Présidentielle 2017 : revue de deux mondes
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[OPINION] Le premier tour des élections présidentielles a livré son verdict : Emmannuel Macron et Marine Le Pen s'affronteront au second tour. Mais derrière le duel attendu, les résultats ont aussi révélé une France divisée sur l'Europe et la mondialisation.
Les sondages ne se sont pas trompés. Accusées de tous les maux après la jurisprudence Brexit/Trump, les enquêtes ont vu juste en annonçant depuis des semaines le duel du second tour de l'élection présidentielle française. Avec respectivement 23,9% et 21,4% des voix, Emmanuel Macron et Marine Le Pen remportent le premier tour et s'affronteront lors du deuxième scrutin organisé le 7 mai prochain.
Ces mêmes enquêtes d'opinion avaient aussi prévu, depuis une dizaine de jours et dans le bon ordre, les quatres premiers vainqueurs du scrutin. Car à bien y regarder, les résultats de cette première élection révèlent surtout un quator de tête composé de deux finalistes suivis de François Fillon (19,94%) et de Jean-Luc Mélenchon (19,62%). Si la carte électorale laisse transparaître deux couleurs dominantes, c'est bel et bien d'une France coupée en quatre dont il s'agit. Au lendemain des résultats, la campagne de tarés à laquelle nous avons assisté livre donc un enseignement inédit : les Français se sont pliés en quatre en soutenant des projets considérablement distincts qui structurent eux-mêmes des avenirs très différents.
D'une courte tête, c'est Emmanuel Macron qui s'échappe avec la plus grosse part. Impensable lors de la fondation d'En Marche! il y a un an, la victoire du candidat de 39 ans s'est consolidée au fur et à mesure de la campagne en séduisant un électorat aussi large que nouveau composé de personnes diplômées, aisées et pro-européennes. L'électorat de Marine Le Pen s'est en revanche très vite constitué. Considéré comme acquis pendant la campagne, il se compose de personnes dites « défavorisées », peu diplômées et inquiètes pour leur avenir. La carte de France de ce premier tour nous propose aussi une distinction presque parfaite entre l'est et l'ouest du pays. Elle se juxtapose en réalité très bien avec celle des sans-diplômes et des régions qui souffrent le plus du chômage. À l'ouest, les régions les plus diplômées et les moins touchées par le chômage ont voté Macron. À l'est, les endroits de France qui comptent le moins diplômés et les plus importants taux de chômage ont voté Le Pen. Rappelons que les mêmes corrolaires ont été soulignés aux lendemains du Brexit et de la victoire de Donald Trump.
Cela n'explique pas tout, loin s'en faut. Mais le duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen sera à nouveau l'occasion de voir s'affronter deux projets que tout oppose. Pendant deux semaines, il mettra également aux prises deux camps dont la bataille idéologique est en train de caractériser notre époque : les perdants de la mondialisation dans un coin, les gagnants de l'autre. Et devinez qui pourrait être l'arbitre en France ? L'Europe. Sacré come-back non ?