Qui a peur du grand méchant lobbyiste?
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Quand on veut se lancer dans une bonne vieille critique facile de l’Union européenne, il y a un terme qui permet d’assurer à tous les coups, c’est le terme « lobbying ». Balancez ça au détour d’une discussion de salon, et tout est dit.
Tout de suite nous viennent les images de producteurs de pétrole, de cigarettes ou autres produits nocifs pour le bon peuple, achetant les institutions européennes à grands coups de millions d’euros pour pouvoir continuer à faire leur business.
Bah oui, c’est vrai que depuis un bout de temps, Bruxelles c’est devenu la capitale mondiale du lobbying. Oups, pardon, on dit « représentation d’intérêt », c’est plus classe. En même temps, c’était un peu obligé. Quand on s’appelle la Commission européenne, qu’on n’a pas une thune pour faire des études à cause de ces rachots d’Etats membres, et qu’en plus on a pas vraiment de contact avec les citoyens parce que l’Europe, tout le monde s’en tape, il reste pas beaucoup de solutions !
Alors voilà, de comités en cercles d’études, de réunions en conférence, tout ce petit monde discute, négocie, s’oppose et puis trouve des « compromis acceptables » ou des « accords mutuellement profitables ». Finalement, Ségolène Royal, avec sa « relation gagnant-gagnant », elle a rien inventé.
Le problème, c’est que c’est devenu un peu le bordel. Y’en a tellement qu’on ne sait plus qui est qui et qui défend quoi. Surtout, y a des petits malins qui ont mis en place ce qu’on appelle des cabinets de conseil en affaires publiques. En gros c’est des gars qui t’expliquent comment faire pour être super balèze en influence des institutions de l’Europe. Des mercenaires quoi. Ils représentent personnes, ou alors tout le monde. Et ils se font un pognon pas croyable ! Bah oui, vu que l’Europe c’est super compliqué (enfin, c’est ce qu’ils veulent qu’on croit), eh bien ils facturent un max. Normal…
Sauf que ces gars là, ils sont peut être pas aussi bons qu’on le pense. Sur le site de Euractiv.com (très beau site d’info sur l’Europe, bien plus pro que moi…), on peut lire qu’une étude norvégienne (http://www.euractiv.com/fr/affaires-publiques/cabinets-conseil-privilegient-heures-facturables-expertise/article-167169) montre qu’en fait tout ce qu’ils font c’est faire du dossier sans se préoccuper de leur niveau de compétence. En gros, ils mettent plus d’effort à chercher leurs clients qu’à leur fournir un bon service.
Et ça me rappelle un réunion que j’avais eu dans une autre vie avec des représentants d’un de ces cabinets. Ils essayaient de nous faire la pub de ce qu’ils faisaient. Et tout ce qu’ils savaient faire, c’était frimer sur waouh ! les gros clients qu’ils ont, et sur yeeah ! leur niveau d’influence à Bruxelles, et gnagnagna… Pas un moment j’ai entendu des trucs sur leur niveau d’expertise, leurs talents, leur qualité de recherche ou leur compréhension de tel ou tel problème.
Et ces gars conseillent tout le monde ! Ils se la jouaient en disant que ce qu’ils disent se retrouve dans les directives qui sont votées et après ils nous expliquent que leur meilleur outil de recherche, c’est Google ! Ah bah bravo, ça valait le coup de payer autant !
Donc voilà, tous les anti-européens de basent ils disent : Ouais, l’Europe c’est superficiel, ils ne se préoccupent pas des vrais problèmes des vrais gens, et tout ça c’est la faute des vilains lobbyistes. Peut être… Mais en fait, le problème c’est pas que les gars à Bruxelles ils s’en foutent ou ils sont très vilains. Non, c’est peut être simplement que ce sont des quiches…