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Russie HIV positive

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La santé figure parmi les objectifs prioritaires de ce G8 2006. Au moment où la Russie, pays très affecté par le SIDA, accueille le sommet, les bailleurs de fonds se doivent de respecter leurs promesses.

Près d’une année s’est écoulée depuis le Sommet de Gleneagles en juillet 2005 au cours duquel les 8 chefs des Etat des pays les plus riches de la planète ont décidé de placer la lutte contre la pauvreté au centre de leurs préoccupations.

Pressées par la société civile, l’opinion publique ou le Live 8 de Bob Geldof, les grandes puissances avaient alors enchaîné les déclarations de bonne intention. Au nombre des dispositions écrites noir sur blanc dans les décisions officielles : l’accès universel aux traitements contre le SIDA à l’horizon 2010.

Pourtant, l'ONG Oxfam international estime qu’au vu des sommes engagées actuellement, l’objectif ne sera jamais atteint : parmi les 6 millions de personnes ayant un besoin urgent de soins, seules 1 million de personnes ont eu accès aux traitements nécessaires en 2005. En clair, le coût des médicaments est trop élevé. Et le Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme manque d’argent.

L’Europe de l’Est durement touchée

Depuis que le virus a été découvert au sein de la communauté gay de Los Angeles il y a tout juste 25 ans, 25 millions de personnes sont décédées des suites de la maladie et 40 millions ont été contaminées.

En mai 2006, Peter Piot, le directeur d’ONUSIDA, l'instance des Nations unies en charge de la lutte contre l'épidémie, déclarait que « le virus s’est étendu si rapidement qu’il représente aujourd’hui, dans le monde entier, la première cause de mortalité parmi les hommes et femmes âgés de 15 à 59 ans ».

Si l’Afrique subsaharienne reste la région la plus affectée par l’épidémie, l’Europe de l’Est n’est pas épargnée : la progression de la maladie y est fulgurante.

Selon EuroHIV – le programme européen de surveillance du virus sur le continent-, cette progression est étroitement liée à l’usage de drogues par injection intraveineuse, une pratique qui s’est répandue au cours des années 90, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, au moment où l’Afghanistan est redevenu un des plus gros producteurs d’opium du globe.

La transmission par voie sexuelle est également en forte augmentation. Les populations les plus vulnérables ? Les jeunes confrontés à la pauvreté et aux trafics en tous genres qui manquent d’informations et de services pour se protéger.

D’après les chiffres d’ONUSIDA -une organisation qui centralise les travaux des Nations unies, de l'OMS, l'UNESCO et la Banque Mondiale-, 1,6 millions de personnes étaient malades en Europe de l’Est et en Asie centrale en 2005. Plus d’un million ont été contaminées depuis la découverte des premiers cas de SIDA au Sud de l’Ukraine en 1995. 75% des infections relevées entre 2000 et 2004 concernent des jeunes de moins de 30 ans. Ce pourcentage descend à 33% en Europe de l’Ouest.

L’Ukraine et la Russie sont les deux pays les plus affectés. L’année dernière, 62 000 adultes et enfants sont décédés des suites de la maladie, bien souvent en raison d’un accès insuffisant aux médicaments.

Une taxe sur les billets d’avion

Le 3 juin dernier, les 43 pays présents à New York lors de la Conférence de l'ONU sur le SIDA, ont adopté un nouveau mécanisme destiné à acheter des médicaments à bas coût pour les populations les plus démunies : le programme Unitaid (baptisé FIAM en français pour Facilité internationale d’achats de médicaments).

Né d’une campagne lancée par le Brésil, le Chili, la Norvège et la France, le projet repose sur l'instauration d'une taxe de solidarité internationale sur les billets d’avion.

Pour l’instant, seuls 14 des 43 pays signataires ont adopté cette idée -Brésil, Chili, Chypre, Congo, Gabon, Côte d'Ivoire, France, Jordanie, Luxembourg, Madagascar, Maurice, Nicaragua, Norvège, Royaume Uni-. De nombreux Etats clés manquent à l’appel comme les Etats-Unis, l'Australie et la plupart des partenaires européens, qui préfèrent alimenter Unitaid par une aide budgétaire pluriannuelle.

En France, malgré les protestations du lobby des transports aériens, la 'contribution internationale de solidarité' sur les billets d’avion est entrée en vigueur le 1er juillet dernier. Dorénavant, les voyageurs des vols nationaux ou européens paieront 1 euro prélevés sur leur billet tandis que les passagers des longs courriers s'acquitteront eux de 4 euros (dix fois plus pour les business ou première). Au total, les instigateurs de l’initiative espèrent récolter un milliard de dollars par an pour l'ensemble des pays ayant adopté la taxe.

Finies les mesurettes !

Les ONG dénoncent cependant le manque d'engagements précis des pays partenaires de la mesure. Entre 20 et 23 milliards de dollars annuels sont nécessaires d'ici à 2010 pour mettre en place une lutte efficace contre le SIDA. Selon Stefaan Declercq, Secrétaire général d’Oxfam Solidarité en Belgique, « la taxe de solidarité sur les billets d’avion ne doit pas se substituer aux contributions des Etats destinées à alimenter le Fonds mondial de lutte contre le SIDA ».

Les fondateurs d’Unitaid ont déjà promis que le projet serait un complément et non un substitut des instruments existants déjà, comme l’ONUSIDA ou le Fonds Mondial. mais l'enfer est pavé de bonnes intentions. Selon Declerq, «en 2002, à la Conférence de Monterrey, les pays riches se sont engagés à ne pas comptabiliser l’argent de l’annulation de la dette dans les montants destinés à financer l’aide au développement alors qu'ils font aujourd'hui exactement l'inverse».

A juste titre, les ONG n’attendent qu’une chose : que les membres du G8 redressent le tir à Saint-Pétersbourg.