Québec : Maudits Français !
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Le Canada est connu pour être une terre d'immigration accueillante. Mais Montréal, la grande métropole du Québec, est un cas à part. Coincée entre deux influences anglophones, elle s'est toujours battue pour défendre la francophonie, élément-clé de la culture locale. Et c’est à bras ouvert qu’elle accueille tous les francophones. Une largesse que les Français de l’Hexagone lui rendent bien ?
L’eldorado des jeunes français
Là-bas, les Français occupent une place toute particulière. D’une part parce que le Québec et la France s'apprécient (on se souvient du fameux « Vive le Québec libre ! » lancé par de Gaulle). D’autre part parce que la belle province est un eldorado pour les jeunes français, qui veulent partir sans se confronter à un obstacle linguistique. En 2012, ce sont 6750 jeunes qui sont partis en PVT (permis vacances travail), un visa longue durée (1 an) permettant de travailler à l'étranger et renouvelable après de nombreuses péripéties administratives. Au total, environ 150 000 Français vivent au Canada. Ivan, parisien de 29 ans, est à Montréal depuis 1 an et demi : « Ici, la vie est douce », résume-t-il. Sarah, sa copine, Française aussi, ajoute : « Tout n'est pas centré sur le travail. La vie de famille a son importance. » Elle ajoute : « Si certains pleureront quelques acquis sociaux, le dynamisme du monde du travail pallie ces désavantages. » Les deux s'accordent à dire qu'ils ont un meilleur niveau de vie à Montréal qu'en France.
Comme des colons en territoire conquis
Toutefois, malgré cette bonne entente historique, un ressentiment se développe à l'égard des Français qui s'installent au Québec.La raison ? Ils se comportent comme des nouveaux colons et débarquent en territoire conquis, considérant l’endroit comme une annexe française. Sauf que les Québécois ont un rapport assez complexe à leur identité. Ils sont tiraillés entre des Français qui ne les reconnaissent pas et des anglophones qui gagnent du terrain. Le fait d'avoir conscience de descendre de colons français qui ont décimé les autochtones à l'époque n'arrangeant rien. Autre aspect de l'invasion, certains quartiers sont devenus inaccessibles car, fraichement débarqués, les migrants français acceptent des loyers largement supérieurs aux prix du marché. Julien, jeune montréalais fréquente des Français dans les rues de sa ville depuis longtemps mais constate « une sorte de ghettoïsation ». « Ils devraient d'avantage côtoyer des Québécois. […] Mais à qui la faute ? »
La langue française : dernier rempart de l’identité québécoise
Au delà de ça, il y a la difficulté à être considéré comme un peuple à part entière, francophone, au milieu de l'Amérique du Nord. La langue française devient donc un des derniers remparts de leur identité et un patrimoine à défendre corps et âme. D'ailleurs, leur français est plus fidèle aux racines historiques de la langue que le nôtre. Alors quand un nouvel arrivant s'autorise à reprendre linguistiquement son hôte, on comprend que ce dernier se froisse. Certains Français n'ont pas bien intégré le fait qu'au Québec, ce sont eux qui parlent bizarrement et avec un accent ! Pas étonnant de s'entendre dire continuellement que les habitants de l’Hexagone sont chauvins ! Julien a d'ailleurs souvent entendu dire « Ah ces maudits Français ! Ils pensent avoir tout inventé ! ». Finalement, les colons d'aujourd'hui sont bien semblables à ceux d'hier... Français !
Les français à l’étranger : un comportement indécent
Dans le fond, qu'il y ait beaucoup de français à Montréal n'est pas gênant. Le problème réside dans le comportement ignorant, de ce fait révoltant et insultant de certains d'entre eux à l'égard du Québec et de sa culture. Sarah commente : « Les nouveaux arrivés Français ne prennent pas le recul nécessaire ! » et s'amuse en parlant de « vieux coqs orgueilleux ! » Ces observations font écho à la lettre du consul de France en Australie qui, il y a quelques semaines, dénonçait le comportement indécent des routards français qui n'avaient aucun respect pour le pays qu'ils visitaient. Sommes-nous à ce point en mal de reconnaissance et jaloux pour chercher à s'imposer de la sorte ? Se reposer sur les lauriers d'une vieille réputation en décrépitude d'un peuple cultivé, bon vivant, romantique et n'en garder que le colonialisme, sous la forme d'une attitude snob et beauf.
Objectif : l’échange culturel
Heureusement, tous ne sont pas comme ça. Considérant leur niveau universitaire, les Français sont réputés travailleurs et efficaces. Et il existe quand même des nouveaux venus pour chercher à comprendre le fonctionnement de cette société et s'intéresser aux fondements d'une culture avec laquelle nous partageons la même langue. Beaucoup font alors l'effort évident d'intégrer un système de valeurs différent du leur. Plus encore, ils sont dans une véritable dynamique d'échange culturel. C'est bien là l'un des objectifs de la mise en place de programmes comme le PVT. Alors, pas le temps de niaiser, on se reprend en main !