Pour des noms de domaines en caractères latins
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L'organisation qui gère le système de nom de domaine vient d'annoncer qu'elle autorisera, à partir du 16 novembre 2009, tous les caractères possibles et imaginables ... c'est-à-dire plus de 100 000 ! Un beau symbole de multipolarité mais un pas en arrière pour la communication entre les peuples. Opinion.
Cela fait longtemps que les Européens, puis les Occidentaux se sont habitués à l’idée de perdre progressivement leur emprise sur le monde. Dernier exemple en date, la reconnaissance du G20 comme pilote de l’économie mondiale en lieu et place du G8. Mais si ce dernier exemple est une bonne nouvelle pour un monde plus uni, les dernières nouvelles venant de l’Icann (Internet corporation for assigned names and numbers), le sont bien moins.
« Le plus grand changement technique d’Internet depuis sa création il y a quarante ans »
Cette autorité de régulation d’Internet vient en effet d’annoncer qu’à partir du 16 novembre 2009, elle acceptera les noms de domaines en caractères non latins. En clair, on passera des 37 caractères actuellement acceptés à plus de… 100 000. De l’arabe au chinois, en passant par les terribles accents de la langue française, tout le monde devrait trouver son bonheur. Selon le président de l’Icann, Peter Dengate Thrush, il s’agit du « plus grand changement technique d’Internet depuis sa création il y a quarante ans. »
Mais le marketing de l’Icann est trompeur : dans une vidéo, l'un de ses responsables prétend qu’un tel changement permettra d’avoir « un seul monde, un seul Internet, tous connectés » ( « one world, one Internet, everyone connected »). A y regarder de plus près, l’ouverture aux caractères non latins va créer des obstacles insurmontables entre les individus du monde entier. Comment prétendre que l’Européen moyen pourra ne serait-ce que saisir les caractères chinois ? Certes, c’est un beau symbole pour la bonne conscience d’Occidentaux à l’approche vaguement post-colonialiste ; les tenants du monde multipolaire seront ravis d’une telle avancée pour l’humanité et les registrars nationaux (les organismes, publics ou privés, qui assurent la gestion des noms de domaine) vont avoir un nouveau marché pour leurs « produits ». Mais la primauté des caractères latins permettait une meilleure communication au nom du pragmatisme. Google, au secours !