Participate Translate Blank profile picture
Image for Politiques à poils

Politiques à poils

Published on

Société

Alors que le Parti des animaux hollandais a vu son premier représentant pénétrer au Parlement en juin dernier, les politiciens du continent rechignent à faire de la cause animale leur leitmotiv.

Les petites victoires forment parfois les grandes ambitions. A peine nommé sénateur du PvdD [le parti des animaux hollandais] au sein du Parlement hollandais, Niko Koffeman veut voir voir plus loin : « nous croyons qu’il y a une possibilité de former une coalition pan-européenne pour les animaux. Il y a une chance de réussir ensemble, en Europe ». A défaut d’être éclatants, les résultats obtenus par le Parti pour les Animaux (PvdD) semblent significatifs aux yeux de nombreux citoyens hollandais.

« Une formation comme celle-ci ne pourrait certes pas diriger le pays », confie Evertjan, étudiant à Amsterdam, « mais il est nécessaire que le monde politique comprenne que le destin des animaux ne laisse pas les Hollandais indifférents ». Ailleurs, les autres pays européens sont-il prêts à suivre le lévrier batave ?

Le moucheron contre le loup

Les animaux ne sont pas totalement absents des formations nationales au sein des Vingt Sept. Le parti des Verts apparaît ainsi souvent comme le principal défenseur des espèces animales. Avec 42 sièges au Parlement européen, le groupe des Verts / Alliance libre européenne est le cinquième plus grand parti de l’hémicycle strasbourgeois, une position quasi-constante depuis 1989. Son action en faveur des bêtes s’inscrit dans un projet politique plus large. De la poudre aux yeux ?

Curieusement, ce sont souvent les formations qui se réfèrent le plus explicitement aux animaux qui leurs sont le moins favorables : le parti français ‘Chasse, Pêche, Nature et Tradition’ (CPNT) s’oppose par exemple au gavage industriel des oies mais non à la dégustation de leur foie gras, refuse les abattoirs hors-sol mais encourage la ‘battue champêtre’ avec cor de chasse et fleur au fusil.

Le principal problème que rencontre l’idée d’une mobilisation politique pour la cause animale vient de la nature mono-revendicative des partis. En clair, leur stratégie est limitée au monde animal. Pas de quoi susciter l’enthousiasme délirant des électeurs.

Les pays qui, comme la France ou l’Italie, montrent une forte tendance à privilégier les sujets de politique générale et, de facto, les coalitions les plus puissantes. « Les gros partis s’emparent et monopolisent les questions de société  », confie Michèle André, la vice-présidente du Sénat. Une vision confirmée par Niko Koffeman : « la plupart des pays européens se heurtent à la réticence des citoyens lorsqu’il s’agit de faire élire des députés issus de petites formations aux parlements nationaux ou européens »

Rat des villes, rat des champs

Ce n’est pas que les Européens se désintéressent de la cause animale, mais beaucoup tiennent à conserver la distinction entre les problèmes proprement politiques et les combats du monde associatif. Des associations qui, souvent, ne manquent pas d’efficacité : la ‘PETA’ [People for the Ethical Treatment of animals] est notamment la plus puissante association au monde pour le soutien des animaux.

Nul doute que la présence d’ambassadrices de la plus ‘belle espèce’ y soit pour quelque chose : la chanteuse de Jefferson Airplane, Grace Slick, ou encore Zara Whites, actrice pornographique hollandaise qui, militant pour le végétalisme lors du dernier Salon de l’Agriculture de Paris, n’a pas hésité à s’emballer presque nue et couverte de faux sang dans une barquette géante de cellophane.

Si la défense de la cause animale traduit un refus de la violence et de la souffrance infligées sur autrui - un refus qui incarne la profonde humanité du militant - son implication en politique reste difficile et idéologiquement discutable. Car elle pourrait mener à certaines aberrations. Comme le résume l’historien Jean-Pierre Arthur Bernard, ce principe d’égalitarisation à tous crins pourrait être étendu « aux végétaux et aux minéraux, au nom d’une planète totalement démocratique. »