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Résoudre la crise politique belge : en avant citoyens ?

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Bruxelles

Elise Renault Et si, à la place des hommes politiques, les citoyens prenaient les choses en main ? En juin 2010 le parti nationaliste flamand (NVA) du charismatique Bart de Wever remporte largement les élections dans le Nord du pays, tandis qu’au Sud, c’est le parti socialiste (PS) d’Elio di Rupo qui est vainqueur. A première vue, les opinions semblent assez… opposées.

Mais nous sommes en Belgique et ce pays a une très longue histoire en terme de négociations. Depuis, cependant, pas moins de 9 formateurs, négociateurs, préformateurs, informateurs ou médiateurs ont défilé ! Et La dernière note en date de di Rupo ne semble pas avoir beaucoup plus de succès… Mais que va bien pouvoir raconter Albert ce 20 juillet dans son discours en l’honneur de la fête nationale ?

En attendant, les citoyens en ont marre. De nombreuses initiatives ont vu le jour et illustrent l’incompréhension par les belges de la situation qui s’éternise. Tout comme d’ailleurs l’affichait dans le sens inverse la certaine apathie habituelle face aux crises politiques. Les belges sont rodés - jusqu’à un certain point !

En janvier la vidéo d’un journaliste flamand fait un buzz . Il y parle de son exaspération et que seule une solution est envisageable : descendre dans la rue ! Une manifestation sera d’ailleurs organisée le 23 janvier 2011, à l’initiative d’étudiants. Appelée SHAME, elle a pour but de crier le ras le bol de la population belge et de demander un gouvernement et « un dialogue ouvert à tous les chefs de partis belges, toutes langues confondues ; dans les plus brefs délais ». Apolitique, elle réunira près de 40 000 personnes dans les rues ! Dans un autre genre, Benoit Poelevoorde proposait de ne plus se raser la barbe et en février la sénatrice Marleen Temmerman du SPA a invité les femmes à "garder leurs jambes fermées" jusqu’à la formation d'un gouvernement (un moyen également de protester contre la domination des hommes en politique). Le 17 février, la Belgique devait célébrer le triste record d’être un Etat sans gouvernement - depuis le plus longtemps. La plateforme Pas en notre nom Jeunes / Niet in onze naam Jong a organisé alors en cet honneur, « la révolution des frites » , c'est-à-dire des rassemblements dans différentes villes, qui a pris la forme d’un strip tease géant à Gand, totalisant en tout un peu moins de 5000 personnes. L’initiative fut renouvelé sous le nom de « Place des frites », le 29 mars, fédérant de 5000 à 8000 citoyens. Une autre initiative, Camping 16, a organisé en avril un camping virtuel où il s’agissait de planter virtuellement sa tente rue de la loi, qui a rassemblé plus de 160 000 « campeurs » (mais à peine plus de 100 personnes l’ont réellement fait), et pour eux « lorsque que quelque chose ne fonctionne pas, on demande remboursement ».

Si l’on additionne, il y a beaucoup d’initiatives ! Encourageant ? Pas tout à fait ! Pour le moment, malheureusement il semblerait que les mouvements citoyens n’aient pas changé grand-chose aux négociations, et en tout cas elles n’ont pour le moment rien accéléré. Que faire ?

Il y a le G8 ou le G20 qui réfléchissent à des solutions globales concertées. Pourquoi pas le G1000 alors pour la Belgique? Pour les initiateurs de l’initiative G1000 , la crise politique belge est simplement le reflet d’une crise de la démocratie représentative, qui s’essouffle. Ce qu’il faut, c’est de la démocratie délibérative, que les citoyens « prennent activement part aux délibérations portant sur l’avenir de leur société ». Un sommet sera organisé le 11 novembre 2011 à Tour et Taxis à Bruxelles qui réunira 1000 personnes sélectionnées par un organisme indépendant, pour débattre. Signe d’une armistice entre le Nord et le Sud. Entretemps, le G1000 se propose de recueillir en ligne les propositions des citoyens pour sortir de la crise politique. Un petit groupe de personnes tirées au sort approfondiront et formeront concrètement les décisions issues du sommet du 11 novembre, et les communiquera en avril 2012. Pour le moment seules 150 personnes peuvent débattre, car des fonds sont nécessaires pour l’organisation de cet événement, mais le G1000 a toutes les raisons d’être optimistes après seulement un mois d’existence. L’initiative n’imagine donc que très moyennement une vraie solution avant novembre 2011, voire avant avril 2012. En tout cas, rien de bien sérieux ! De toutes façons, si une solution était trouvée avant, le débat citoyen organisé par G1000, qui se veut bien entendu apolitique et ouvert à tout scénario, serait en tout état de cause instructif et utile. Alors, à vos méninges citoyens et en avant ?