Pâques: quel folklore!
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jean-françois adrianŒufs en chocolat, le lapin teuton ou petits pains anglais : le 12 avril, chaque pays d’Europe célèbre à sa manière le week-end pascal.
Espagne : « Semana Santa »
En Espagne, Pâques est la « fête de toutes les fêtes » et elle est célébrée en conséquence. Tous les ans, pendant la semaine sainte (la « Semana Santa» en espagnol) qui court du dimanche des Rameaux à celui de Pâques, un incroyable spectacle a lieu. La tradition remonte au 16e siècle lorsque l’Eglise catholique cherchait un moyen d’illustrer la mort du Christ. Aujourd’hui encore et comme par le passé, principalement dans les provinces d'Aragon, de Castille ou d'Andalousie, ce sont des confréries religieuses qui sont chargées d’imaginer puis de réaliser les costumes pascaux. Chaque procession est ouverte par les pénitents, suivie des Pasos, les statues d’un Saint posée sur un lourd socle qui raconte une scène de la Passion. Les pénitents sont vêtus de robes de bure aux capuches pointues et portant des chaînes aux pieds. Les processionnaires défilent ensuite, parcourant rues et ruelles espagnoles à la lueur des bougies qu'ils portent, au son du tambour et auréolés d’encens.
Angleterre : les « Hot Cross Buns »
La Pâques a parfois un goût épicé-sucré. Particulièrement lorsqu’on pense que les friandises qui accompagnent les célébrations pascales sont censées donner des pouvoirs magiques et apporter le bonheur. Les «Hot Cross Buns» sont comme des petits pains briochés au lait en forme de croix et un petit déjeuner le Vendredi Saint sans cette pâtisserie est inconcevable outre-Manche. L’histoire du met de Pâques le plus typique d’Angleterre remonte à l’époque païenne, lorsqu’ils étaient utilisés comme une offrande à la déesse du printemps. L’église catholique a ensuite tenté d’interdire la pratique, mais trop populaire auprès des ouailles britanniques, la coutume a finalement été «christianisée».
Allemagne : « Osterhase »
En Allemagne, c’est le lapin de Pâques qui, depuis le 16e siècle, dépose des œufs dans les foyers teutons. Symbole de fécondité en raison de son ardeur proverbial à la reproduction, le lapin apporte l’espoir d’une nouvelle vie et c’est ainsi que rapidement le lien fut fait avec la résurrection du Christ. Qui plus est au printemps, il est fréquent que les lapins viennent dans les villages et parcourent les jardins à la recherche de nourriture. Comme la bête semble apprécier la présence humaine, la légende leur a ensuite attribué le fait de déposer des œufs de Pâques multicolores. D’abord chargé d’apporter des œufs, le lapin s’est ensuite chargé d’amener des douceurs, voire même des petits cadeaux que les enfants allemands doivent trouver le lundi de Pâques.
Pologne : « Smigus-Dyngus »
Les Polonais conçoivent également Pâques de manière ludique. Après les quarante longues journées de carême, de renoncement, il est grand temps de réveiller la gaieté endormie dans le sommeil de l’hiver. «Smigus-Dyngus» est le jour où l’on s’asperge réciproquement d’eau, une tradition autant païenne que chrétienne. A l’époque de la christianisation de la Pologne, il était fréquent que les jeunes femmes et jeunes hommes du village soient aspergés d’eau, en une sorte de purification symbolisant le retour du printemps.
Une autre légende renvoie au baptême du prince Mieszko 1er, le lundi de Pâques de l’an 966, qui acheva de convertir les Polonais au christianisme. Fatigués par les bombances familiales, les enfants polonais ne se contentent évidemment pas de quelques arrosages : chacun se saisit de seaux et de pistolets à eaux pour organiser de véritables combats d’eau. Pas de chance pour celui qui sort de l’église en habit du dimanche car les enfants n’ont guère l’habitude de faire preuve d’indulgence. Et que se passe-t-il si -complètement trempé- il ne comprend pas la plaisanterie ? Cela, la tradition ne le dit pas.
Italie : « pastiera et casatiello »
Les œufs en chocolat de Pâques ont conquis les boulangeries du continent. En Italie comme ailleurs. Mais la péninsule regorge de ces gourmandises traditionnelles typiques que les fidèles n’ont pu redéguster que très récemment. A Naples et dans le Sud, on a coutume de savourer deux gourmandises : la «pastiera» et le «casatiello» . La première est un gâteau préparé avec du ricotta, des fruits confits, de la fleur d’oranger, cuit avec du blé . Parce que sa confection est très compliquée, tout Italien qui se respecte en prépare plusieurs dizaines pour les offrir plus tard à la famille et aux amis. Ensuite, les paris sont ouverts pour savoir qui a préparé la meilleure «pastiera» de l’année. Quant au «casatiello», il s’agit d’une brioche salée composée de farine, de lard, d’oeufs, de salami et de fromage pecorino. Le nom vient du mot napolitain «caso» qui signifie fromage. Le pecorino est tiré du lait de brebis, symbole de la résurrection du Christ. Une poésie qu’il est facile d’oublier : le casatiello est si lourd à digérer qu’il évoque aussi une personne pédante et profondément ennuyeuse.
Article publié pour la première fois en 2007
Translated from Ostern in Europa: Unheilige Wasserspritzer