Rebecca Taylor : que fait l'Europe pour les jeunes ?
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H. ViseurOn accuse souvent l’Union européenne de ne pas se soucier des jeunes. Néanmois, certains députés européens consacrent leur temps à améliorer le sort des jeunes Européens. Rebecca Taylor, députée démocrate libérale et vice-présidente du Youth Intergroup au Parlement, est l’une d’entre eux.
Selon les eurosceptiques, les jeunes sont d'accord pour dire que l'immigration est la principale cause de leur chômage. Ray Finch, candidat aux élections européennes pour le Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP), m’a expliqué que les jeunes soutiennent son parti parce qu’ils « se voient refuser des jobs à cause de la main-d’œuvre bon marché affluant principalement de l’Europe de l’Est ».
Mais Rebecca Taylor, députée européenne du Parti libéral démocrate, est convaincue du contraire. Comme membre du parti europhile britannique et vice-présidente du Youth Intergroup, on pourrait s’attendre à ce que ses opinions soient quelque peu subjectives, mais les votes confirment cette tendance : les jeunes sont europhiles et les retraités sont sceptiques.
« Les jeunes sont majoritairement pro-européens, principalement parce qu’ils pensent aux futures possibilités d’emploi et comprennent l’utilité d’avoir un 'marché unique pour l’emploi' », explique Taylor. Elle poursuit: « ils veulent avoir la chance d’étudier ou de travailler dans un autre pays parce que tout le monde connaît quelqu’un qui a fait cette expérience. » Trois millions d’étudiants ont profité du programme Erasmus depuis 1987, mais Taylor souligne que les bénéfices de la libre circulation ne se limitent pas uniquement aux étudiants universitaires. « J’ai un ami d’un ami qui est plombier et qui est parti travailler dans une station de ski dans les Alpes françaises pendant six mois, dit-elle, et un des colocataires de mon frère a quitté l’école à l’âge de 16 ans pour vivre en Espagne et travailler dans un bar pendant plusieurs années. »
La politique en 140 caractères
Mais que peuvent faire les hommes politiques pour que les jeunes s’intéressent à l’Europe ? Les élections de 2014 ont été rebaptisées les « élections Twitter » et les réseaux sociaux sont souvent présentés comme la panacée capable de résoudre miraculeusement la désillusion des jeunes. Ray Finch m’a expliqué que Twitter était un outil parfait pour impliquer les jeunes, « parce que c’est un moyen de communication instantané et ciblé. » Il fait le lien avec la musique : « j’ai toujours préféré les Jam à Pink Floyd parce que je pense que si on ne peut pas connaître votre opinion en 3 minutes, alors c’est une perte de temps. Twitter, c’est la même chose. Je peux expliquer ma politique en 140 caractères. »
Néanmoins, Rebecca Taylor affirme que Twitter est utile mais pas suffisant. En fait, aller à la rencontre des jeunes est pour elle le seul moyen de les impliquer dans la politique. Elle a aidé un groupe de jeunes du Yorkshire à venir à Bruxelles, et va parler dans les écoles de ses circonscriptions du Yorkshire et de Humber dès qu’elle le peut. Elle se plaint, car malgré son programme frénétique, elle n’a pu visiter que 10 % de ces écoles. Mais, on aurait beaucoup de mal à trouver un député qui a fait la même chose. Cette engagement sur le terrain est bien loin de la froide bureaucratie décrite par les sceptiques.
Des projets mais pas d'actions ?
Rebecca Taylor pense que le programme Garantie pour la jeunesse est la pierre angulaire de l’approche européenne vis-à-vis du chômage chez les jeunes. Il garantira l’emploi, la formation, et l’éducation à tous les jeunes sans emploi ou formation depuis plus de six mois. Six milliards d’euros ont été prélevés dans le budget de 2014 à 2020. Rebecca a également fait pression en faveur d’une aide aux crédits pour les masters, compris dans le programme Erasmus. Ce qui permet aux étudiants paneuropéens de suivre un master, et d'accéder à la même éducation.
L’un des combats phares de Rebecca est la lutte contre les stages non rémunérés, qu’elle considère comme une forme de discrimination sociale. Ce point de vue ne l’a pas rendu populaire parmi les autres députés européens qui profitent du travail gratuit de jeunes aspirants. Lors d’une manifestation, elle a rencontré un stagiaire autrichien : « il disait : ' non, mon stage n'est pas rémunéré, mais c’est une très bonne expérience, ça va faire bien sur mon CV.' Il ne voyait pas le problème alors je lui ai demandé qui payait son loyer et sa nourriture. C’était bien sûr ses parents ».
« Un stage devrait être une chance basée sur le mérite, et non sur la 'capacité de mes parents à me soutenir financièrement si je pars six mois à Bruxelles’ », explique-t-elle avec passion. Mais tout le monde n’est pas d’accord avec elle. Sa collègue libérale démocrate, Sarad Ludford, a récemment proposé à un jeune un stage de six mois non rémunéré. En mars 2014, le Comité des représentants permanents a lamentablement échoué en essayant de mettre un terme aux stages non rémunérés dans les institutions européennes. Car les beaux discours et les programmes pour la jeunesse à grande échelle devraient être accompagnés par une plus grande vigilance au sein même de l’Union européenne.
PENSER JEUNE
L’intérêt de Rebecca Taylor pour la jeunesse est assez évident puisqu'à 39 ans, elle est une jeune députée européenne. L’âge moyen des députés européens est de 55 ans, et celui des commissaires est de 57. Est-ce la raison de l’incapacité de l’UE à s’occuper des problèmes des jeunes ? Rebecca me rappelle qu’il y a des députés qui ont dix and de moins qu’elle, mais elle accepte que les préoccupations soient différentes selon les générations. « Il a parfois été difficile pour moi de trouver un emploi, donc je sais ce que ça fait. Quand mes parents étaient à l’université à la fin des années soixante, 5 % de la population avait un diplôme universitaire qui leur garantissait presque toujours de trouver un emploi. Aujourd’hui, les choses ont changé », affirme-t-elle.
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Ces désaccords étaient bien présents lorsque le système de prêts destinés aux étudiants en master a été établi. Certains commissaires voulaient que le prêt soit remboursé « dans l’année, peu importe ce qui arrive », même si le bénéficiaire ne trouve pas d’emploi. Apparemment, la Commission « pense que tous les diplômés de masters trouvent un emploi. Non, mais réveillez-vous ! » s’exclame Rebecca.
Rebecca Taylor semble être profondément engagée dans l’amélioration des conditions des jeunes Européens. Elle confirme qu'il est trop facile de tenir l’Europe responsable du chômage chez les jeunes. Cependant, penser que l’UE n’agit pas est complètement erroné, et décrire l'union comme une institution uniforme est la plus grande des erreurs. C’est un patchwork fait de différentes philosophies et perspectives, certaine plus concentrées sur les problèmes de jeunesse. Et c’est uniquement en votant aux élections de mai que les jeunes Européens pourront influencer ces courants. Comme le dit Rebecca Taylor, « si tu ne votes pas, d’autres décideront à ta place, et ils ont une idée de l’Europe différente de la tienne. »
Translated from Rebecca Taylor MEP: What Can Europe Do For Young People?