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Paris-Barcelone: petites scènes d'aéroports entre deux vols

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La Parisienne

Par Susanna ARUZ. Portrait des voyageurs en transit

Une année à Paris, c’est l’occasion de multiplier les voyages, les allées et venues, les petites escapades ou les longs séjours. Mais peu importe ce que l’on fait, il y a forcément un endroit où l’on s’arrête : l’aéroport. C’est par excellence le lieu de rencontre entre des gens qui n’ont a priori rien en commun.

Dans ce flux permanent, les échanges sont nombreux, divers et occasionnels. On entend toutes sortes de langues et l’on croise des personnes très différentes les unes des autres.

Images connues

Si nous pouvions nous arrêter sur une image panoramique de l’aéroport à un instant T, certains éléments ne manquerait jamais à l’appel :cet enfant collé à la fenêtre, et qui appelle sa mère pour qu’elle voit, elle aussi - et avec le même enthousiasme - ces gros oiseaux sur la piste d’atterrissage l’homme ou la femme d’affaires accroché à son portable, profitant d’un dernier café pour travailler sur un dossier. Ou ce groupe de copains qui s’apprêtent à faire le voyage de leur vie et commencent leur album-souvenir à l’aéroport. En général, personne ne s’arrête aux petits détails banals. Pourtant, il est vraiment intéressant de prendre le temps d’observer la quotidienneté de ce qui nous entoure. L’aéroport crée des situations uniques en leur genre: ces collègues de travail, dont les rapports sont plus détendus que jamais, cette bande de copains en quête d’aventure, ces familles qui se séparent ou se retrouvent. Dans un aéroport, le garçon de café ou la vendeuse du Relay sont capables de parler aux voyageurs en plusieurs langues différentes, ou au moins en anglais. Dans le cas contraire, il y a toujours un petit silence gêné jusqu’à ce que quelqu’un ouvre la bouche et qu’on sache enfin quelle langue parle le touriste interdit. Rien de tel une fois que l’on a franchi les portes de l’aéroport.

''L’allure de ce petit monde que constitue l’aéroport est déjà très singulière mais il y a encore plus intéressant à observer... les manies des passagers ! ''

Première de toutes les obsessions: le billet d’avion ! On me dirait que je force le trait si je vous rapporte le cas pourtant banal de quelqu’un qui croit avoir bien rangé son billet dans son sac et qui, au moment de l’en sortir, ne le trouve plus...Après un bref arrêt cardiaque accompagné d’une recherche frénétique du précieux billet dans tous les sacs de la famille (“Mais ce n’est pas possible! Il n y a pas 1000 endroits pour ranger un fichu billet d’avion”, est le genre de remarque énervée que le malheureux voyageur adresse à son innocente épouse), il finit par réapparaître. S’ensuit alors souvent un saut de joie (ce phénomène est aussi valable pour un passeport ou tout autre document perdu) Si jamais ceci vous est déjà arrivé, soyez en sûrs: à vos père, mère ou amis aussi !

L’intenable hésitation sur la porte d’embarquement. Il arrive que la porte d’embarquement ne soit pas affichée jusqu’à 20 minutes avant le décollage de l’avion. Dans ce cas, on voit toujours une ou plusieurs personnes amassées devant les tableaux d’affichage, regardant, désespérés, la liste des vols. Et lorsque s’affiche le numéro de la porte, toutes ces personnes se dirigent, d’un seul mouvement, vers la zone indiquée... pour y patienter. C’est pourquoi on peut à présent parler d’une autre petite manie: faire la queue.

La file d’attente pour embarquer suit l’exemple du premier qui a décidé de faire la queue. Dès qu’apparaissent les hôtesses de l’air pour procéder à l’embarquement, la file de passagers se construit peu à peu, selon un subtil effet de dominos. Même s’il faudra encore attendre 20 minutes minimum avant que l’embarquement ne commence. “Pourvu qu’on ne se retrouve pas sans siège dans l’avion!” semblent se dire les passagers inquiets. Notons que cette manie de faire la queue s’observe également au moment de l’atterissage. Et personne n’écoute ces haut-parleurs qui disent: “Notre avion a atterri à l’heure prévue. Nous vous prions de bien vouloir rester assis à votre place et de garder vos ceintures attachées jusqu’à ce que l’avion soit complètement immobile.” Même là, une queue se forme, en plein dans le couloir. Même là, on s’agite, on ouvre les compartiments à bagages pour y récupérer ses affaires. Mais pourquoi se hâter ainsi ?

La prochaine fois que vous irez dans un aéroport, vous aussi, regardez ce qui se passe autour de vous. Vous verrez que ces petites manies et ces attitudes étranges sont bien réelles. Et peut-être que, de cette façon, votre comblerez votre temps d’attente...