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Qui a peur du grand méchant Twitter ?

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CultureSociétéPolitiqueStyle de vie

Thermomètre numérique, moteur de révolutions sociales et politiques, caisse de résonnance des entreprises et des individus, pommade citoyenne sur les démocraties malades, acide corrosif pour régimes dictatoriaux, laboratoire de vidéos et de photos, chaîne de solidarité face aux catastrophes et plate-forme d’échange d’informations de toutes sortes…Twitter a-t-il créé l’opinion publique ?

On a collé beaucoup d’étiquettes à Twitter. Certaines sont trop grandes pour lui, voire ne lui vont pas du tout, en tout cas pour le moment, comme par exemple « agora du XXIe siècle », « nouvelle sphère politique » ou encore « cinquième pouvoir ». D’autres sont des variations autour de trois thèmes : un lieu, un moyen, un outil. Twitter se définit officiellement comme étant un espace virtuel auquel des personnes du monde entier se connectent pour savoir, en temps réel, ce qui se dit sur les sujets qui les intéressent.

@100 millions de personnes

C’est un lieu très fréquenté. Twitter compte aujourd’hui 100 millions d’utilisateurs actifs, et il est disponible en 17 langues. En janvier 2009, on envoyait deux millions de tweets par jour. En septembre 2011, on en était à environ 200 millions. Si l’on veut connaître les tendances du moment (ou les « Trends », pour ceux qui préfèrent Twitter en anglais) un peu partout sur la planète, il suffit d’entrer dans l’univers Twitter. Mais on peut s’inscrire et faire le choix de rester spectateur, regarder sans pour autant participer. 40% des utilisateurs actifs de Twitter ne se connectent que pour savoir ce qui est dans l’air du temps, sans participer de façon active en envoyant des tweets de leur cru ou en renvoyant les tweets des autres (« retweets »). Dans ce lieu se côtoient des entreprises, des gouvernements, des particuliers, des médias, des journalistes, des militants, des consommateurs, des stars de la pop… On y trouve des tweets publicitaires, des messages privés, des tweets sans intérêt et des « tendances » sponsorisées. Tous les tweets ne font pas de « l’analyse politique en 140 caractères » : suivre l’Eurovision au travers de Twitter, c’est quelque chose...

Cela dit, il est vrai que les utilisateurs de Twitter ne représentent qu’une partie de la société qui, par conséquent, ne peut pas prétendre incarner de manière fiable l’opinionpublique générale. Mais c’est malgré tout un lieu dans lequel peut se retrouver une grande partie de la société : celle qui a accès au réseau. Les « discussions » des utilisateurs sur Twitter peuvent finir par influencer plus ou moins fortement une autre sphère : le milieu politique.

Une #libertédexpression qui créée des révolutions ?

L’influence grandissante de Twitter sur ce milieu ne s’explique pas uniquement par l'augmentation exponentielle d’utilisateurs et de tweets. Elle est aussi due au rôle joué par le réseau social dans des phénomènes comme la révolution post-électorale de 2009 en Iran, la #spanishrevolution des #indignés, l’empreinte numérique des dirigeants politiques... Citons aussi le #jan25 en Égypte et les autres révolutions du « printemps arabe » qui, si elles n’ont pas germé uniquement sur Twitter, ont par contre trouvé dans cet espace virtuel l'oxygène suffisant pour pouvoir informer le monde entier, et fuir la censure à laquelle étaient soumis les médias dans ces pays.

Les médias traditionnels derniers auraient pu avoir peur de Twitter. Au lieu de ça, ils l’ont rejoint.

En tant que nouveau média, on parle de ce service privé de microblogging comme d’un canal par lequel l'information se diffuse de façon instantanée, et l’opinion se forme en marge du système des médias traditionnels. Ces derniers auraient pu avoir peur de Twitter. Au lieu de ça, ils l’ont rejoint, ce qui a déclenché une petite révolution en leur sein : ils l’utilisent pour diffuser leurs contenus et pour y trouver des sujets brûlants. D’un autre côté, ce canal a donné un élan indéniable à ce qu’on appelle le journalisme citoyen.

Car Twitter est un outil gratuit, qui comporte un algorithme secret, « en construction permanente », qui analyse le flux de tweets envoyés par ses utilisateurs. C’est cet algorithme qui décide quels sont les tendances et les sujets du moment, les plus actuels, en prenant en compte la rapidité avec laquelle un sujet se propage et prend de l’ampleur.

@Classe politique : suivre ?

Lieu, canal, outil…. Twitter est tout cela à la fois. Les utilisateurs du réseau social peuvent s’en servir pour participer en général ou pour prendre part de manière concrète au « devenir politique ». Et la classe politique peut également s’en servir, peut-être en réaction à cette participation, pour prendre le pouls de la société civile. Les peurs surviennent quand on imagine que Twitter pourrait être utilisé par des personnes mal intentionnées afin de contrôler les citoyens dissidents, ou qu’il pourrait être manipulable par des intérêts privés, camouflés derrière un algorithme. Ces peurs s’appliquent à n’importe quel instrument puissant. Personne n’a peur d’un outil en tant que tel. Par contre, tout le monde peut être effrayé par ce que l’on peut parvenir à faire avec.

Photos : Une, (cc) Richard Scott 33/flickr; Texte: carrotcreative/flickr; hashtag 17 février, People Open Graphic/ flickr; video: yagraphic/youtube

Translated from ¿Quién teme al Twitter feroz?