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Parti-Time I : Hans-Christian Ströbele, toujours vert

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Berlin

L'épisode II du blog Electorallemand, sur le site du magazine L'Express, s'intéresse à la campagne électorale allemande et à ses à-côtés. L'occasion de se plonger dans cet intense exercice de politique. Hans-Christian Ströbele est une des figures de la vie politique berlinoise et allemande.

Né en 1939 et marié en 1967 à Paris, il a fait partie de plusieurs grandes pages de l'Histoire moderne de l'Allemagne. Notamment en tant qu'avocat pour certains membres de la Rote Armee Fraktion dans les années 70, puis en étant à l'origine du parti Vert à Berlin et du journal Die Tageszetung. En 2002, Hans-Chritian Ströbele est devenu le tout premier Vert à être élu directement dans sa circonscription de Friedrichshain-Kreuzberg. Un quartier Est et un quartier Ouest réunis, en plein coeur de Berlin qui attirent les touristes et les convoitises.

Vous avez vécu les débuts des Verts à Berlin, quels souvenirs gardez-vous de cette époque ?

C’est d’abord parti du mouvement AL (Alternative Liste für Demokratie und Umweltschutz). Nous ne pensions pas à l’époque bâtir un parti mais plutôt s’investir dans un mouvement social. Mais rapidement, l’engagement politique est devenu incontournable. Beaucoup de choses ont changé au sein des Verts depuis. Au niveau du contenu et au niveau de la structure. On parlait par exemple du principe de rotation pour qu’un élu laisse son poste au bout de deux ans. La démocratie par la base était également beaucoup plus importante. En devenant un parti « normal », nous nous sommes aperçu qu’il fallait s’adapter à notre position.

Comment voyez-vous la position des Verts en vue du scrutin du 27 septembre ?

Je pense que nous sommes en très bonne voie. La résonnance dans la population et dans le monde politique n’a jamais été aussi bonne. Nous retrouvons des partis des principes verts dans le Kononkturprogramm et dans le Deutschland-Plan du SPD.

"Il ne faut jamais dire jamais"

Quel rôle joueront les Verts dans la composition des coalitions ?

On ne sait jamais ce qui peut se passer. Peut-être aurons-nous une nouvelle grande coalition et là, les Verts n’auront pas leur mot à dire. Cela dépendra beaucoup des décisions du SPD. Evidemment, je privilégierais une coalition rot/grün ou rot/rot/grün. Les coalitions avec la CDU apporteraient trop de contradictions. Mais en politique, il ne faut jamais dire jamais.

Le candidat du SPD dans votre circonscription, Björn Böhning, a qualifié Friedrichshain-Kreuzberg de « circonscription la plus intéressante d’Allemagne ». C’est votre avis également ?

C’est en tout cas l’une des circonscriptions les plus connues, c’est certain. D’abord parce que c’est au centre de Berlin, parce qu’elle réunit une partie de Berlin-Est et de Berlin-Ouest, parce que ce fut la première circonscription à élire directement un député vert. Et parce que les candidates ont eu un écho certain dans la presse par leurs méthodes, disons, inhabituelles et cette fameuse « Busen-Plakatt » (l’affiche à la poitrine).

Comment avez-vous réagit à ces affiches ?

Je ne suis pas un censeur et ce n’est pas à moi de les commenter. Les électeurs décideront.

"Ne pas négliges les gros problèmes de Berlin"

On a pu lire qu’il s’agissait d’essayer de vous contrer dans une circonscription qui semble promise aux Verts ?

Il n’y a jamais rien de sûr, surtout ici à Berlin. En 2002, jusqu’au dernier jour, on ne me donnait aucune chance et finalement je suis passé de peu. Il n’est pas possible de prévoir surtout avec une population qui est très ouverte, très mobile. Les gens que je rencontre pendant la campagne sont très motivés mais je ne peux pas rencontrer 100% des électeurs.

Comment décririez-vous cette circonscription ?

Variée, fascinante, multiculturelle, innovative, jeune, créative, culturelle, alternative. Mais il ne faut pas oublier les problèmes, notamment les gens qui ne peuvent plus se permettre de payer leur loyer ici. Le pourcentage de la population qui doit faire appel à l’aide sociale est supérieur à la moyenne nationale. C’est pourquoi je me bats pour créer de nouveaux emplois notamment dans le domaine des énergies renouvelables, de l’éducation, et des services aux personnes. Il y a certes certaines parties de la circonscription qui attirent beaucoup les touristes mais la majeure partie vit vraiment dans des conditions difficiles.

La France, les vélos à Paris et le nucléaire

Les Verts français ont été le grand vainqueur des européennes en France en juin, et notamment dans la capitale, comment avez-vous vécu cela ?

Je me suis évidemment réjoui du succès des Verts en France, mais aussi en Allemagne. Les Verts se sont d’abord construits comme un parti urbain, ce qui pourrait expliquer cette similitude. J’ai un lien un peu spécial avec la France car c’est là que je me suis marié, en 1967 à Paris à Notre-Dame. Mais les souvenirs qui m’en restent sont ceux d’une ville très étroite par rapport à Berlin, dangereuse pour un cycliste comme moi. Au niveau politique, j’ai évidemment un gros problème avec la politique nucléaire française. En revanche, j’ai beaucoup apprécié le débat qui s’est fait autour du traité constitutionnel européen et j’aurais tant souhaité que les Allemands aient la possibilité de pouvoir vivre ce débat également.

Parti-Time I : Hans-Christian Ströbele, toujours vert