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Pourquoi les féministes ne peuvent pas flirter ?

Published on

Story by

Lea Sauer

Translation by:

Tifenn Deslandes

Style de vie

Lorsque l'on débat sur la frontière entre le fait de flirter et le sexisme, une chose revient souvent : flirter est un jeu. Le résultat est que l'on attend souvent des hommes, plus souvent que des femmes, de faire le premier pas. Si les règles ne sont pas respectées, c'est la fin du jeu. Mais pourquoi les féministes et les femmes qui ont confiance en elles ne sont-elles pas autorisées à jouer ?

 D'après le rapport britannique sur le flirt, 64% des femmes interrogées n'ont jamais abordé un homme car « ce n'était pas approprié pour une femme » de le faire ou parce qu'un « homme abordera de toute façon une femme s'il est intéressé ». Et c'est tant mieux si ces dames ne prennent pas l'initiative, après tout, les femmes qui abordent les hommes sont généralement des femmes aux mœurs plus légères que les autres. Étrangement ce n'est pas seulement les hommes qui pensent que l'initiative doit être prise par le sexe fort puisque d'après une enquête d'Elite Partner, 50% des femmes entre 17 et 29 ans pensent que ce sont les hommes qui doivent faire le premier pas.

« Tu sais, il y a des règles très claires »

Je me disais que je n'avais jamais vraiment pensé à cela. Ma féministe de mère m'a enseigné qu'en tant que femme je devais exprimer mes envies haut et fort. Et c'est comme cela que j'agis lorsque je flirt. Si je vois quelqu'un qui m'intéresse, je vais lui parler. Si je suis d'humeur à en savoir plus, je lui demande s'il a du temps à m'accorder. Si j'apprécie quelqu'un, je luis dis. Juste comme ça. Sans arrières pensées. Et lorsque j'ai envie d'aller plus loin j'ai ... et bien, pas vraiment de chance. Est-ce que je suis trop émancipée pour draguer ? J'ai demandé à Tom – un gars avec qui j'ai flirté qui, comme tous les autres, n'est pas devenu un amant mais un ami – les raisons de mes échecs. Où étaient mes erreurs ?

« Tu sais, au début je pensais que tu voulais simplement t'envoyer en l'air tellement tu étais directe dans ta façon d'être. Puis je me suis dit que tu étais tombée amoureuse parce que tu avais un intérêt sincère pour moi. A la fin j'étais déboussolé. Mais tu sais, beaucoup de filles sont comme toi. Vous ne suivez simplement pas les règles. Mon conseil : les mecs veulent chasser ! Soit juste une charmante petite fille et tu auras qui tu veux. »

Alors c'est aussi simple ? Je jette les leçons d'émancipation de ma mère aux orties, je joue à la charmante petite fille et ça me tombera tout cuit dans le bec ? Les hommes ramperont à mes pieds ? Dans ce cas l'émancipation féminine n'a pas l'air d'avoir pénétré le monde de la séduction. Après tout, les règles que Tom m'a expliqué sont, en gros, des clichés sexistes dans le genre puriste. Le chasseur (l'homme) ayant des vues sur une déesse (la femme) essayera de la séduire. Il procédera avec tact et déploiera sa stratégie. Si la femme est intéressée, elle lui donnera éventuellement son numéro. L'homme la rappellera alors après un certain nombre spécifique de jours (de deux jours et demi à trois). La femme doit alors gentiment attendre et espérer que l'homme la « choisisse ».

Discrètement? Non merci! 

« Garde à l'esprit de rester à distance. Alors tu paraîtras encore plus attirante. Reste calme et aimable, pas trop confiante, ça refroidit les hommes. » Ah bon.

Cette relation entre les clichés de genres et les règles de l'engagement semble vraiment fatigante. Est-ce que je dois vraiment prendre ses règles sérieusement ? Sont-elles même possiblement basées sur des faits biologiques ? Le chasseur et la proie, etc ? Peut-être trouverons-nous des précisions dans la sociologie plus que dans n'importe quelle autre science. Du moins c'est ce qu'affirme Eva Illouz dans son livre; Pourquoi l'Amour fait mal : une explication sociologique (2011). Alors qu'il était à la mode au XIX siècle pour un homme de s'engager auprès d'une femme, les hommes d'aujourd'hui en auraient extrêmement peur. Ceux que l'engagement ne rebutent pas sont d'ailleurs devenus, pour les femmes, un produit rare sur le marché.

Les hommes auraient le contrôle et pourraient choisir les femmes qui les intéressent. Donc, comme écrit ci-dessus, s'il est intéressé, il viendra me parler. C'est aussi pour cette raison que le rapport britannique sur le flirt affirme que la femme a plus de chance d'être gagnante en restant passive, et ce même si d'autres études montrent que 72% des hommes souhaitent être abordé par une femme. D'accord... où est la logique ? Alors les hommes préfèrent les femmes émancipées et confidentes ? De mon point de vue, le flirt est toujours régit par des clichés sexistes et archaïques à propos des hommes et des femmes, qui disparaîtront une fois que vous vous affranchirez des préjugés de ce que doit être « un flirt réussi ». Ça me semble trop calculé pour moi. Après tout, si vous considérez flirter comme un produit de base sur le marché de la relation entre hommes et femmes, dans lequel vous devez agir de la manière la plus efficace, vous pouvez dire adieu aux « moments magiques spontanés ». Car dans ce cas, où se trouvent l'excitation et le jeu? Peut-être devriez-vous y repenser et ne pas le prendre trop sérieusement, après tout le flirt est un jeu ! Et c'est précisément la raison pour laquelle il n'y a pas de règles. Alors les enfants, faites comme vous le souhaitez !

Flirter à Berlin : Info ou intox ?

Les Allemands ne savent pas draguer ? Un préjugé aussi vieux que la civilisation et pourtant toujours aussi vivace. cafébabel met les pieds dans le plat pour découvrir le mystère de l'Amour. Si vous pensez connaître l'ultime stratégie de l'Amour, envoyez nous un email à [email protected] !

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Translated from Warum Emanzen nicht flirten können