Prendre le vélo à Bruxelles, c’est osé !
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Federico PoggiBruxelles - Roel Hoenders Traduction de Mana Livardjani
Le samedi 30 juin dernier, près de soixante-dix personnes (presque) toutes nues ont fait le tour de Bruxelles à vélo.
L’objectif de cette action était de sensibiliser le public à la fragilité des cyclistes dans la circulation routière de la capitale, et d’attirer l’attention sur l’avidité croissante (et inconsciente) de pétrole dans le monde d’aujourd’hui. Au départ de la Place de la Monnaie - Muntplein, la balade s’est terminée deux heures plus tard Parc du Cinquantenaire - Jubelpark.
Les participants, dont quelques uns étaient bel et bien en tenue d’Adam, portaient en majorité un pudique petit bout de tissu. L’appel à la nudité a été un argument pour attirer un peu plus l’attention sur la parade ; rien à voir avec un quelconque exhibitionnisme. Pour les organisateurs, le vélo est un symbole de liberté et un moyen de transport urbain révolutionnaire : pratique et efficace, le vélo est aussi écologique et amusant ! En plus, pas besoin d’énergie fossile, donc pas de dommages pour la planète ! Voilà le message du défilé, faisant écho aux valeurs du nudisme qu’il mettait en scène.
Le fait que Bruxelles ne soit pas très accueillante pour les cyclistes était récemment à l’ordre du jour du Conseil Communal, en lien avec le projet Cyclocity. Pour les habitants ou même les touristes de Bruxelles, cette initiative n’est pas passée inaperçue : beaucoup ont remarqué les vélos disponibles à la location un peu partout en ville, mais qui en a vraiment utilisé ?
Depuis septembre 2006, ces vélos verts peuvent être pris et remis à différentes bornes réparties dans la ville. Cependant, d’après le groupe politique conservateur de Bruxelles (MR), ce projet n’est pas un succès puisque seulement cent vélos sont loués chaque jour. De plus, en vertu du contrat qu’elle a signé pour cette initiative, la Commune de Bruxelles doit financer 7,33 € pour chaque vélo loué.
L’ennui c’est que ce projet attire essentiellement des touristes, et ce en raison des emplacements des bornes à vélos, situées dans des lieux peu pratiques pour les habitants de Bruxelles eux-mêmes. Un des principaux objectifs de ce projet était d’inciter les autochtones à la location mensuelle de ces vélos, pour une utilisation quotidienne qui devait réduire les embouteillages qui bloquent chaque jour la ville. Alors qu’un projet similaire à Barcelone a attiré 20 000 membres les deux premiers mois, Bruxelles n’a pas encore rencontré le succès escompté.
Pourtant, au-delà de l’emplacement des bornes, un autre moyen d’attirer plus d’usagers locaux serait d’offrir la première demi-heure d’utilisation. Cette offre pourrait assurer le succès de l’opération et fidéliser les habitants, comme cela a été le cas à Vienne ou a Lyon, où 98% des vélos étaient empruntés pour un trajet de moins de trente minutes.
Finalement, ce projet devrait être étendu aux autres communes de la région Bruxelles-Capitale, et ne pas se réduire au centre ville. De cette manière, les Bruxellois pourraient plus facilement délaisser leurs voitures et monter sur un de ces vélos en (libre) service.
D’après le Conseil Communal lui-même, il est encore trop tôt pour dresser le bilan du projet puisqu’il n’a pas même un an. Ce serait dans tous les cas dommage que le succès ne soit pas au rendez-vous, alors que ce projet peut réellement améliorer la qualité de vie à Bruxelles. Il pourrait en effet contribuer à la sécurité et la qualité des pistes cyclables de Bruxelles. En dehors des seuls cyclistes, l’ensemble de la communauté pourrait bénéficier d’une amélioration de la qualité de l’air et de la circulation automobile dans la capitale Belge. Bien sûr, un atout précieux pour attirer de manière durable les cyclistes à Bruxelles serait de voir enfin la pluie s’arrêter !
Roel Hoenders
Translated from Cycling is sexy