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PAS DE COMPÉTITIVITÉ SANS INCLUSION SOCIALE

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Alice S.

Bruxelles

La com­pé­ti­ti­vité in­dus­trielle fi­gu­rait parmi les points à l'ordre du jour du som­met eu­ro­péen de ces 20 et 21 mars. Pour­tant, force est de consta­ter que – ac­tua­lité ukrai­nienne oblige – celle qui au­rait dû être une ques­tion cen­trale de ce mee­ting est in­évi­ta­ble­ment pas­sée à l'ar­rière-plan.

Le sujet a été es­sen­tiel­le­ment évo­qué hier matin, lors du pre­mier conseil tri­par­tite de l'an­née – une ren­contre entre les Pré­si­dents du Conseil et de la Com­mis­sion eu­ro­péenne, le Pre­mier mi­nistre grec et les re­pré­sen­tants des par­te­naires so­ciaux eu­ro­péens.

Pour le pré­sident du Conseil eu­ro­péen, Her­man Van Rom­puy, “main­te­nant que les ques­tions ur­gentes ont été ré­glées”, en ré­fé­rence à l'ac­cord trouvé hier sur le mé­ca­nisme unique de ré­so­lu­tion pour l'union ban­caire, la prio­rité est de “ren­for­cer les in­ves­tis­se­ments, en­cou­ra­ger le ra­pa­trie­ment des em­plois, les bre­vets, la co­opé­ra­tion sur cer­taines tech­no­lo­gies-clés […] et ga­ran­tir des prix de l'éner­gie qui per­mettent d'avoir un ap­pro­vi­sion­ne­ment constant”.

La ques­tion éner­gé­tique, dont la si­tua­tion ukrai­nienne am­pli­fie l'ur­gence par rap­port au volet ga­zier, de­meure au cœur des pré­oc­cu­pa­tions du pa­tron­nat eu­ro­péen. “L'Eu­rope a be­soin de ré­formes et de li­mi­ter sa dé­pen­dance éner­gé­tique”, a mis en garde Mar­kus Bey­rer, di­rec­teur gé­né­ral de Bu­si­ness Eu­rope. Et pour cause, des charges fis­cales beau­coup plus oné­reuses qu'aux Etats-Unis ou au Japon et, en même temps, des coûts éner­gé­tiques trop éle­vés. A ce sujet, les éner­gies re­nou­ve­lables et le gaz de schiste se­raient deux pistes à par­cou­rir, selon l'in­té­ressé. De plus, alors que l'éco­no­mie eu­ro­péenne est for­te­ment frap­pée par la crise,“le reste du monde ne nous a pas at­ten­dus”, a-t-il mar­telé.

"Une com­pé­ti­ti­vité vers le haut, pas vers le bas"

Des dé­cla­ra­tions qui ont fait bon­dir Ber­na­dette Ségol, se­cré­taire gé­né­rale de la CES (Confé­dé­ra­tion eu­ro­péenne des syn­di­cats). “Il faut une crois­sance qui pro­meuve l'em­ploi, on ne peut pas nous la pro­mettre par la baisse des sa­laires, des im­pôts, de la pro­tec­tion so­ciale”, s'in­surge-t-elle. Parmi les pro­po­si­tions de la CES, une ef­fi­ca­cité éner­gé­tique créa­trice d'em­plois en Eu­rope. “Le fait de por­ter à 27% la part des éner­gies re­nou­ve­lables (en 2030, NdlR) n'est pas un ob­jec­tif suf­fi­sam­ment am­bi­tieux”, a-t-elle pointé. Par rap­port à une re­nais­sance in­dus­trielle, “un pro­jet eu­ro­péen d'in­ves­tis­se­ment s'im­pose, et pas seule­ment quelques me­sures”.

La Com­mis­sion, elle, en­vi­sage de re­lan­cer la crois­sance par de nou­veaux fonds in­dus­triels et d'in­ves­tis­se­ments. D'ailleurs, une confé­rence est pré­vue le 8 avril à Bruxelles pour dis­cu­ter de la ma­nière d'in­ves­tir les 6 mil­liards de l'ini­tia­tive Ga­ran­tie Jeu­nesse. D'autre part, le pré­sident Bar­roso a sou­li­gné l'im­por­tance du fait que "les Etats membres conti­nuent à mettre en oeuvre les grandes po­li­tiques dé­ci­dées".

La Grèce, qui as­sure en ce mo­ment la pré­si­dence se­mes­trielle du Conseil de l'Union, "a perdu 25% de son PIB de par l'ap­pli­ca­tion des cor­rec­tions eu­ro­péennes", a rap­pelé le Pre­mier mi­nistre An­to­nis Sa­ma­ras (Nou­velle Dé­mo­cra­tie). Dans un pays où, comme en Grèce, les PME consti­tuent l'es­sen­tiel du tissu éco­no­mique, "il n'y aura pas de re­prise sans li­qui­di­tés". "L'ac­cès des PME au cré­dit ban­caire est un enjeu prio­ri­taire", a-t-il in­sisté. Les PME vont, de leur côté, de­voir “ac­qué­rir de nou­velles qua­li­fi­ca­tions et en­tre­prendre des in­ves­tis­se­ments in­tel­li­gents”, a af­firmé Bar­roso.

Bref, face à l'ébran­le­ment des en­tre­prises eu­ro­péennes qui a fait suite à la crise fi­nan­cière, l'Eu­rope se doit de trou­ver une ré­ponse una­nime qui puisse re­vi­ta­li­ser l'in­dus­trie eu­ro­péenne sans lais­ser pour au­tant sur le volet ces 26 mil­lions de chô­meurs, par­ti­cu­liè­re­ment les jeunes, pre­mières vic­times de ce bou­le­ver­se­ment.

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