Rassemblement pour l’égalité
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8 mars, journée internationale des droits des femmes. Les manifestations à travers le monde nous rappellent que la route vers l’égalité est encore longue. Si la loi garantit officiellement des droits aux femmes, l’égalité réelle entre les genres passe avant tout par un changement profond des mentalités.
8 mars inédit
Pour la première fois, une journée de grève internationale pour dénoncer les inégalités salariales, les violences de genre, le sexisme et la discrimination dont souffrent encore la plupart des femmes du monde. Inspirée par l'exemple des Islandaises qui s’étaient déjà rassemblées pour une grève nationale en 1975, la plateforme International Women's Strike a lancé une mobilisation pour l'égalité. Une cinquantaine de pays ont répondu à l'appel.
En France, organisations syndicales et collectifs féministes invitaient chacun-e-s à cesser de travailler à 15h40 pour dénoncer les inégalités salariales. Aujourd’hui encore, les femmes gagnent en moyenne 26% de moins que leurs homologues masculins. Sur une journée de travail de 9h à 17h, c’est comme si elles cessaient d’être payées à 15h40.
Malgré cet appel à la grève, les entreprises françaises étaient loin de se vider à 15h40, ce mercredi 8 mars 2017. A Strasbourg, capitale européenne, on ne se précipite pas pour manifester contre les inégalités. La CGT, l’Union syndicale Solidaires, Attac et d’autres collectifs appelaient à investir la place Kléber d’un rassemblement. Seuls quelques Strasbourgeois répondent à l’appel, bravant la pluie en cet après-midi maussade.
Pour Sara*, membre de l’Union syndicale Solidaires, cette journée est l’occasion de faire un bilan, marquer les esprits et rappeler que la persistance d’inégalités salariales n’est pas normale. Selon cette intervenante sociale, la lutte pour les droits des femmes passe par un changement des mentalités, aussi bien des hommes que des femmes. « Pour moi, c’est la priorité. Il faut cesser de voir les choses de manière stéréotypée », affirme-t-elle. Sara s’est déjà sentie discriminée au travail « mais c’est des petits trucs », tempère-t-elle. « Si je porte une table, cela me dérange qu’un homme vienne me la prendre des mains. Et s’il y a un problème technique ou du bricolage, on va plutôt aller voir un mec au lieu d’une femme » regrette-t-elle. Ces « petits trucs » répétés au quotidien tendent finalement à véhiculer une faible image des femmes et une moindre croyance en leurs capacités.
Pour Laura*, étudiante à l’université de Strasbourg, les inégalités se perçoivent également au quotidien, dans les clichés, les remarques et les blagues sexistes. La jeune femme évoque aussi ses mauvaises expériences dans les transports en commun à Bordeaux, où les femmes subissent selon elle un harcèlement quasiment quotidien. « Les gens autour ne réagissaient jamais, jamais, jamais ! » s’exclame-t-elle. « Quand je suis arrivée à Strasbourg, le harcèlement est devenu beaucoup moins fréquent. C’était une agréable surprise. Mais ça devrait être tout le temps comme ça », déplore-t-elle.
Les hommes aussi concernés
Pour Benjamin et Théo, étudiants à Strasbourg, « tous les combats pour l’égalité sont fondamentaux ». « On appartient au genre le plus favorisé. Mais ce n’est pas pour autant qu’on ne devrait pas s’investir dans la lutte pour l’égalité, au contraire », lâche Benjamin.
C’est aussi ce que pense Hervé, 35 ans. Ce syndicaliste affilié à la CGT distribue des tracts pour sensibiliser les passants aux problèmes des inégalités salariales et des violences sexistes. « En tant qu’homme, je ne me sens pas forcément toujours légitime pour parler de ces problèmes. » confie-t-il. « Les femmes peuvent se battre elle-même, mais je pense qu’il est important de venir en appui contre les inégalités », conclue-t-il.
Benjamin, Théo et Hervé l’ont bien compris, l’égalité est l’affaire de tous. Chacun peut y contribuer au quotidien en commençant par bannir les stéréotypes sexistes.
*Prénoms modifiés