Pourquoi je ne prierai pas pour Paris
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[OPINION] Suite aux attentats de Paris du vendredi 13 novembre dernier mais surtout après que le hashtag #PrayForParis a inondé les réseaux sociaux, un Français exprime son désaccord ainsi que son ressentiment vis à vis de la religion.
Depuis vendredi soir et les attentats de Paris, je suis choqué, bouleversé et malheureux comme tout le monde ou presque. Mais je ne prierai pas pour Paris.
D'abord parce que, pour moi, la prière est indissociable de la religion et de la croyance en un dieu, et que comme je ne crois en aucun dieu ou force surnaturelle je ne me vois pas me mettre à prier.
Ensuite parce que pour moi les religions sont en partie, même si c'est une petite partie, responsables de ce qui est arrivé vendredi. La spiritualité est une démarche individuelle respectable et chacun a le droit de choisir son chemin, de croire ou pas en Jésus, Allah, Yahvé, Bouddha ou quoi que ce soit d'autre.
Mais la religion, c'est autre chose. Dans toutes les grandes religions, il y a des textes sacrés que l'on ne peut pas remettre en cause puisque c'est la parole de Dieu… Cela amène obligatoirement, à un moment ou à un autre de l'intolérance que l'on retrouve de manière plus au moins violente dans l'histoire : plus une religion a du pouvoir dans un pays, plus elle se montre intolérante envers ceux qui ne suivent pas ses préceptes. Alors je veux bien croire à la sincérité des dignitaires musulmans, chrétiens ou juifs qui nous expliquent que la religion ce n'est pas cela mais je ne suis pas d'accord : non messieurs, la religion, hélas, c'est aussi cela : ce sont les manifestants contre le mariage pour tous ou l'avortement qui se réclament du christianisme et qui peuvent aller jusqu'à tuer des médecins pratiquant des avortements, les tarés terroristes qui pensent suivre l'islam, des colons juifs refusant de partager leur terre avec des arabes ou des bouddhistes birmans persécutant la minorité musulmane… Toutes les grandes religions prêchent d'abord l'amour de son prochain mais toutes y ajoutent des conditions. Des millions de gens dans le monde suivent l'esprit de leurs textes sacrés, et font du bien autour d'eux, mais il y aura toujours des abrutis pour vouloir les suivre en partie ou en totalité à la lettre.
De plus, à la suite des attentats de janvier ces mêmes dignitaires religieux, après avoir crié leur indignation devant ces actes odieux et appelé à prier pour les victimes ont, les semaines suivantes, dit et répété combien le blasphème pouvait blesser les pratiquants de leurs religions respectives : quelque part ces mécréants avaient pris des risques…
Je ne sais pas si je détiens une quelconque vérité, je doute, mais en général celui qui doute, contrairement à celui qui croit, ne prend pas les armes pour défendre ses doutes.
Alors voilà, je pleure pour Paris, je pense à Paris je voudrais pouvoir entourer les proches des victimes de toute l'empathie et la tendresse dont je suis capable mais je ne prie pas, non, je ne prie pas.