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Quand le Royaume-uni se reveillera...l'europe tremblera

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Maitre Sinh

Fr

Just an illusion

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Le Royaume-uni et la France se ressemblent finalement beaucoup sur le fond : ces deux pays, longtemps rivaux à l'epoque moderne, n'ont jamais encaissé la perte de leur statut de puissances mondiales.

Ci-contre 1971, manifestation PRO CEE au Royaume uni

La France issue des ruines de 1945 puis de la perte de l'empire se lance peu a peu dans une nouvelle voie, celle de l'Europe.

Certes, les illusions de grandeur "nationale" ne sont par mortes et polluent le débat démocratique sur l'Europe, jusqu'à aujourd'hui. Réputés pour leur chauvinisme supposé, beaucoup de français, de la gauche jacobine à la droite "souverainiste", continuent de surestimer la puissance de leur pays, encouragé en cela par le souvenir de la grandeur impériale perdue, et la tradition d'interventionnisme étatique, qui confond état et nation. Malgré leur poids, qui a fait peser la balance de leur coté a certains moments (échec de la CED, politique de la chaise vide...) la France trouve dans l'Europe une voie de rechange, une nouvelle direction avec et par laquelle continuer à exister et à peser sur le monde.

Les britanniques, eux, qui n'ont pas connu l'humiliation de la défaite et de l'occupation, continuent à se penser davantage et sans complexes comme une puissance mondiale, dans un superbe isolement. La réalité, démographique, économique ne cessera de relativiser ces prétentions durant l'après-guerre. Finalement, en raison de l'état de leur économie dans les années 70, il choisiront de rejoindre tardivement la CEE...sans jamais se décider pleinement à s'y investir, et sans faire le deuil de la glorieuse Pax Britannica.

Bref, on a beau dire que les britanniques sont pragmatiques,à y regarder de plus près, on en doute.

Le refus obstiné du passeport européen par Margaret tatcher (finalement arraché en retour du "rabais financier") en est un exemple. La volonté du gouvernement britannique de rejeter la charte européenne de droits fondamentaux, qui ne fait pourtant que réaffirmer des principes élémentaires dans les démocraties, est bien plus étrange encore pour l'un des plus anciens pays démocratiques, à l'époque ou la France était encore une monarchie absolue. La traditionnelle "europhobie" des tabloids Anglais n'a rien non plus de très raisonné.

Tout semble montrer un fond émotionnel très vif. Car si la France était une grande puissance coloniale, peut être un bon second, ce sont les Britanniques qui étaient durant plus d'un siècle LA puissance mondiale. Tombés de bien plus haut, ils ont, d'une certaine façon, bien plus de mal à tourner la page.

1971-uk.jpg Ci contre : Manifestation Anti-UE...

Et pourtant....la réalité, en dépit de tout, fait son ouvrage.

Le Royaume-uni est en Europe, c'est ainsi. Leur entrée dans le marché commun en 1973 était moins un choix qu'une affaire de bon sens et d'intérêt, car sans lui l'économie britannique se serait asphyxiée encore davantage. Cette entrée se fera d'ailleurs dans la confusion la plus absolue. Deux années à peine après l'introduction, un nouveau référendum a lieu pour sortir de la CEE... et les britanniques se prononcent à plus de 64 % pour y rester !

Ceux qui crient le plus fort ne sont pas toujours les plus nombreux...

Pendant les trente ans écoulés, l'histoire s'est accélérée. Le mur est tombé, et l'Europe s'est réunifiée. Les britanniques eux, sont désormais une écrasante majorité à considérer l'Europe comme leur "home", même si leur gouvernement traine les pieds et malgré les gesticulateurs.

La participation à la guerre en Irak marque ainsi un tournant. D'un coté, c'est le dernier avatar de l'illusion de grandeur nationale, celle d'être indispensable aux USA. En réalité, les britanniques ont surtout été un cautionnement moral à une guerre qui violait les principes internationaux, et que les Américains avaient avant tout besoin de justifier en s'entourant d'alliés, qui fussent portugais, roumains...ou britanniques, leur poid militaire contant moins que le fait de sortir de l'isolement politique.

D'autre part, le gouvernement britannique pritcette décision en dépit de l'opinion publique de son pays...et de celle de toute l'Europe. Si le gouvernement de Tony blair affiche son unité avec les USA, le peuple lui, n'en a jamais autant été éloigné... et aussi près des européens.

Un réveil...avec des sueurs froides ?

Et l'histoire s'accélère encore, en dépit de la décision du Royaume-uni de rester en dehors de l'euro, dont on peut se demander si elle n'est pas encore une fois, surtout inspirée par une idée (surévaluée) de la nation et de son autonomie. La crise financière américaine a clairement montré ( il suffit de regarder les cours des devises ) ce qui s'est passé en Europe : presque toutes les devises européennes "indépendantes" (dont la couronne danoise et la livre sterling) ont été malmenées et l'euro est grimpé en flèche.

comme dans les années 70, au plus grand est l'isolement, au plus dure s'annonce la chute, et le retour au pragmatisme. Le récent volte-face de l'Islande vis à vis de l'UE répète le schéma, et figure peut être un prélude.

ScreenShot007.jpgCi contre : cours de l'euro en livre Sterling

L'époque de l'argent facile et du splendide isolement semble être révolue. La livre sterling parait aujourd'hui bien fragile. Un coup d'œil sur la courbe montre la vitesse à laquelle la livre se rapproche de la parité avec l'Euro.

Comment s'imaginer en effet qu'un seul état, fusse-t-il la Grande-Bretagne, puisse avoir une monnaie plus solide que celle d'un groupement de la taille de celui de la zone euro, et avec les contraintes qu'elle s'est imposée ?

On a vu ainsi le spectacle mi surréaliste, mi pathétique du premier ministre Gordon Brown, s'excluant de fait des réuions de l'Eurogroupe lors de cessions de "crise", car ne faisait pas partie de la zone euro...puis "invité" sur la photo finale, après avoir poireauté dans l'attente de la décision de l'eurogroupe...

Si les britanniques agissent vraiment, enfin, en fonction de leur intérêt, ou pour éviter la catastrophe qui se profile, ils seront fatalement emmenés à rejoindre l'euro, ne serait-ce que pour y peser de tout leur poids et s'assurer de la stabilité de leur monnaie et de leurs échanges commerciaux avec leur premier partenaire. Sans parler d'éventuels besoins de financements et de capitaux.

Ce jour là , comme l'avait imaginé Emmanuel Todd, l'Europe, non contente d'être la première place économique (en terme d'échange commerciaux et de PNB), deviendra aussi, avec la City de Londres, la première place financière mondiale, drainant d'énormes masses de capitaux vers l'Europe. Et l'euro deviendra de très loin la première monnaie mondiale, avec tout ce que cela implique pour les européens eux même. Et pour lla suprméatie américaine du Dollar, dont ce sera le coup de grâce.

Il ne reste plus qu'à espérer que cela ne tardera pas trop, car l'entêtement nationaliste et le pire n'est jamais à écarter.

A l'heure ou toutes les cigales, de l'Islande au Royaume-uni, frappent chez la fourmi eurogroupe, peut être les européens devrait ils en discuter ouvertement en tirant ensemble les leçons de cette crise pour que l'euro prenne enfin tout son sens.

British brothers, let Europe Arise !

Références:

  • yahoo.com: cours de la Livre Sterling en Euro sur les 5 dernières années, jusqu'au 17 novembre 2008

  • European Navigator: manifestation britannique en faveur de l'entrée dans la CEE, 1971

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