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Réactions à chaud

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Story by

Lorelei

Presse à la grecque

Je n’aime pas les réactions à chaud à des événements tragiques, en particulier quand ils sont relayés par les télévisions du monde entier. Les charges des forces de police, les voitures qui brûlent, les banques aux vitres explosées, forment un spectacle visuel qui, malgré toute sa violence, plaît et trouve toujours une place centrale dans tous les journaux télévisés du monde.

Je ne me trouve en ce moment ni à Athènes, ni à Thessalonique, ni dans aucune des grandes villes grecques qui ont connu ce week-end les troubles que l’on a appris. Je ne pourrai donc apporter aucune information autre que celles que les journaux grecs délivrent heure par heure – et hormis le nombre de manifestants, de blessés, de policiers appelés en renfort, et de voitures brûlées, peu d’informations vraiment explicatives ne sont livrées à cette heure par ces médias.

Ce qui m’a frappé pourtant, dans les quelques réactions de journalistes ou d’intellectuels glanés sur les éditions en ligne des médias grecs, sont deux accusations récurrentes:

La première, la plus fréquente, concerne l’attitude de la police en général sur le territoire grec. Tous les articles s’accordent à dire qu’il s’agit d’un meurtre perpétré de sang-froid par un garde spécial de la police qui voulait “rouler les mécaniques”. L’enquête judiciaire le dira. En attendant, chacun de se plaindre du comportement policier en général: “On a tous une histoire à raconter sur la police grecque”, écrit Iannis Politis dans Ta Nea. Son fils de deux ans a vu sa nounou ukrainienne être interpellée brutalement dans un jardin d’enfants car elle n’avait pas son titre de séjour sur elle. Dans Eleftherotypia, dans Ta Nea, on souligne que la présence policière ces dernières années est de plus en plus forte, en particulier à Athènes, et de nombreux journalistes déplorent, dans un langage sans concession, le manque d’éducation et de formation des forces de sécurité. Nikos Iannopoulos parle même d’une “débauche policière” et appelle à la “résistance à la barbarie policière”.

La seconde vise le gouvernement actuel, fragilisé par d’énormes scandales, d’ordre financier essentiellement. Enseignante de psychologie à l’université, Fotini Tsalikoglou pense que les mouvements de protestation et les troubles qui les ont accompagnés sont le signe d’un grand désespoir de la jeunesse: “la légalité et la confiance dans les institutions sont détruites, les jeunes vivent avec un insupportable sentiment qu’il n’y a pas d’avenir”, explique-t-elle dans Ta Nea. “La mort du jeune homme est un prétexte” qui, ajouté à l’accumulation de désespoir face aux scandales qui éclatent ces derniers mois, a conduit à l’explosion. L’édito de l’édition du 08 décembre de Ta Nea fait porter toutes les responsabilités au gouvernement pour ne pas avoir pris plus tôt les mesures qui s’imposaient pour rétablir l’ordre dans ce quartier central d’Athènes, le quartier Exarchia, où des groupuscules anarchistes sont actifs depuis des années.

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