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Quand un bruit de couloir se transforme en nouvelle

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Desiree

Bruxelles

Par Desiree Ketabchi Ce qu’il y a de plus intéressant d’un Sommet Européen ce sont les bruits de couloir. C’est ça ma conclusion après avoir assisté pour la première fois à une conférence de presse au Conseil Européen. Photo: © europeanpeoplesparty / Flickr 16 septembre, les chefs des États membres se réunissent à Bruxelles.

Je décide d’aller au Conseil le matin, juste pour tâter le terrain, et voir un peu ce qu’il se passe. Le hall est très animé, plein de journalistes qui vont dans toutes les directions, qui appellent, qui tapent à l’ordinateur…inutile de dire que je me sente un peu perdue ! Surtout que tout le monde semble savoir ce qu’il fait et où il va. Imaginez ma joie quand je croise une copine journaliste ! Devant un café, elle m’explique comment se passe la journée. Les journalistes, elle m’explique, passent toute leur journée ici. Même s’ils ont l’air très occupé, il n’y a pas grande chose à faire, il s’agit surtout d’attendre que quelque chose se passe. Parce qu’il faut essayer de capter quelques phrases, découvrir un scoop. La conférence de presse – à l’idée de laquelle je me sens toute excitée – n’est pas très intéressante. Je découvre qu’il y en a plusieurs, mais elles sont toutes au même temps. Elle me conseille plutôt d’aller à un des briefings nationaux, les conférences de presse tenues par les différents chefs d’Etats ou de gouvernements, parce que c’est à ce moment là que les journalistes posent les questions les plus épineuses, d’autant plus que la conférence générale est disponible sur Internet. Elle a raison, ça ne m’arrive pas tous les jours de voir Berlusconi en chair et en os ! Envie que mon cher Président ne partage pas apparemment, vu qu’il est parti sans même donner de conférence de presse.

J’ai attendu peut-être une demi heure devant la salle réservée à l’Italie sans savoir quoi faire, entourée de journalistes qui allaient et venaient, tous très occupés. L’ « attraction » du jour était la conférence de presse de Sarkozy, très critiqué pour sa décision d’expulser les Roms de France. A un moment donné, vu que la salle était toujours vide, j’avais demandé à un groupe d’italiens qui discutaient entre eux s’ils savaient à quelle heure Berlusconi serait arrivé. Ils m’avaient répondu qu’il était déjà parti, et qu’il n’aurait pas donné de conférence de presse. Quelle déception !

Parait-il que Sarkozy et Barroso aient eu une discussion animée pendant le déjeuner sur la question des Roms. Les cris auraient été audibles depuis le couloir. Je découvre tout ça le lendemain, en lisant l’article d’un journaliste italien que j’avais croisé la veille. Comment il a fait pour être au courant de tout ça ? Pourtant on était dans le même bâtiment ! J’essaie de m’imaginer la situation : un journaliste qui passe « par hasard » devant la salle où ils sont réunis, un autre qui écoute la conversation téléphonique d’un assistant… Je repense alors au moment où, à la fin de la conférence de presse de Van Rompuy et Barroso, la majorité des personnes présentes dans la salle se sont levées pour sortir, même si le Président du Conseil n’avait pas encore terminé la phrase. Où allaient-ils ? Aucune annonce avait été faite, et il n’y avait rien d’autre au programme, donc ça veut dire qu’il y avait quelque chose qui allait se passer, dont moi je n’étais pas au courant mais tous les autres oui. Les scoops on ne les découvre pas en écoutant la conférence de presse, mais dans les couloirs.

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