Qui sera le plus adroit (e) ?
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Amandine AgicAlors que les nouveaux venus se multiplient à droite, les électeurs risquent de virer à gauche.
Jadis, la politique hollandaise était à la fois prévisible et ennuyeuse. C'était il y a très longtemps. Les élections du 22 novembre font suite au troisième remaniement ministériel en quatre ans de politique traînante. Retraits amers, intrigues, menaces de mort et même un meurtre, ont entaché la réputation exemplaire du pays. Alors que les premiers sondages viennent d’être publiés, les électeurs semblent vouloir remettre en place la légendaire stabilité nationale en refusant une droite dissipée.
Ebranler l'ordre établi
Tout a commencé avec l'ascension spectaculaire de Pim Fortuyn lors de la campagne des élections législatives de 2002. En populiste caricatural, il a ouvertement remis en question le multiculturalisme et critiqué l'islam, un sujet que personne n'osait aborder de peur de se voir affublé de l'étiquette « raciste ». Son assassinat une semaine avant le vote par un activiste luttant pour les droits des animaux a aidé à mettre son parti de politicien amateurs sur le devant de la scène politique.
La Liste de Pim Fortuyn (LPF) a ainsi obtenu 26 sièges au Parlement néerlandais. Néanmoins, privée de son leader charismatique, la formation a rapidement commencé à se disloquer, entraînant la chute du gouvernement en moins de 6 mois. Le parti a survécu puis perdu toute sa crédibilité. Les dernières élections ne leur ont permis de briguer aucun siège.
La loi contre l'immigration survit
Nombreuses sont aujourd’hui les nouvelles fractions se proclamant « en rupture » qui luttent pour remplir le vide laissé à droite. Parmi elles, on trouve le ‘Parti populaire pour la Liberté’ (VVD) dirigé par un ancien parlementaire libéral, Geert Wilders ; ‘One NL’, mené conjointement par Joost Eerdmans, parlementaire ex-LPF et Marco Pastors, conseiller de Rotterdam ; le ‘Party for the Netherlands, placé sous la houlette d’ Hilbrand Nawijn, ex-ministre LPF. Ces formations sont rejointes par des noms comme ‘New Right’, ‘Our Netherlands’ et ‘Forza !Netherlands’. Tous se disputent les voix laissées par le parti de Fortuyn.
Non content de rompre le tabou sur le problème délicat de l'immigration, Fortuyn avait en outre remis en question la légitimité d’une élite politique autosuffisante. La facilité avec laquelle il a pu émerger dans le paysage politique a rappelé à la Hollande sa nature de pays démocratique, poussant de nombreux esprits contestataires à agir eux-mêmes.
Début septembre, le Commission électorale hollandaise a annoncé avoir reçu pas moins de 74 déclarations de candidature -dont 24 formations ont répondu aux critères de participation légaux exigés- pour seulement 45 inscriptions présentées lors des dernières élections. Parmi ces nouveaux venus : le ‘Parti pour les Animaux’, le ‘Parti des Fumeurs’, le ‘Parti des Jeunes’ ou le ‘Parti contre la Surpopulation’, ‘Tout en un’, ‘Ne votez pas’, ‘XyZyX 4U2’ ou encore le ‘PNVD’, plus connu sous l'appellation de parti pédophile et dont la légalisation récente a entraîné une vague de consternation dans le pays et à l'étranger.
Pourtant, aucun homme politique doué du même charisme que l’ancien leader du PLF n'a encore fait son apparition. De même, personne n'a réussi à convaincre les nombreux petits partis en conflit d'unir leurs forces. De plus, les anciennes formations classiques semblent avoir retenu la leçon Fortuyn. Tous tiennent un discours plus critique quant à l'immigration, n’hésitant pas à marcher sur les plates-bandes des populistes. Toutefois, le sujet a tellement été débattu que l'électorat semble lassé. Contrairement aux deux dernières élections, ce sont les sujets économiques qui dominent le débat cette année.
A gauche toute
Les Hollandais ont surtout l'air fatigués de l’amateurisme politique, récemment incarné par la débâcle du LPF. Malgré les nombreux sièges que les nouveaux Fortuyn se déclarent sûrs de gagner, seuls quelques uns se les partageront de fait. Les candidats qui n'emporteront aucun mandat sont légion. Le LPF et ses pâles copies n'est pas le seul parti à se voir puni par les votes. Le Parti libéral est embourbé dans une faible popularité, en raison notamment de désaccords internes. L'extinction des socio- libéraux, tenus pour responsables de la chute du dernier gouvernement, est un autre fait marquant.
Translated from Who is Right?