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Presque la dolce vita gay

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Default profile picture Gaëlle Schweiger

CultureSociété

La capitale allemande jouit d’une réputation de véritable oasis de tolérance pour la communauté gay et lesbienne. Néanmoins, discrimination au travail et actes de violence font encore partie de la réalité.

Cela fait de nombreuses années que Berlin est considéré comme un véritable refuge pour celui ou celle qui désire vivre sereinement et au grand jour son homosexualité, sans être considéré comme un marginal. Si Paris, Londres, Madrid ou Amsterdam sont aussi jugées comme des cités gay friendly, Berlin fait figure de dernier îlot de tolérance avant l’Europe de l’Est. Car dans l’ex-bloc soviétique, les attaques répétées à l’égard des homosexuels, notamment dans la très catholique Pologne sont légion, suscitant régulièrement l’indignation des médias et des institutions communautaires.

Un musée dédié à la culture homosexuelle

A Berlin en 2007, on croirait revivre un come back des Années folles. Dans l’entre-deux-guerres, la capitale allemande était ainsi réputée pour son ouverture : le célèbre sexologue Magnus Hirschfeld luttait contre les discriminations en tous genres et les homosexuels étaient parfaitement insérés dans la société, avec leurs propres revues, leurs associations et leurs cabarets.

Arrive Hitler : l’obscurité et l’obscurantisme gagnent du terrain jusqu’aux années 1970. Cette époque tourmentée mais fascinante est présentée au Schwules Museum, un des rares musées consacrés à la culture gay, au 61 du Mehringdamm, dans le quartier de Kreuzberg.

« Le musée a été fondé en 1985 alors que la réalité homosexuelle ne bénéficiait pas de la même visibilité qu’aujourd’hui », explique son porte-parole, Gerrit Rohrbacher. « L’objectif n’est pas de montrer des biographies ou des documents de l’histoire gay mais dévoiler les multiples facettes de la communauté gay. » Aux yeux de Gerrit, « si un esprit de liberté et de tolérance souffle à l’heure actuelle sur Berlin, il reste néanmoins essentiel d’obtenir à terme les mêmes droits que ceux des hétérosexuels. Il est aussi indispensable que le mouvement gay conserve une conscience publique de lui-même

Schöneberg reste historiquement le quartier gay de la ville. Ligne 2 du U-Bahn [le métro berlinois], arrêt Nollendorfplatz. A la sortie de la station, un grand triangle rose fait office de monument dédié aux victimes du nazisme. Un triangle pour symboliser celui que les homosexuels portaient, cousu sur leurs uniformes dans les camps de concentration, où près de 7 000 d’entre eux périront. Un anonyme a déposé un petit bouquet de fleurs.

Avant la fin de l’année, un autre symbole sera installé à proximité de la Porte de Brandebourg : un cube blanc à l’intérieur duquel défileront les images d’un baiser entre deux hommes. Une œuvre réalisée par deux artistes scandinaves : Michael Elmgreen et Ingar Dragset. Autre lieux de rendez-vous gay incontournables de Schöneberg : l’historique librairie Bruno et le centre de consultation gay Mann-O-Meter.

Tolérante mais non sans problèmes

Autre haut lieu de la culture homo : Kreuzberg. Les tables des bars comme le SchwuZ et le SO36 sont toujours prises d’assaut par des couples de même sexe. « Le fait que Berlin soit une ville tolérante peut fausser la réalité », révèle Ale, un Italien qui a choisi la capitale allemande comme ville d’adoption. «Certes, on peut y vivre sans difficulté sa sexualité, il existe de nombreuses associations et le maire (Klaus Wowereit, ndr) est ouvertement gay. Mais des problèmes subsistent bel et bien comme en témoignent les régulières agressions des groupuscules d’extrême droite. »

Son compagnon, Teo, ajoute que « la vie homosexuelle est plus diversifée que celle des autres capitales européennes pour des raisons historique. Avant 1989, le mur avait séparé la ville en deux, rassemblant à l’Ouest les Allemands punk, communistes, homosexuels. » Ale lui fait aussitôt écho : « Les scènes gay et lesbienne coexistent de manière plutôt sereine et collaborent souvent. Les trans bénéficient aussi d’un large espace et la scène Queer émerge progressivement, réunissant tous les types de sexualité, sans distinction entre homo et hétéro. »

La difficile intégration des homosexuels turcs

Non loin du parc du Tiergarten, la Siegessäule, alias la colonne de la Victoire immortalisée par le réalisateur allemand Wim Wenders dans son long-métrage ‘Les Ailes du désir’, est le point culminant du Christopher Street Day, la gay pride version berlinoise qui, chaque année en été, parcourt la ville avec sa parade bigarrée.

«Peu importe qui ou ce que tu es : à Berlin, tu te sentiras à ta place. Mais ce n’est pas non plus le Paradis », explique Holger Wicht, rédacteur en chef de ‘Siegessaüle’, une revue historique pour les gays et lesbiennes créée il y a 22 ans.

« Les jeunes éprouvent encore un certain malaise à déclarer leur sexualité et que le mot ‘schwul’ [homo] est toujours considéré comme une insulte », souligne t-il. Holger pointe encore du doigt la difficile intégration des jeunes homosexuels turcs, la communauté étrangère la plus nombreuse d’Allemagne. « La situation va de mal en pis, aussi du fait que ces jeunes hommes doivent tenir compte de leurs famille et culture d’origine. Mais en ville, des initiatives multiculturelles sont de plus en plus fréquemment organisées. »

Ne pas se fier aux apparences. Le nombre de sujets restent préoccupants, comme la discrimination au travail et la loi sur les unions civiles, en vigueur depuis 2001, qui ne garantit toujours pas aux couples de même sexe les mêmes droits qu’aux hétéros.

Translated from La dolce vita gay della capitale