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Révolutions colorées : la Biélorussie ton sur ton ?

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Les changements politiques survenus à la suite des soulèvements en Géorgie ou en Ukraine inquiètent les gouvernements en place qui se sentent « menacés ». L’arc-en-ciel révolutionnaire s’achèvera-t-il à Kiev ou en Biélorussie ?

Révolution de Velours en Tchékoslovaquie ou Octobre serbe  : l’Europe a contribué à une chute en douceur du Rideau de fer établi depuis la guerre froide. Ce nouveau type de révolution pacifique, graduelle et négociée semble à des années lumières du traditionnel modèle jacobin bolchevique, nettement plus sanglant.

En 2003, c'est la Géorgie qui lance le mouvement : la « Révolution des Roses » inaugure un nouveau cycle de révolutions colorées, qui s’est propagé aux ex-républiques soviétiques d’Europe et d’Asie centrale. Juste avant la timide « Révolution des Tulipes » d’un Kirghizstan saisi par un coup d'Etat au printemps 2005, c’est le centre de Kiev, la capitale ukrainienne qui se teinte d’orange à l’hiver 2004. Cette marée révolutionnaire se déroule généralement selon un canevas bien précis : une grande vague de manifestations bouscule les régimes en place, gouvernés par des marionnettes du Kremlin puis les convertissent en démocraties multipartites.

Le phénomène, qui menace d’isoler définitivement la Russie de ses anciens alliés du Pacte de Varsovie et de démembrer la Communauté des États Indépendants (CEI) peut être interprété de manière contradictoire. Matérialisation de l’utopie de la souveraineté populaire pour certains experts, simple mise en scène d’« anarchies préfabriquées » selon d’autres analystes qui dénoncent les intérêts économiques et militaires de superpuissances occidentales déterminées à affaiblir la position de la Russie sur l’échiquier international.

La Feuille de Route de l’arc-en-ciel révolutionnaire

Mais quels sont les mécanismes internes des nouvelles révolutions ? Pourquoi une même recette qui a mis fin pacifiquement au gouvernement totalitaire de Chevardnadze en Géorgie a-t-elle provoqué des centaines de morts en Ouzbékistan, lors du soulèvement d'Andijan en mai 2005 contre le régime dictatorial de Islam Karimov ? Il semblerait que le modèle de « révolution silencieuse » qui a hissé Victor Ioutchenko à la tête de la nouvelle Ukraine ne soit pas exportable aux ex-républiques soviétiques d’Asie centrale.

Pourquoi ? Deux scénarios sont envisageables : d’un côté, les aspirations européistes et atlantistes des États européens, anciens membres de l'ex-URSS, imposaient le passage à une nouvelle ère d’ouverture comme condition sine qua non de l’adhésion à l'UE. De l’autre, une menace de l’islamisme radical qui plane toujours sur les républiques du Turkestan. Dans les nations de la vallée du Ferghana, la lutte contre l’« ennemi intégriste » est une excuse parfaite pour réprimer la moindre lueur d’opposition au gouvernement sans trop faire de bruit.

Seul un facteur garantit le bon résultat d’une révolution colorée : l’appui de l’opinion publique mondiale et le soutien des médias. Cette opinion ne sera toutefois positive qu’à la condition que les émeutiers reçoivent l’approbation des puissances occidentales. Le silence de la Russie comme des États-Unis –qui avaient passé des accords économiques et militaires avec le gouvernement ouzbek de Karimov– lors du massacre d’Andijan au printemps dernier, en est une excellente illustration.

Un blindage contre la société civile

Cette contagion démocratique s’étendra-elle à la Biélorussie, ultime dictature d’Europe ? Les gouvernements des pays d'Asie centrale ont déjà commencé à prendre des mesures draconiennes contre ce qu’ils considèrent comme d’authentiques coups d’état financés par les États-Unis. Leur but ? Restreindre la capacité de mouvement de la société civile et conforter la permanence des autorités au pouvoir. Les dernières lois contre les ONG adoptées par Moscou déteignent également sur le Kazakhstan voisin. Le président Nazarbayev a mis en place une «loi contre l’extrémisme religieux » visant à barrer une éventuelle révolte sociale, susceptible d’empêcher la passation de pouvoir à sa fille Dariga.

Concernant la Biélorussie, cela fait plusieurs années que les bureaux de la Fondation Soros ont été fermés par le gouvernement de Loukachenko. Et le mouvement de jeunes opposants de Zubr, copie de l’Otpor serbe ou du Pora ukrainien, bénéficie d’un faible écho international. En outre, il y a un an, Minsk a éliminé au cours d’un référendum contestable toute limitation à la durée du mandat présidentiel, permettant à Loukachenko de se représenter aux élections du 19 mars. Des mesures similaires ont également déjà été prises au Tadjikistan ou au Turkménistan.

La Russie ne paraît pas disposée à se résigner à une telle perte d’influence sur son traditionnel pré carré et n’hésite pas à souligner les contradictions sociales et économiques internes ayant surgi en Ukraine après la ‘Révolution orange’. Pendant ce temps, entre enthousiasme et craintes, chacun se lance en conjectures sur la couleur de la prochaine révolte.

Translated from Revoluciones de color, ¿una Bielorrusia naranja es posible?