Rions ensemble avec Nicolas Sarkozy
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« Les aides promises par Nicolas Sarkozy aux pêcheurs sont dans le collimateur de Bruxelles ». En une phrase, placée à la dernière minute entre les universités bloquées et les enfants du Tchad, la messe est dite.
Au service du pouvoir sans même s’en rendre compte, la présentatrice du 13h de France 2 (pour ceux qui connaissent pas, l’équivalent en France de BBC 1, en beaucoup moins bien) valide les mensonges du Président français.
Parce que bon, même un enfant de quatre ans aurait pu se douter qu’à la base, les promesses de Sarkozy, c’était pas nickel-nickel au point de vue du droit. Mais non, il a fallu que les journalistes fassent une nouvelle fois la preuve de leur incommensurable nullité. Je récapitule :
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Temps 1 : Sarkozy fait des promesses débiles, aucune réaction
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Temps 2 : La Commission européenne réagit, les journalistes disent que l’Europe est contre les aides
Donc, soit la présentatrice est une pitoyable gourde soit elle se fiche du monde. Non mais c’est vrai, à force de présenter des journaux télévisés, elle a même pas réussi à comprendre qu’il y avait des règles sur la concurrence en Europe ? Et que Sarkozy est loin d'être le premier à les transgresser?
Je me calme et je reviens au sujet principal, l’Europe. Le problème dans cette triste histoire, c’est que le traitement par les journalistes donne toujours l’impression que les institutions européennes agissent en réaction à une mesure nationale. Donc, le téléspectateur moyen se dit : « Bruxelles ferait mieux de s’occuper de la taille des courgettes au lieu de nous enquiquiner. » Le problème, c’est que l’Europe ne réagit pas, elle agit. Tous les jours. Il faudra un jour qu’on explique clairement que l’Union européenne, c’est avant toute chose un cadre juridique pour les politiques publiques.
Oui, c’est vrai, il y a l’amitié entre les peuples, la paix continentale et la « solidarité de fait ». Mais l’Union européenne, c’est un ensemble de règles, que pour la plupart on a acceptées il y a 50 ans et qui encadrent les décisions politiques. Et on a choisi d’avoir une politique de la concurrence justement parce qu’on sait que lorsque les dirigeants nationaux accordent des aides dans tous les sens, à la fin c’est le consommateur et le contribuable qui payent. Donc ce n’est pas « Bruxelles » qui empêche les français d’aider leurs pêcheurs, c’est Sarkozy qui enfreint sciemment les règles que la France a décidé de respecter.
Tant qu’on n’aura pas expliqué cela, les hommes et femmes politiques pourront continuer impunément à développer l’euro-scepticisme. Faudra quand même qu’on se décide un jour ou l’autre à enseigner les bases de la construction européenne à l’école. Et pas que le nombre d’Etats membres. L’Europe, c’est avant tout une philosophie politique. Et le premier fondement de cette philosophie, c’est le respect de ses engagements.