le scandale est là : les membres de l'opposition demandent sa démission.

Une thèse sur le rôle de la société civile

Le fils du dictateur libyen toujours en place Mouammar Kadhafi, Saïf Al-Islam Kadhafi porte également un titre de docteur. Il l'a acquis en 2008 à la prestigieuse London School of Economics (LSE). De quoi amener quelques internautes à se mettre en quête d'éléments plagiés dans la thèse du « bras droit » du colonel Kadhafi et à créer leur propre page Wiki à la manière du GuttenPlag Wiki. Et effectivement, leurs recherches ont porté leur fruits – 14 fragments ont déjà été identifiés. Certains s'étendent sur plusieurs paragraphes. Les sources vont d'œuvres scientifiques en passant par un dictionnaire d'économie jusqu'à une liste de diffusion d'une communauté Goa autrichienne.

Kadhafi n'aurait-il donc peut-être pas écrit lui-même sa thèse ? Déjà en 2009 le Sunday Times londonien rapportait que le fils du dictateur avait de bonnes relations avec Monitor Group, une des plus prestigieuses sociétés de consulting. Kadhafi dit lui-même avoir engagé quelques consultants du groupe pour faire des interviews dans le cadre de sa thèse. Ceux qui l'ont aidé lui ont peut-être donné un coup de pouce plus important que Kadhafi ne saurait l'avouer.

London School of Economics gênée aux entournures

Toute cette affaire est aussi embarrassante pour la LSE où Saïf Al-Islam Kadhafi a passé sa thèse de doctorat. Celui-ci a promis, après son diplôme couronné de succès, de verser à la LSE des subsides d'une hauteur de 1,5 million de livres anglaises. La somme provient de la propre fondation de Kadhafi. La LSE s'est dépêchée de préciser qu'elle n'a reçu jusqu'à présent que 300 000 livres et qu'elle veut réexaminer de façon détaillée ses relations avec la Libye. Mais la réputation de la prestigieuse université privée est trop entachée pour en rester là. Jeudi 3 février, Howard Davies, son directeur, annonce sa démission pour endosser la responsabilité de cette relation gênante : « J'ai décidé qu'il serait juste que je démissionne même si je sais que cela causera des difficultés à l'institution que j'aime. Pour faire court, je suis responsable de la réputation de l'école, et celle-ci a souffert. » Une enquête est en cours sur les relations entre la Libye et la LSE.

La thèse de Kadhafi traite du rôle de la société civile dans la démocratisation d'institutions internationales. La société civile dans son propre pays n'y contribue apparemment pas. Dans son discours de dimanche 20 février, il a promis d' « exterminer » tous les insurgés. Saïf Al-Islam serait resté en exil en Suisse après le forum de Davos. Le fils du dictateur voudrait officiellement y créer un centre de recherches sur la démocratie.

Photo: (cc)Al Jazeera/You Tube

Translated from Plagiate: Von Guttenberg "Googleberg" bis Saif al-Islam al-Gaddafi