Présidentielle 2017 : l'Europe peut-elle souffler ?
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Flavie PrieuxCe dimanche, ce sont Emmanuel Macron du mouvement En Marche! et Marine Le Pen du Front National qui se sont qualifiés pour le second tour des élections présidentielles françaises. Certains commentateurs sont soulagés, étant persuadés que Macron va facilement battre Le Pen. Vraiment ?
Italie : Une bonne nouvelle pour l’Union européenne, La Repubblica.
Grâce à Macron, l’UE peut encore être sauvée, commente La Repubblica, enchantée : « Pour tous ceux qui voient l’Europe comme un obstacle, une victoire de Marine Le Pen serait du pain béni tandis que le triomphe d’Emmanuel Macron serait sans conteste un effroyable revers. Depuis le décès de François Mitterrand, la France a été gouvernée par des présidents peu enthousiastes sur l’idée d’intégration européenne, comme Chirac, ou trop peu impliqué pour donner à cette intégration l’élan nécessaire, comme Hollande. Une victoire de Macron est susceptible d’accélérer considérablement le projet d’une Europe à deux vitesses jusqu’alors seulement porté par Merkel. Une Europe robuste, économiquement, politiquement et militairement plus intégrée, pourrait marquer un changement dans la balance géopolitique, au détriment de ceux qui rêvent d’une UE faible ou non-existante. » (Article publié le 24/04/2017).
Slovénie : Retour vers le futur, Delo.
Le premier tour de l’élection française a laissé à Delo un goût de déjà-vu : « L’histoire ne se répète pas toujours mais en un sens, les Français sont de retour en 2002, après le premier tour des élections présidentielle, quand Jacques Chirac et le nationaliste Jean-Marie Le Pen se sont qualifiés pour le second tour mais que ce dernier a ensuite été battu à plates coutures. Cette fois, les Français connaissent aussi un "retour vers le futur", et en ce moment, à mi-chemin de l’élection de leur nouveau président, on ne peut qu’espérer que les choses se passent de la même manière – et que les électeurs ne soient pas séduits par Le Pen. Parce que si l’esprit humaniste de l’Europe se perd en France, il sera perdu pour tout le monde. Macron lui y croit, et il croit tout autant dans le projet européen. Sa potentielle victoire au soir du 7 Mai ne marquerait pas la fin de ce projet. » (Article publié le 24/04/2017).
Suisse : La menace de front, Neue Zürcher Zeitung.
Pour le Neue Zürcher Zeitung, une victoire de Marine Le Pen au second tour reste une menace : « L’ultranationaliste Marine Le Pen est maintenant aux portes du Palais de l’Élysée. C’est une femme aux convictions claires. Même si elle clame n’être ni de droite ni de gauche, ses positions sont fondamentalement dans le spectre de l’extrême droite politique : un État fort donne les ordres, c’est aux gens d’obéir. Il y a peu de place pour la liberté et les responsabilités personnelles (…) Les sondages lui prédisent une défaite cinglante au second tour. Mais on ne peut plus compter sur le « front républicain » contre l’extrême droite, et une victoire de Marine Le Pen est aujourd’hui possible – si assez de conservateurs se rallient à sa cause et qu’assez d’électeurs de gauche déçus s’abstiennent de voter. Pour vaincre Le Pen de façon convaincante, Macron devra s’affirmer. Son joli minois ne fera pas tout. » (Article publié le 24/04/2017)
République tchèque : le véritable challenge de Macron, Noviny.
Même si Emmanuel Macron remporte la présidentielle, il aura encore beaucoup de choses à prouver selon Lidové Noviny : « Il doit consolider sa position dans ce second tour, mais même après, il n’aura pas encore gagné, car cet été, la France doit élire un nouveau Parlement. L’expérience montre que les votants ne vont pas forcément soutenir Macron. Son nouveau mouvement En Marche ! en est encore à ses premiers pas (…) Les Français comptent sur la possibilité d’une cohabitation, c’est-à-dire d’un gouvernement avec un président et un premier ministre avec des orientations politiques différentes. Dans le pire des cas, c’est une position faible qui attend Macron, où il n’aurait de réelle influence que dans les domaines de la diplomatie et de la défense. Ce serait une mauvaise nouvelle pour l’Europe. Presque aussi mauvaise que si Le Pen emportait la victoire. » (Article publié le 24/04/2017)
Portugal : L’Europe divise les Français, Observador.
La vérité, c'est que la France est un pays divisé après le premier tour des élections, observe l’Observador : « En votant pour Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, plus de 40% des Français ont voté contre l’UE et l’euro. Presque autant que ce qui ont voté pour en exprimant leur choix pour Emmanuel Macron, François Fillon et Benoît Hamon. La France se révèle donc tout aussi divisée que son voisin le Royaume-Uni l’année dernière pour son referendum sur le Brexit. Mais il y a une grande différence : tandis qu’au Royaume-Uni les gros partis sont encore là, les deux grands partis français qui ont fait son histoire ne sont pas présents au second tour. Une première. Le problème, toutefois, n’est pas la marginalisation des Gaulliste et des Socialistes. Le problème, c’est que ni le pro-européen Macron, ni l’anti-européenne Le Pen ne sont une vraie alternative. » (Article publié le 24/04/2017)
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Article rédigé en partenariat avec euro|topics
Translated from Can Europe relax over France's election result?