Pour une Europe écossaise
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alexandra dubourgetMalgré les récents « non » de la France et des Pays-Bas à la Constitution, les 16 et 17 juin à Bruxelles, le Conseil européen sera prêt à planifier le budget 2007-2013. Pour répondre concrètement aux problèmes qu’a soulevé le rejet du Traité.
Depuis toujours l’Europe et l’argent sont en étroite relation : pas seulement parce que l’Union européenne est issue de l’intégration économique de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), mais aussi parce que l’Europe coûte cher. Afin d’éviter le sujet, on parle d’Europe politique contre le marché unique, de puissance civile contre la puissance militaire, de subventions sociales contre la libéralisation du marché du travail. Pour ne pas se salir les mains avec les nouveaux euros, les hommes politiques ont même réussi à se dissocier de la Banque Centrale Européenne de quelques orientations politiques.
Mais les Européens aiment l’argent. Comme le démontrent le débat déclenché par la Constitution européenne en France et aux Pays-Bas, et la réélection de Tony Blair, malgré la question iraquienne, un portefeuille bien rempli ou l’espoir de postes de travail semblent plus importants pour la population qu’un ministre des Affaires étrangères de l’UE promis dans le Traité constitutionnel. Et pourtant, même si le budget européen pour la période 2007-2013 va être défini, la presse européenne semble ignorer le sujet de l’argent à Bruxelles, laissant le monopole du débat sur les Perspectives financières de l’Union européenne à la diplomatie et donc aux vetos croisés des positions opposées et aux égoïsmes nationaux.
La guerre financière devrait plutôt ouvrir le débat sur les solutions possibles à la crise du modèle européen. Dans une période noire pour les économies des pays de la vieille Europe, renoncer à parler d’argent signifie éviter de donner les premières réponses aux problèmes concrets qu’ont contribué à poser des millions d’Européens en rejetant Constitution européenne.
Il y a une Europe qui impose à ses propres dirigeants le principe de « no taxation without representation » établissant que sans consensus démocratique pas même un penny ne pourra être sorti de la poche du contribuable. Aujourd’hui la transparence, l’efficacité et le contrôle démocratique dans l’utilisation de l’argent publique peuvent devenir le levier nécessaire à redonner une crédibilité à une Europe autrement otage de l’immobilisme de ses étoiles filantes que sont Jacques Chirac et Gerard Schroeder .
Alors, en mettant de côté les rêves constitutionnels, il serait mieux de devenir un peu écossais. Apprendre à épargner et à mieux dépenser, à réformer les frais anachroniques et injustes comme la Politique Agricole Commune (PAC) et à respecter ses propres engagements en investissant dans l’Agenda de Lisbonne. Ne plus distribuer des cadeaux aux régimes dictatoriaux ni corrompre les domaines pour la coopération au développement. Et Mettre fin au scandale ambulant d’un Parlement européen qui fait la navette entre Strasbourg, Bruxelles et le Luxembourg.
Translated from Per un’Europa “scozzese”