Playlist européenne : le meilleur du continent
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La musique a ceci de frustrant qu'il y en a trop. En 2016, assumons une bonne fois pour toute qu'il est temps de dégrossir le trait et de vous offrir le meilleur de la scène européenne. Mais ? Le meilleur on a dit.
France - Exsonvaldes
En avril 2013, on avait laissé Simon, le chanteur du groupe parisien Exsonvaldes, sur son vélo en direction de son cours de chant. Pendant 30 minutes, le jeune homme aux lunettes carrées nous avait raconté sa passion pour l'Aérotrain et son envie de s'inscrire dans l'époque. Lights, l'ancien album était un disque de pop absolue dans la lignée de ce qu'un groupe comme Phoenix a produit de mieux. Trois ans après, les quatre potes ont légèrement délaissé le rétro-futurisme pour poser à plat une musique moins aérienne, qui lorgne plus vers la chanson française. Le nouvel album, Aranda, alterne donc les grandes envolées comme le titre « Horizon » et les belles ballades comme ce « Silencio », chanté avec l'actrice-artiste-journaliste espagnole Helena Miquel.
Exsonvaldes feat. Helena Miquel - « Silencio »
Allemagne - Lùisa
Depuis quelques temps, on peut difficilement contester l'ouverture dont fait preuve l'Allemagne à une époque où tout semble se replier sur lui-même. Dernière preuve de l'éclatement des frontières établies, Lùisa, une chanteuse hambourgeoise de 22 ans bien décidée à montrer que le monde est d'autant plus multiple lorsqu'il est mélodieux. Sur Never Own, son premier album à paraître le 26 février chez un label canadien, la jeune artiste chante la dépossession, s'interroge (« Belong ») sur son appartenance au monde et s'exprime en anglais, en français (« L'Hiver en Juillet ») et en italien (« All' Inizio »). Les compositions épurées et la voix souvent chevrotante de Lùisa presse un premier disque étonnamment mature qui saura, si vous ouvrez grand les fenêtres, diffuser un parfum de printemps précoce dans votre séjour encore trop froid.
Lùisa - « L'hiver en juillet »
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Pour aller plus loin, lire notre interview avec la chanteuse allemande.
Royaume-Uni - Teleman
Vous avez peut-être déjà porté un toast à Teleman. En 2014, après avoir sabordé leur ancien groupe, Pete and the Pirates, les frères Tom et Jonny Sanders sont revenus avec un nouveau nom et un album, Breakfast. Dedans : des mélodies à ravir vos réveils matinaux. Une écriture raffinée, des compositions sans artifices et un souci du style qui épinglent les jeunes anglais sur le bout de mur de la pop sophistiquée, celle qui aime l'architecture et les plats sans gluten. Deux ans après, Teleman revient en forme avec l'album Brilliant Sanity (à paraître chez Moshi Moshi le 8 avril prochain, ndlr). D'abord avec un titre, « Fall In Time », qui reprend ce qui a marché dans le premier album : une montée en puissance maîtrisée et un goût prononcé pour la cavalcade. Puis avec « Düsseldorf », un hommage improbable à la ville d'Allemagne de l'Ouest. Quatre minutes qui réussiront à vous faire aimer la Rhénanie-du-Nord.
Teleman - « Düsseldorf »
Espagne - León Benavente
« Je roulais sur l'autoroute, dans une Opel Corsa avec 300 000 km au compteur chargée d'une basse, d'un ampli et d'une valise de voyage. Un moment, à l'intersection de Léon et de Bénavente, tu avais, de part et d'autre de l'asphalte, un immense terrain vague. J'étais au milieu de nulle part. Ça m'a fait penser à un fond d'écran Windows. » C'est de cette manière que l'Espagne découvre, en 2013, ce qu'il se cache sous l'intrigue musicale de l'année. Si son nom est né d'un road-trip au centre de la Castille-et-León, le groupe León Benavente a été formé grâce à 4 types qui ont voulu raconter un bout de leur pays à coups de guitare-basse-batterie. En 2013 donc, dans un premier album éponyme, la formation espagnole badine sur les Indignés (« La Gran Desilusión ») appelle à la révolution (« Revolución ») et se fout de la gueule du roi (« El Rey Ricardo »). La même année, les gars remettent le couvert avec un EP, Todas Contra Todos, où ils balancent entre autres que l'Europe est morte. Aujourd'hui, Léon Benavente revient avec un single, « Tipo D », qui préfigure la sortie d'un nouvel album sobrement intitulé 2 (à paraître le 8 avril prochain, ndlr) et annonce surtout la même couleur : le groupe, toujours plus cynique, se fout désormais de l'Allemagne, du libéralisme, de l'Occident, de MTV, de l'Opus Dei... Certains diront prudemment que Léon Benavente chronique bien l'époque, d'autres vont déjà un peu vite en les comparant à Bob Dylan.
León Benavente - « Tipo D »
Belgique - Dan San
Cela fait quelques temps que les jeunes musiciens belges de Dan San polissent leurs harmonies. En 2012 déjà, le groupe sortait du bois avec un album ravissant intitulé Domino. Une douzaine de chansons folks taillées dans la plus belle écorce, qui parachutaient aussitôt l'auditeur en plein milieu d'une forêt boréale. Quatre ans après, l'image a peu changé. Dans le titre qui dévoile une partie de leur nouvel album, Shelter, (à paraître le 11 mars prochain, ndlr), on suit une moto à travers de somptueux paysages. Les compositions sont toujours aussi simples et la musique toujours aussi douce. Bref, écouter Dan San est définitivement votre seule chance de vous imaginer en weekend avant les autres.
Dan San - « America »
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