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Pas de Vatican, pas de Talibans

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Un référendum qui cherche le plus haut taux d’abstention, une gay pride interdite et ses participants insultés, un concordat qui se démarque des lois nationales : la législation du Vatican s’applique-t-elle dans toute l’Europe ?

Embryons et référendum ne marchent pas main dans la main. Après les « non » français et hollandais, et le frein qu’ils ont mis à la Constitution européenne, une autre consultation populaire a abîmé pour toujours le vote de l’Europe. Le vainqueur du référendum de ces 12 et 13 juin sur la reproduction assistée en Italie -voulu par les radicaux-, a été le Vatican qui a obtenu ce qu’il réclamait : une misérable participation de 25,9%, inférieure au minimum exigé de 50%, et qui a découlé sur une annulation de la consultation. Des millions d’Italiens ont répondu par leur absence à la demande de l’Eglise qui appelait au boycott du vote via la voix du Cardinal Camillo Ruini qui a déclaré le même jour : « On ne vote pas sur le vie. »

Quand c'est à l'Eglise choisir la loi...

Pourtant l’influence vaticane dépasse les frontières italiennes. La Slovaquie est en pourparlers pour signer un concordat avec le Saint-Siège afin que soit protégé l’exercice libre et illimité de la liberté de conscience basée sur l’enseignement catholique. En d’autres termes, un médecin ou un assistant médical catholiques auront le droit de ne pas suivre les lois slovaques si celles-ci s’opposent à la doctrine de l’Eglise.

En Pologne, c’est la communauté homosexuelle qui commence à semer le trouble dans une société dont l’identité s’appuie en grande partie sur le catholicisme. En 2005, l’organisation d’une « gay pride » à Varsovie défie non seulement une interdiction ad hoc, mais également le linchage verbal de la part des fondamentalistes hétérosexuels.

Quels sont les intêrets de l'Europe?

Avec la nomination de Benoît XVI et sa campagne sur l’idéologie du « relativisme », l’Europe va finir par être une zone d’intérêt stratégique pour l’Eglise. L’objectif clairement établi de la hiérarchie vaticane consiste à mettre à nouveau en question le processus de sécularisation qui a changé le peu d’Europe depuis les années soixante à nos jours.

En outre, dans une Europe où vivent des millions de musulmans, il n’y a aucune raison d’encourager une logique identitaire qui dévalorise l’authentique sens spirituel de la religion et qui mène droit au précipice du choc des civilisations.

Face au déchaînement d’une stratégie du Vatican qui cherche à reconstruire cette Europe sans identité grâce à la force des valeurs chrétiennes, il y a deux réponses possibles. D’abord, celle qui s’applique en Iran et par laquelle le clergé détient un pouvoir suffisant pour étouffer tout sursaut qui pourrait mener à des changements politiques. Et ensuite, il y a la réponse israélienne, selon laquelle –malgré l’importance de la religion-, le primat de la politique et de la démocratie cherche également à déloger les colons installés à Gaza.

Pour le reste, et surtout pour les homosexuels, les embryons, les scientifiques ou les malades, il sera toujours mieux de vivre à Tel-Aviv que à Rome ou à Téhéran.

Translated from No Vatican No Taleban