Régionalisme en Angleterre: Une révolution silencieuse?
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Delphine LeangRedistribuer le pouvoir centralisé aux régions dans les pays de l'Union Européenne serait un moyen de préparer l'intégration de l'Europe.
Cet automne, les habitants du nord de l'Angleterre décideront par référendum de la création ou non de trois nouvelles assemblées régionales. Ces corps législatifs, s'ils sont approuvés, balayeraient quatre siècles de pouvoir centralisé en faveur d'un pouvoir régional. De telles assemblées existent déjà à Londres, en Ecosse, au Pays de Galles, et aussi en Irlande du Nord, bien qu’elle soit suspendue.
Les trois régions concernées sont le Nord-ouest, le Nord-est, et le Yorkshire-Humberside. Le Royaume-Uni représente presque un cas unique au sein de l'Union Européenne car il n'a pas été touché par la décentralisation. Mais une transformation constitutionnelle et politique silencieuse initiée par le parti travailliste est en train de changer cela. Qu'impliquent ces changements ? Est-ce là le signe avant-coureur d'une nouvelle direction prise dans la politique britannique ? Le fédéralisme est-il maintenant à l'ordre du jour politique du courant dominant britannique? Les régions indiqueraient-elles l'éventuel éclatement du Royaume-Uni ?
Le changement ne sera pas immédiat. Ceux qui aspirent à une politique britannique durable de transfert du pouvoir de Londres aux régions devront être patients.
Différents facteurs ont réveillé les désirs de décentralisation. Dans son article « Alternatives au pouvoir », John Osmond souligne comment l'Union Européenne, mais aussi des phénomènes comme la mondialisation, ont contribué à faire avancer la cause de la régionalisation au sein du courant dominant. Parmi les autres éléments incitatifs, il y a la récente création des assemblées écossaise, galloise, et nord-irlandaise.
Osmond condamne aussi le trop plein de confiance du pays qui expliquerait pourquoi à un moment où le reste de l'Europe continentale s'efforce de donner plus de pouvoir aux régions, le Royaume-Uni, lui, se protège de la régionalisation. Il souligne le fait que l'île a tendance à regarder vers son glorieux passé impérial plutôt que d’avancer vers ce qu'elle percevait comme un avenir mondialisé incertain. Jusque tard dans le siècle dernier, le pays n'avait pas vraiment de raison de remettre en cause sa place dans le monde. Mais dans une époque post-coloniale, c'est un luxe qu'il ne peut plus se permettre.
Attitude du Royaume-Uni vis-à-vis de l'Europe
Le résultat des référendums en cours pourrait changer la nature et la direction du débat politique à travers toute l'Union Européenne.
Jusqu'à récemment, le Royaume-Uni était isolé : îlot de centralisme dans une mer de régionalisation. Pourtant, un OUI au référendum à venir pourrait faire progresser la création de plus de collectivités régionales. Changer pour un modèle décentralisé pourrait rendre l'idée d'une Europe fédérale plus attrayante pour l'électorat britannique. Après tout, si ça fonctionne à l'échelon national, pourquoi ne pas l'expérimenter à l'échelon européen? La décentralisation et une possible entrée dans la zone euro diminueraient les chances du Royaume-Uni d'être le traditionnel « partenaire maladroit » au cours des réflexions sur les réformes radicales des institutions.
Même si les sondages ont régulièrement montré un grand désir de régionalisme, surtout dans les trois régions qui voteront, les électeurs restent indifférents et ignorent la complexité des questions qui sont en jeu. C'est par ce manque d'information que les partisans du NON minent l'enthousiasme du grand public soutenant la décentralisation. Mais, une victoire du NON, en plus de tuer le processus de décentralisation anglais, bloquerait l'intégration du Royaume-Uni dans l'Europe.
Translated from Regionalism in England: A silent revolution?