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Paulo Magalhães et Ana Campos : le dessous des cartes

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Translation by:

Anne Rivet

BrunchCulture

Paulo Magalhães et Ana Campos, deux Portugais trentenaires, ont un faible pour les cartes postales. Ensemble ils ont créé postcrossing.com, une plateforme Internet pour cartophiles du monde entier. Le concept fonctionne du tonnerre : le site dénombre quantités de nostalgiques de l’ère du petit papier cartonné.

Un vendredi matin à Berlin. L’automne tarde à s’installer. Le soleil chauffe encore les trottoirs du quartier de Neukölln, et nombreux sont les Berlinois de naissance ou d’adoption à déambuler et à lézarder sur les bancs. J’emprunte la Karl-Marx-Straße et passe devant un kebab où tourne une broche de viande monumentale.

J’ai rendez-vous au Café Rix avec Paulo Magalhães et Ana Campos. Les deux Portugais qui habitent le quartier apprécient ce café pour son cachet, son ambiance feutrée et son imposant plafond en stuc doré. Un coup d’œil à l’intérieur s’impose, mais déjà nous prenons place dans la cour à l’ombre d’un parasol.

Un mail ? Plutôt une carte postale !

Il y a 7 ans, Paulo et Ana fondent postcrossing.com, une plateforme internet qui permet à chacun d’envoyer et de recevoir des cartes postales des quatre coins du monde à la place des désormais traditionnels messages électroniques. Chaque inscrit reçoit plusieurs adresses tirées au sort auxquelles il peut ensuite adresser une carte. En retour, l’expéditeur reçoit une ou plusieurs cartes selon le même principe. « A l’origine, j’ai créé cette plateforme pour satisfaire un désir purement égoïste », avoue Paulo dont les quelques cartes postales amicales et familiales ne suffisaient pas à étancher la soif de crouler sous des paquets de courrier en provenance de l’étranger.

Ana et Paulo commencent à s’écrire mutuellement des cartes postales avant de faire part de leur idée à leurs amis. Rapidement, le concept fait boule de neige. En un mois, leurs boîtes aux lettres respectives débordent de cartes postales du monde entier. « Lorsque des Internautes chinois et russes se sont inscrits, nous avons réalisé que notre projet prenait une ampleur internationale », dit Paulo encore sous le coup de la surprise. A présent, le site dénombre des cartophiles de près de 206 pays. Plus de 14 millions de cartes ont déjà été postées.

Pour Ana Campos, l’intérêt réside cependant dans l’envoi avant tout. « Le plus excitant c’est de savoir que la carte plaît au destinataire », explique-t-elle. Envoyer une carte postale nécessite en effet un brin d’engagement personnel : « il faut se rendre dans une papeterie, y dénicher une carte qui correspond au destinataire, y écrire quelques lignes personnelles, et enfin l’expédier. »

Deux globe-trotters pur jus

Mais les deux cartophiles de la péninsule ibérique ne se contentent pas d’envoyer des petits mots aux quatre coins du monde. Ce sont aussi de véritables bourlingueurs. Ainsi ces 7 dernières années, ils ont vécu dans pas moins de 5 pays différents. Après des études en informatique au Portugal, Pablo se retrouve aux États-Unis pour un stage, tandis qu’Ana atterrit aux Pays-Bas. Ils déménagent ensuite à Shanghai et à Ljubljana, avant de débarquer à Berlin. « Nous quittons un pays seulement après en avoir exploré tous les recoins », explique Ana. Pour eux, il ne s’agit pas seulement d’écumer les lieux touristiques, mais aussi et surtout de se frotter au quotidien.

Durant les premières années de leurs études, chacun avait un emploi à plein temps. « A l’époque, Postcrossing était plutôt un loisir », précise Paulo. Aujourd’hui ils travaillent exclusivement pour la plateforme. Une activité freelance pas toujours facile à gérer. « Lorsqu’en pleine nuit je reçois un message pour m’avertir d’un dysfonctionnement, je me lève aussitôt pour réparer le problème », avoue Paulo en esquissant un sourire.

Encore tellement à découvrir

Difficile au premier coup d’œil d’imaginer qu’Ana Campos et Paulo Magalhães forment un couple, car ils sont plutôt discrets. Mais après un moment en leur compagnie, une complicité particulière s’instaure : tous deux rient beaucoup et s’échangent des regards. Et si jamais Paulo s’écarte du sujet, Ana l’y ramène tendrement.

Par le passé, le couple a déménagé tous les deux ans en moyenne. S’ils restent fidèles à leur mode de vie, Paulo et Ana devraient quitter Berlin en avril 2013. « Ces déménagements nous coûtent beaucoup en temps et en énergie », dit Paulo. « Il ne s’agit pas seulement de trouver un logement et de s’y installer, il faut aussi faire quantité de démarches administratives auprès des impôts et de l’assurance maladie par exemple. » Au fil des déménagements, tout devient plus difficile. « Du coup, je pense qu’on va rester un peu plus longtemps que prévu à Berlin », conclu le trentenaire. « En plus, nous sommes loin d’avoir fait le tour du pays », ajoute Ana. « Alors qu’une journée nous a suffi pour traverser la Slovénie en voiture, nous ne connaissons rien de l’Allemagne hormis Berlin et Bielefeld. » Pendant quelque temps encore, Postcrossing.com pourra donc se réjouir de cartes postales d’outre-Rhin signées de la main de deux Portugais…

Toutes photos : ©Katharina Gipp

Translated from Paulo Magalhães & Ana Campos: Postkarten von Unbekannten