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Quand les hôpitaux Russes partent en fumée

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Société

Tout s’est passé très vite.  Il a suffi de quelques minutes pour qu’un hôpital psychiatrique de la province de Moscou soit réduit en cendres à l’aube du 26 avril.

Les flammes ont écourté la vie de 38 personnes sur les 41 qui se trouvaient dans le bâtiment, inconscientes de la tragédie qui se préparait.

Seuls une infirmière et deux patients ont pu être sauvés.  Les voisins, tirés de leur sommeil par les cris, ont accouru immédiatement, mais n’ont rien pu faire de plus qu’assister au spectacle macabre. On dit que l’odeur de la chair brûlée reste gravée dans la mémoire à jamais.

Les pompiers sont arrivés une heure plus tard, seulement pour confirmer que les victimes n’avaient aucune chance de se sauver. La nuit s’est terminée par un désastre.

Les lumières de l’aube ont révélé un spectacle infernal. Le bâtiment était un piège mortel, parfaitement pensé pour que personne ne puisse en sortir : barreaux aux fenêtres, portes verrouillées, sorties scellées. Tout cela dans l’intérêt des patients eux-mêmes, soi-disant.

Mais le pire restait à venir. Les cadavres s’étaient entassés dans les couloirs : désorientés par la fumée et l’hystérie, les gens n’avaient pas su où aller. Les plus « chanceux », gisaient dans leur lit, emportés par le sommeil éternel. Grâce aux sédatifs, ils n’avaient pas senti les flammes les consumer vivants.

La principale explication avancée est que l’accident serait dû à une défaillance du système électrique. Cependant  les spécialistes jugent plus crédible l’hypothèse de l’incendie volontaire.  En effet, les autorités affirment que les accès n’étaient pas bloqués quand l’horreur a commencé.

PLUS DE 200 VICTIMES EN 8 ANS.

Cette hypothèse a pour but de minimiser les conséquences d’un événement devenu un problème récurrent en Russie. Et la malchance s’en est mêlée. La caserne la plus proche de l’hôpital se trouve à 50 km et quand les pompiers sont arrivés, non seulement ils n'avaient pas l'équipement approprié, mais ils étaient en retard à cause d’un embouteillage : le débordement d'un fleuve avait fait s'effondrer la route (un autre problème endémique à la Russie, dont nous reparlerons).

De telles situations mettent en lumière le manque d'infrastructures et l'état précaire de nombreux centres de santé de la Fédération. La plupart datent de l'époque soviétique, ce qui signifie que les équipements de sécurité sont quasiment inexistants.

Il n'est pas surprenant que cet événement, bien que tragique, soit déjà considéré comme un simple ajout pour l’année à des statistiques déjà affligeantes. Depuis 2005, déjà 200 morts ont été enregistrées, causées par des incendies dans des hôpitaux et des maisons de retraite.

Mais ce n’est que la partie émergée de l'iceberg, les feux « domestiques » font quotidiennement la Une dans tout le pays. Parfois sans pertes humaines, comme pour l’incendie qui a récemment balayé une partie de l'Université Russe d’Art Théâtral, ou au contraire, dans le cas terrifiant de la discothèque  « LeCheval Boiteux » à Perm,156 personnes ont perdu la vie pendant une fête le 5 décembre 2009.

Et qui peut oublier les images de ces gens désespérés qui, lors d’un incendie dans un bureau à Vladivostok qui a fait 9 morts en janvier 2006, ont préféré se jeter dans le vide plutôt que de périr par les flammes?

Après chaque tragédie on entend le même refrain : « cela aurait pu être évité  » ou encore « nous prendrons les mesures nécessaires pour faire en sorte que cela ne se reproduise plus. » Des déclarations contradictoires et creuses que l’on ne cesse de nous répéter, mais malheureusement les paroles s’envolent.

Les autorités se servent de ces périodes de deuil national pour se poser en garants de notre sécurité. Mais ce sont leurs multiples promesses, demeurées à chaque fois vaines, que le feu viendra purifier.

(Foto: Cortesía de oskarlin. Flickr )

Translated from Llamas en la noche. Un Enemigo mudo de Rusia