Philippe Lamberts : en vert et contre le TTIP
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Lors d’une conférence de Cafébabel Bruxelles, Philippe Lamberts, eurodéputé belge vert, annonce ses arguments contre le traité transatlantique. Il veut arrêter les négociations commerciales avec les États-Unis dès que possible.
Le traité transatlantique (TTIP) entre les États-Unis et l’UE fait couler beaucoup d’encre. Café Babel Bruxelles a organisé une conférence sur le partenariat transatlantique le 17 juin dernier : TTIP : a lot speculation ?
Étaient présents : Pascoe Sabido du Corporate Europe Observatory (lobby qui promeut la transparence dans les institutions européennes) ; la Commission européenne représentée par un administrateur et Philippe Lamberts, eurodéputé belge du Groupe des Verts / Alliance libre européenne (ALE). Ce dernier n’a pas cessé de démonter tous les arguments en faveur du TTIP. Voici une petite sélection des citations qui représentent les points importants du député européen vert :
« À qui profite le crime ? »
Phillipe Lamberts estime que les organisations de la société civile sont sous-représentées dans les discussions sur le traité transatlantique avec la Commission. « Qui fait du lobby de la manière la plus énergique en faveur du TTIP ? », s’est demandé le co-président du groupe des Verts/ALE lors de la conférence. Il déplore l’absence presque totale des syndicats, des associations de protection des droits de l'Homme et des PME à la table des discussions. « C'est Business Europe et son équivalent à la Chambre américaine de commerce, ce sont donc les milieux d'affaires », a-t-il répondu. Business Europe représente les intérêts du grand patronat européen.
L’infographie de Corporate Europe Observatory fait écho aux propos de l’eurodéputé belge. Parmi les 560 groupes de pression que la Commission a rencontrés lors de consultations, de débats et de réunions à huit clos, seulement 26 font partie des organisations qui représentent l’intérêt public.
« Quelqu'un qui vous espionne matin, midi et soir est-il un partenaire ? »
Réagissant aux déclarations du représentant de la Commission, Philippe Lamberts a critiqué les actes d’espionnage menés par les autorités américaines. Il a également déclaré que « révéler [les prises de position des négociateurs] est un crime d'État aux États-Unis. En Chine, s'exprimer publiquement aussi… Et alors on considère qu'on doit accepter les normes des États-Unis ou de la Chine en Europe ? »
Pour Philippe Lamberts, ce n’est pas la peine de négocier dans ces conditions. Il a aussi rappelé que, même sans le TTIP, les échanges commerciaux avec les États-Unis représentaient deux milliards d’euros par jour. En outre, il craint que les grosses entreprises internationales ne soient privilégiées dans le cadre du TTIP. « Dès l'instant où vous permettez à la taille du marché de dépasser la taille d'une juridiction démocratique, vous donnez de facto le pouvoir aux entreprises transnationales », a-t-il poursuivi.
« L'UE c'est le couple qui va à une partouze échangiste »
Philippe Lamberts redoute un nivellement par le bas des normes européennes si les dirigeants des deux côtés de l’Atlantique signent un accord commercial. Il regrette également que les partenaires n’appliquent pas les mêmes principes, notamment en matière de diffusion de l’information. « L'UE c'est le couple qui va à une partouze en disant "on est complètement échangiste". Le couple chinois et le couple américain qui vont à la même partouze veulent bien profiter du voisin, mais ne veulent pas le laisser profiter de lui. »
« L'Europe c'est donc le seul couple qui va à la partouze en étant libre échangiste. Il y en a qui se font niquer plus volontiers que d'autres, franchement il y a un problème », a-t-il conclu.