Quand 'Second Life' prend la première place
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sophie janodLa ville autrichienne de Linz accueillera du 5 au 11 septembre prochains l'un des plus importants festivals sur l'art numérique. Pour l'occasion, l’une des rues principales du centre sera recréée sur ‘Second Life’.
Conférences, tables rondes, installations interactives, simulations 3D et bien plus encore. C'est ce que promet l'Ars Electronica Festival, l’une des manifestations les plus importantes consacrées à l'art numérique en Europe. Quand la première édition a été inaugurée en 1979, il n'y avait ni Internet ni PC dans la cité autrichienne : car ils étaient vraiment très peu ceux qui pensaient que la technologie pouvait vraiment influencer la culture.
Linz était à l’époque une ville polluée, qui basait son économie sur les industries sidérurgiques et les aciéries, plutôt que sur la culture. Vingt ans plus tard, 'Ars Electronica' est devenu un rendez-vous incontournable, non seulement pour les aficionados du numérique mais aussi pour les philosophes, les juristes et les penseurs qui veulent aborder des thèmes allant au-delà de la technologie. La municipalité de Linz est devenue capable de faire parler d'elle et d'attirer les entrepreneurs comme les touristes.
Respect de la vie privée sur internet
« La manifestation est devenue un évènement symbolique pour la ville. Elle représente la volonté de changement, la recherche d'une nouvelle identité derrière les nuages toxiques des usines », affirme Gerfried Stocker, directeur du festival. Cette année, ‘Ars Electronica 2007’ propose un thème ambitieux et stimulant qui a inspiré de nombreux romans de sciences fictions, des écrits sombres d'Isaak Asimov et Philip K. Dick à ceux plus ‘engagés socialement’ de George W. Orwell et Ray Bradbury. Au programme donc, la question du respect de la vie privée.
« Dans une société qui avance à un rythme frénétique, » explique Stocker, « c'est notre responsabilité de nous poser des questions et de faire une pause pour réfléchir un peu. Notre objectif est de pousser les décideurs européens à étendre le droit au respect de la vie privée des citoyens. Internet est un magnifique vecteur de culture, mais trop souvent utilisé pour servir les intérêts commerciaux des multinationales sous le prétexte d’être un instrument censé satisfaire les besoin des utilisateurs. «
Il y en a pour tous les goûts…
La programmation d'Ars Electronica regorge de rendez-vous. Conférences dédiées au rapport entre médias, progrès et démocratie, expositions sur le design, présentations interactives d'œuvres et tables rondes rassemblant une partie des 500 artistes participants. L'un des évènements les plus attendus se déroulera dans la rue Marienstrasse, une artère du centre anciennement très fréquentée mais qui a vu fermer ses commerces en raison de la construction aux alentours d'un nouveau centre commercial.
Pendant une semaine, l’endroit retrouvera sa vivacité d'antan et sera recréée à l'identique comme son double virtuel existant déjà sur Second Life, la plate forme de simulation virtuelle de sociétés. Ce double numérique est censé souligner l’absurdité des « extrémismes technologiques » qui nous font souvent oublier que le monde réel est celui qui se touche avec la main, et non celui des pixels et des cristaux liquides.
… et ça va toujours plus loin
Pour la première fois, une antenne du festival sera également ouverte à Vienne et une nouvelle section inaugurée en Ukraine, à Kiev, dans le cadre du Festival du film d'animation, une manifestation dédiée aux animations numériques avec un programme exclusivement réservé aux moins de 20 ans.
Le festival de Linz accueillera en outre cette année de nombreux artistes en provenance d’Extrême-Orient. « Nous avons encore voulu faire preuve d'ouverture », explique Gerfried Stocker. « Pour atteindre notre objectif qui est de filtrer les signaux qui viennent du reste du monde, il nous faut être unis et collaborer ».
28 ans après ses débuts, la manifestation autrichienne continue donc de se développer. Cette année, elle a aussi attiré la société Microsoft, dont le logo figure parmi ceux des trois principaux sponsors de l’évènement. « Ils nous sponsorisent mais ne nous influencent pas », insiste Stocker. « Si nous évitons à la confrontation avec les grands acteurs rien ne changera », précise-t-il, « On doit avoir le courage d'instaurer un dialogue avec ces multinationales, en reconnaissant leur importance mais en cherchant à cutliver une approche proactive et critique ».
Crédits photos : Une foule (© ENESS/ www.aec.at)/Soundsofeurope (© Pascal Maresch/ www.aec.at)
Translated from Ars Electronica: quando la Second Life diventa First