Rome, une Europe fric et chic
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philippe-alexandre saunierDans la Ville Eternelle, la 'viale Europa' [avenue de l'Europe] est surtout consacrée au business, entre shopping à outrance et reliques d'une architecture fasciste.
Rendons-vous au cœur du quartier romain de l’Eur, pour prendre, au milieu des boutiques et des étalages, quelques leçons d’un européanisme bien tiède. Car sur cette avenue qui porte son nom, l’Europe ne semble pas vraiment être de la fête. C’est un pur hasard, sans doute, si cette artère, située dans le douzième 'municipio' du trente-deuxième quartier de Rome, porte le nom de l’Europe.
Il ne viendrait pas à l’idée d’un Romain, de trouver un lien quelconque entre cette avenue et le continent qu’elle désigne. Pour tout citoyen de la Ville Eternelle, elle représente principalement trois choses : le ministère de la Communication, le siège centrale de la Poste italienne et l’unique grand axe de circulation dans une zone de bureaux, d’agences et d’institutions publiques, de musées et de ministères construits dans le plus pur style architectural fasciste.
«Viale Europa ? Aucun rapport ! Ici, il n’y a que des boutiques, des boutiques et encore des boutiques… Aucune référence particulière ne renvoie à l’Europe, ni à un niveau littéraire, ni à quelque niveau historique que ce soit, » explique par exemple Rossella Favo, qui, depuis deux ans organise des visites culturelles et touristiques du quartier -appelées 'Eurtour'- pour le compte d'une société privée.
S'il y a une chose pour laquelle l’avenue Europa, située à l’extrémité sud de la périphérie romaine est célèbre, c’est bien sa proximité avec un centre commercial.
Mini conférence d’un propriétaire de kiosque sur les médias et l’Union européenne
A chacune de ses extrémités, l’avenue est délimitée d’un côté, par la via Cristoforo Colombo et, de l’autre, par l’imposante basilique Saint-Pierre et Saint-Paul qui, dominant le quartier, aurait dû, d’après les plans d’origine, devenir le mausolée de Mussolini. Le Duce se retournerait probablement dans sa tombe s'il pouvait voir l’actuelle image d’une gigantesque tortue [emblèmatique de la marque italienne de bagages et de chaussures 'Carpisa'] s’étaler sur la façade en restauration de l’édifice.
Dans l'environnement du quartier, que des boutiques. Dans les libraires, pas le moindre petit essai qui traite de l’Union. «L’Europe n’est faite que pour nous imposer des mesures comme la limitation de vitesse sur autoroute. Pas question de réajuster les salaires qui, en Italie, sont au plus bas,» lance par exemple l'un des bouquinistes installés sur place.
De chaque côté de l’avenue, les magasins déversent sur les passants leur flot de vêtements, de chaussures, de téléphones portables et de bijoux.. Commerçants et vendeurs s’empressent de satisfaire leur clientèle en ce samedi matin consacré au shopping. La seule activité que l’avenue de l’Europe est en mesure d’offrir à ceux qui la parcourent.
Eur comme...Europe ? Non, comme Exposition universelle de Rome ['Ente Uinvesale di Roma']
L’Eur a cependant fasciné un artiste aussi visionnaire que Federico Fellini
Translated from Qui Roma. Viale Europa, questa sconosciuta