Pourquoi je kiffe toujours Orelsan. Même si.
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Le verdict est tombé ce 18 février, Orelsan est relaxé. La Cour d’appel a jugé qu’« il serait attentatoire à la liberté de création que de vouloir interdire ces formes d’expressions ». Il était poursuivi pour injures et provocation à la violence à l’égard des femmes. J'étais mitigée par rapport aux poursuites. En tant que femme, je boycotte ou pas ?
Les paroles qui lui ont valu les foudres des associations comme les Chiennes de garde, le Collectif féministe contre le viol ou la Fédération nationale solidarité femmes : « Ferme ta gueule ou tu vas te faire Marie-Trintigner », « Renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j’peux t’faire un enfant et t’casser le nez sur un coup de tête », « Les féministes me persécutent, comme si c’était d’ma faute si les meufs c’est des putes ».
En tant que femme et féministe modérée, ses paroles misogynes et sexistes, entre autres, celle qui fait référence à la mort tragique de Marie-Trintignan, m’ont quand même dérangée. C’est chaud. Je me suis dit « ouais, là il y va fort ». Mais au fond, quand tu connais l’artiste et le bonhomme, tu prends tout au second degré. Ou comme dirait Booba, au 1 degré 5.
Les associations féministes qui avaient engagé les poursuites, et pas seulement elles, sont sous le choc. Libération publie « L’affaire Orelsan, ou la dérive de la notion de liberté de création.» Le Figaro, pareil « L’affaire Orelsan, Marie Trintignan et les limites de la liberté d’expression. » Et ce n’est pas faux, où s’arrête la liberté d’expression et y a-t-il une limite à ne pas franchir ? Ces femmes n’ont pas totalement tort. Elles se battent tous les jours contre les clichés misogynes dont elles font sans arrêt l’objet. Moi y compris.
Du coup j’étais perplexe. Faut-il boycotter l’artiste pour autant ? Je ne pense pas. Si tu prends le recul suffisant, que tu restes objectif, il reste un bon rappeur et lyriciste. Orelsan, c’est ce rappeur à l’apparence un peu paumée qui se démarque de ses compères au profil Gangsta. Lui, il mise sur sa plume aiguisée et sa vie « ordinaire ». Son album Le chant des sirènes avait fait un carton en 2011, et quand tu écoutes des sons comme La terre est ronde ou Si seul, tu comprends pourquoi.
J’ai appris à écouter le rap d’une autre oreille. Il y a le rap conscient, puis il y a le rap « hardcore » d’Orelsan, et des autres. Il suffit d’écouter et de faire la part des choses. Je préfère détester et m’offusquer des propos d’un président turc qui affirme, sans aucun second degré, que « les femmes ne doivent pas être considérées comme les égales des hommes » que de boycotter tous les rappeurs qui enfile cette image de gros dur, machiste pour interpréter leur personnage, mais qui au fond sont juste des artistes décomplexés.